Comment faire un pied de nez aux faibles rendements?

Par Pierre-Luc Trudel | 10 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Investisseurs institutionnels et épargnants se sont résignés depuis déjà un bon moment à devoir composer avec de faibles rendements au cours des prochaines années. Mais si la conjoncture s’annonce effectivement difficile, certaines stratégies peuvent être mises de l’avant pour tirer son épingle du jeu sur les marchés.

« Tout le monde est d’humeur maussade en raison des mauvais rendements, mais la réalité, c’est que les rendements boursiers ont été très bons jusqu’à maintenant en 2016. Le cycle n’est pas encore terminé », a fait remarquer Vincent Delisle, directeur principal, stratégie de portefeuille à la Banque Scotia, lors du Colloque retraite, investissement institutionnel et finances personnelles, qui s’est déroulé en début de semaine à Québec.

Le gestionnaire prévoit un rendement annualisé de 7,9 % pour le S&P 500 au cours de la période 2017-2027. Il s’agit certes d’une performance inférieure à la moyenne historique de l’indice (11 % entre 1950 et 2016), mais qui est loin d’être catastrophique, dit-il.

Le tableau est toutefois plus noir du côté obligataire. Sur la même période, les prévisions de rendement annualisé des obligations sont de seulement 1,7 %, selon Scotia. Une performance largement inférieure à la moyenne de 8,1 % enregistrée entre 1973 et 2016.

« Le gros du risque à court et à long terme est lié aux taux d’intérêt », résume M. Delisle. Les actifs sensibles aux obligations (stratégies à faible volatilité) pourraient s’en ressentir, estime-t-il.

Dans un contexte de volatilité élevée et de cycle avancé, le gestionnaire conseille de privilégier une approche plus tactique (de 12 à 18 mois).

« La philosophie buy and hold [acheter et conserver] est moins attrayante dans la conjoncture actuelle. Les investisseurs doivent réévaluer régulièrement leur portefeuille en fonction de l’ajustement des marchés. » Autrement dit, ils doivent développer une approche qui leur offre la flexibilité de changer d’idée.

LA FIN DU 60/40?

Les investisseurs à la recherche de stabilité auraient tout avantage à s’éloigner du modèle de portefeuille traditionnel composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations, estime pour sa part François Bourdon, chef des solutions de placements à Fiera Capital.

Lors de la même conférence, il a soutenu que les investisseurs devaient ajouter à leur portefeuille des sources de rendements qui ne sont pas influencées par les mêmes facteurs que les actions et les obligations.

La dette privée, par exemple, est particulièrement attrayante depuis que des changements réglementaires ont fait glisser certaines formes de prêts historiquement consentis par les banques vers des prêteurs privés.

Déjà bien à la mode chez les investisseurs institutionnels, les infrastructures et l’immobilier offrent quant à eux des rendements stables et une protection contre l’inflation.

Plus marginal pour l’instant, l’investissement dans l’agriculture devrait également être sur le radar des investisseurs. Selon François Bourdon, l’offre limitée et la demande croissante pour les protéines dans le monde font des terres agricoles une excellente occasion d’investissement.

Même si les fonds de couverture ont souvent mauvaise presse en raison de leurs frais trop élevés, ils permettent de générer des rendements plus stables à long terme, affirme M. Bourdon. Mais attention, la valeur ajoutée des fonds de couverture dépend grandement du talent des gestionnaires de portefeuille.

« C’est en diversifiant leurs sources de revenus que les investisseurs institutionnels et les particuliers pourront mieux dormir la nuit », conclut François Bourdon.

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Pierre-Luc Trudel