Cinq ans après, les effets de la crise se font toujours sentir

Par La rédaction | 8 octobre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Cela fait cinq ans que la banque d’investissement Lehman Brothers s’est effondrée, mais les familles du monde entier sont encore prudentes.

Elles continuent de dépenser avec circonspection et ont retiré des milliards de dollars hors du marché des actions, selon une analyse des ménages des dix plus grandes économies réalisée par l’Associated Press. Pour la première fois depuis des décennies, les ménages ont préféré épargner et investir dans des obligations.

« Ça ne prend pas beaucoup pour détruire la confiance, mais c’est tout un défi de la reconstruire, croit Ian Bright, économiste en chef à ING. L’attitude envers le risque est constamment réinitialisée. »

Un tel accès de prudence dans un tel contexte mondial est sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et les implications sont énormes : éviter les dettes et dépenser moins peut être bon pour les finances d’un ménage. Mais quand des milliers de ménages le font en même temps, cela peut affamer l’économie mondiale.

La faible croissance qui sévit autour du globe a des effets sur les salaires aux États-Unis, qui n’augmentent pas au même rythme que l’inflation, et qui continueront à croître lentement. Et les taux de chômage record en Europe, qui atteignent jusqu’à 35 % chez les jeunes de plusieurs pays, ne diminueront pas rapidement.

Une autre vague de Chinois, Brésiliens et Indiens qui viendront grossir les rangs de la classe moyenne de leur pays respectif, comme des millions l’ont fait au cours de la dernière décennie, est peu probable.

Certaines des données de l’étude ne surprennent pas, étant donné que les taux de chômage dans certains pays sont synonymes de moins de payes à dépenser. Certaines personnes qui ont perdu leur emploi en ont retrouvé un autre, mais moins bien payé. Et ceux qui ont de bons emplois ont peur de les perdre et restent donc prudents.

« Lehman a tout changé, explique Arne Holzhausen, économiste en chef à Allianz, une compagnie d’assurance basée à Munich. Aujourd’hui, la prudence est de mise. »

Les données recueillies par l’Associated Press montrent comment les ménages ont dépensé leur argent dans les cinq ans précédant la récession, qui a commencé en décembre 2007, et dans les cinq années qui ont suivi, jusqu’à la fin de 2012. L’étude analyse les données des dix économies les plus importantes, soit les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Brésil, la Russie, l’Italie et l’Inde. Ensemble, ces dix pays composent la moitié de la population mondiale et 65 % du PIB mondial.

Faits saillants

  • Les investisseurs de ces dix pays ont retiré près de 1,1 billion de dollars des fonds communs d’actions dans les cinq ans qui ont suivi la crise, soit près de 10 % de ce qu’ils y avaient investi au départ. Ils ont investi 1,3 billion dans des fonds d’obligations, selon Lipper Inc.
  • Avant la crise, la dette des ménages de certains pays, comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou la France, atteignait près de 50 % du revenu de chaque adulte. Pour les dix grandes économies, la moyenne était de 34 %. Après la crise, la dette par adulte a diminué de 1 %, du jamais vu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, selon le Crédit Suisse.
  • Les ménages des six économies les plus importantes ont ajouté 3,3 billions de dollars, ou 15 % à leurs sommes détenues en espèces, dans les cinq années suivant la crise, soit un peu plus que ce qu’ils avaient économisé avant la crise, selon l’OCDE.
  • Les dépenses des consommateurs ont augmenté de 1,6 % après la crise, selon PricewaterhouseCoopers.
  • Les pays émergents, sur qui les pays développés comptaient pour donner un coup de fouet à la croissance mondiale, n’ont pas aidé assez. Les quatre grands pays émergents (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine) se sont remis rapidement de la crise. Mais leur aide a été surestimée.

La rédaction