Affaire Amaya : Manuvie Dorval en infraction?

Par La rédaction | 3 mai 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Manuvie Dorval, le bureau de courtage impliqué dans l’affaire Amaya, fait de nouveau parler de lui pour ses pratiques d’affaires, rapportait hier La Presse.

Dans une requête, quatre anciens conseillers employés par la firme soutiennent en effet que la succursale est en infraction avec la Loi sur les valeurs mobilières. Le bureau serait géré par une firme non inscrite auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Selon La Presse, le litige oppose la société à numéro 9114-6480 Québec inc. à Gene Kim, Jonathan Showers, Tao Jiang et Ronald Fung, qui ont quitté Manuvie après que l’affaire Amaya eut éclaté et qui sont désormais employés par une société concurrente, Mandeville Private Client.

UN LITIGE DE 2 M$

Toujours selon le quotidien montréalais, 9114-6480 Québec inc. soutient avoir des droits sur les clients de ces quatre représentants et exige de percevoir 1,5 % de la valeur de leur portefeuille, ce qui représenterait environ deux millions de dollars.

De leur côté, les quatre hommes affirment avoir passé un accord directement avec Manuvie, qui ne leur réclame rien. Ils assurent aussi que la société à numéro n’a pas à se mêler de leurs affaires, car elle n’est pas enregistrée auprès de l’AMF. L’arbitrage de ce dossier devait commencer hier.

Dans leur requête, dont La Presse a pu prendre connaissance, ils déclarent que cette société à numéro « n’a jamais été autorisée à exercer, superviser ou être engagée dans les activités de courtier enregistré puisqu’elle n’a jamais été inscrite auprès de l’AMF ou d’un autre organisme de réglementation […] tel que l’exige l’article 148 de la Loi sur les valeurs mobilières ».

FUITE DE CONSEILLERS

Rappelons que le bureau Placements Manuvie de Dorval avait fait l’objet de perquisitions de la part de la Gendarmerie royale du Canada et de l’AMF en décembre 2014. Cette dernière le suspectait alors d’être au centre d’une affaire de délit d’initiés en lien avec la compagnie de poker en ligne Amaya.

À la suite de cette descente, le bureau avait perdu 12 de ses conseillers en services financiers, dont les quatre représentants concernés par le litige.

Il y a quelques semaines, l’AMF a déposé des accusations de délits d’initiés contre le PDG d’Amaya, David Baazov, deux de ses proches, Benjamin Ahdoot et Yoel Altman, et leurs sociétés respectives. Cela dit, aucun courtier de Manuvie Dorval n’a été visé par ces accusations.

L’AMF SE DIT ÉTONNÉE

« Nous voyons mal comment une firme qui a des droits sur des clients pourrait ne pas être inscrite auprès de l’Autorité. Cela dit, une meilleure connaissance des enjeux rattachés au cas permettrait d’offrir une réponse plus précise », a indiqué Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF, interrogé par La Presse.

Joint au téléphone par le journal, l’avocat de la société à numéro, Laurent Debrun, a souligné que ce litige n’avait rien à voir avec l’affaire Amaya. « C’est une réclamation contractuelle de mes clients contre les ex-conseillers. Ils devaient payer un montant en quittant et ils ont refusé de le faire », a-t-il indiqué.

Tant Karen Rogers, l’avocate des quatre représentants, que la porte-parole de Manuvie, Anne-Julie Gratton, n’ont voulu commenter l’affaire.

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