Bourse : les Québécois n’ont pas (trop) paniqué

Par La Presse Canadienne | 27 août 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Malgré la débâcle sur les places boursières aux quatre coins de la planète, les investisseurs québécois ne semblent pas avoir cédé massivement à la panique, d’après différents gestionnaires de portefeuilles consultés au lendemain de ce qui a été qualifié par plusieurs de « lundi noir ».

« La question la plus fréquente a été : ‘Est-ce le temps d’acheter des actions?’, affirme Louis Allard, président et gestionnaire de portefeuilles chez Allard Allard & associés. C’est étonnant. Sur dix appels, j’en ai eu neuf avec cette question. »

S’il concède que les dernières journées ont été plus occupées qu’à l’habitude, le dirigeant du cabinet dont les actifs sous gestion dépassent 600 M$ estime que l’ambiance est demeurée « assez zen » malgré la dégringolade des marchés boursiers.

L’OCCASION D’ACHETER?

Après un plongeon marqué lundi, certaines Bourses se sont redressées dans le contexte de volatilité toujours présent en Chine, malgré la décision de sa banque centrale d’abaisser ses taux d’intérêt pour la cinquième fois en seulement neuf mois.

Selon M. Allard, la plupart des clients de son cabinet ont estimé que les derniers jours étaient une occasion de faire le plein de certaines actions.

« Il y a vraiment des compagnies de qualité qui se vendent à des prix intéressants selon nous, affirme-t-il. Pour l’investisseur à long terme, l’essentiel, c’est la qualité des titres. C’est tout ce qui importe. »

MÊME SON DE CLOCHE CHEZ FIERA

À Fiera Capital – dont l’actif total sous gestion est de 90 G$ –, on a dû rassurer quelques clients, mais la journée de lundi n’a pas donné lieu à des excès, selon son chef des solutions de placements, François Bourdon.

« En général, la journée a par exemple été similaire à la crise européenne de 2011, où la Grèce faisait face à une possibilité de défaut de paiement, dit-il. Ça n’a pas été dramatique. On ose croire que nos clients sont bien éduqués et qu’ils comprennent que les marchés boursiers ne vont pas seulement vers le haut. »

M. Bourdon a également fait savoir que des gestionnaires de Fiera Capital ont été en mesure de tirer profit de la volatilité en étant capables de mettre la main sur des « titres qu’ils convoitaient depuis un certain temps ».

Rappelant que les sept dernières années de croissance des marchés boursiers représentaient un précédent, le premier vice-président à la Financière Banque Nationale, Guy Côté, a tempéré le récent vent de panique des marchés, affirmant qu’il était « normal et sain d’avoir des corrections ».

RECENTRER SON NIVEAU DE RISQUE

Même si cette situation est loin d’être idéale, elle permet à certains investisseurs dont l’exposition au marché des actions est trop élevée de « recentrer » leur niveau de risque.

« Par exemple, j’avais mis des stratégies défensives en place depuis un certain temps, explique M. Côté. Il y avait des signes négatifs notamment avec la glissade du pétrole. Cela n’a pas commencé il y a deux mois. Ça donnait un sentiment de ralentissement au niveau mondial, surtout du côté de la Chine. »

Pour le président et gestionnaire de portefeuilles chez Allard Allard & associés, les réactions constatées parmi les clients de son cabinet ont peut-être été attribuables à l’éloignement géographique de la Chine par rapport aux marchés nord-américains.

« On voit qu’aux États-Unis, tout fonctionne bien, explique M. Allard. Pour l’investisseur canadien (…) peut-être que le fait que ça se passe en Chine, où c’est plus spéculatif, ça peut avoir moins de poids par rapport aux problèmes de 2008, lorsque certaines banques américaines étaient en train de s’effondrer. »

MODIFIER SA STRATÉGIE?

Sur ce point, le chef des solutions de placements de Fiera Capital abonde dans une autre direction, estimant que la mondialisation de l’information change désormais la donne chez les investisseurs.

« Parmi les clients qui nous ont appelés (lundi), la plupart l’on fait avant 9 h 30, soit l’heure à laquelle ouvrent les marchés en Amérique du Nord », souligne M. Bourdon.

Si certains investisseurs ont déjà effectué des modifications mineures à leur stratégie de placement, MM. Allard, Bourdon et Côté affirment que dans tous les cas, ils ont plaidé contre des changements « majeurs » et « émotifs ».

« C’est le danger pour tous les investisseurs », rappelle M. Allard.

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