Conseiller.ca rencontre Jocelyne Houle-LeSarge

Par Ronald McKenzie | 6 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l’IQPF

Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l’IQPF

Alors que les médias parlent de plus en plus d’économie, un grand nombre de Québécois ignorent l’importance de bien planifier leurs finances. Ils croient que cela se limite à cotiser une fois par année à leur REER ou à rembourser leur hypothèque le plus rapidement possible. Or, tous les professionnels des services financiers savent qu’il en est autrement.

Dans le but de faire connaître la planification financière et le rôle du planificateur financier auprès du grand public, l’Institut québécois de planification financière (IQPF) organise la Journée de la planification financière. L’événement a lieu aujourd’hui, jeudi 7 octobre, de 10 h à 16 h 30, sur la Grande-Place du Complexe Desjardins, à Montréal.

À quelques heures du lancement de la deuxième édition annuelle de cette activité, Conseiller.ca a rencontré Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l’IQPF.

Conseiller.ca : Quel est l’objectif de la Journée de la planification financière ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Nous voulons sensibiliser le public à l’importance de se soucier de sa santé financière. C’est pourquoi nous convions les gens à cette journée d’information et de consultations gratuites. Ils doivent réaliser qu’il est dans leur intérêt de faire le bilan de leur santé financière. Les gens qui font affaire avec un planificateur financier en tirent une plus-value. C’est ce que nous voulons démontrer à ceux qui ne le savent pas encore.

Conseiller.ca : Les besoins d’information des consommateurs en matière de planification financière sont-ils aussi importants qu’on le prétend ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Oui. Comme vous l’avez souligné, de nombreuses personnes croient que la planification financière ne concerne que la préparation de la retraite et la gestion des placements. Mais c’est beaucoup plus que ça. La planification financière, c’est un tout, c’est un processus intégré.

Conseiller.ca : Pouvez-vous donner un exemple ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Lorsqu’on parle de retraite, il faut aborder les questions relatives à la succession, à la fiscalité, aux assurances. Si les gens ont des propriétés à revenus qu’ils veulent léguer à leurs enfants, par exemple, il y a les aspects fiscaux à considérer. S’il faut déclarer un gain en capital imposable, peut-être est-il avisé de souscrire une assurance vie qui peut servir à couvrir l’impôt à payer. Vous voyez les liens qui s’établissent. Et ça ne s’arrête pas là. Les planificateurs financiers traitent le côté « mathématique » de la retraite, bien sûr, mais ils mettent aussi l’accent sur le volet humain du phénomène. Avoir les moyens de prendre sa retraite est une chose, mais savoir ce qu’on fera de sa retraite en est une autre.

Conseiller.ca : Même s’ils savent que leurs intérêts sont en jeu, un grand nombre de Québécois ne s’intéressent pas à leurs finances personnelles. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Nous entretenons une drôle de relation avec l’argent. Il y a une espèce de mythe qui veut que les questions financières soient si compliquées qu’on doive les confier au spécialiste qu’on a devant soi. Les gens savent qu’il existe des organismes où ils peuvent vérifier la validité des permis des conseillers. Pourtant, ils ne prennent pas le temps de s’informer !

Conseiller.ca : L’importance d’épargner est un sujet d’actualité ces jours-ci. Aborderez-vous cette question avec les participants lors de la Journée de la planification financière ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Bien sûr, et nous allons aussi examiner avec eux la gestion de leur dette. Parfois, restructurant la dette, on réussit à dégager des sommes qui peuvent être épargnées. Nos planificateurs financiers sur place seront en mesure de bien expliquer ces notions au public.

Conseiller.ca : Récemment, la firme Morneau Sobeco a fait beaucoup jaser. Elle a affirmé que les Canadiens avaient besoin de 50 % seulement de leurs revenus de travail pour vivre une retraite confortable (voir nos articles en hyperlien dans l’encadré intitulé Sur le même sujet en fin de page). Qu’en pensez-vous ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Je crois qu’on a sondé des personnes qui participent à une caisse de retraite d’employeur. Or, on le sait, la majorité des travailleurs québécois n’ont pas de fonds de pension. Ou, s’ils en ont un, rien ne garantit qu’ils seront encore au service de leur employeur actuel dans cinq ou dix ans d’ici. Bref, pour la majorité des Québécois, la règle des 70 % me semble très réaliste. Cela dit, ce n’est pas une mesure universelle. Chaque cas doit être étudié spécifiquement.

Conseiller.ca : Le métier de planificateur financier est-il respecté de la part des Québécois ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Oui. Dans les sondages, il se situe assez haut dans l’échelle, au même niveau que les experts comptables, les avocats et les notaires. C’est encourageant.

Conseiller.ca : Dans un autre ordre d’idées, y a-t-il de nouveaux développements concernant l’implantation d’un ordre professionnel des planificateur financiers ?

Jocelyne Houle-LeSarge : Non, malheureusement. Nous avons rencontré l’ancienne ministre de la Justice, Mme Kathleen Weil. Elle a demandé à l’Office des professions de réétudier notre dossier. Nous savons que cela a été fait. Nous voulions revoir Mme Weil pour faire le point, mais elle a été remplacée. Nous avons demandé à rencontrer le nouveau ministre Jean-Marc Fournier, mais il vient tout juste d’entrer en fonction. Il faudra donc attendre. À chaque changement de ministre, nous devons reprendre le processus. Mais nous persistons. Nous sommes persuadés qu’un ordre professionnel des planificateurs financiers sera bon pour la population.

Propos recueillis par Ronald McKenzie.

Ronald McKenzie