Conseiller engagé
Des services et produits adaptés aux personnes handicapées

Par Bruno Geoffroy | 6 mars 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Guillaume Parent

Le cœur du cabinet en planification financière Finandicap bat au rythme de son fondateur et président, Guillaume Parent. Pulsations enthousiastes et ambitions palpitantes. Son but? Enrayer la pauvreté chez les personnes atteintes d’un handicap.

L’esprit d’entrepreneur, Guillaume Parent l’a depuis toujours. « Il me fallait juste une bonne idée pour me lancer, dit-il au téléphone. Et ce fut les REEI. » Un acronyme désignant le Régime enregistré d’épargne-invalidité, un produit d’épargne offert depuis 2008 par le gouvernement fédéral pour assurer l’avenir financier des personnes handicapées et de leurs familles (contribution principale par la Subvention canadienne pour l’épargne-invalidité ou SCEI).

En 2009, M. Parent, lui-même atteint d’une paralysie cérébrale depuis la naissance, teste le REEI en ouvrant un compte. Constat : l’information sur le produit est difficile à obtenir des institutions bancaires, voire franchement erronée. Mais au-delà du REEI, il se rend à l’évidence : peu de Québécois handicapés ou dépendants sont au courant des crédits d’impôt et subventions qu’ils peuvent réclamer.

L’homme y voit une occasion d’affaires et démissionne à la fin 2009 de son poste d’analyste financier chez Fondaction. Mis sur rail en mai 2010, son cabinet Finandicap représente un « grand saut dans le vide avec un produit inconnu du grand public, précise M. Parent. Mais, dans mon for intérieur, je savais que ça allait marcher ».

Et pour cause, « seulement 6 200 comptes de REEI ont été ouverts par des particuliers à ce jour ». Le potentiel reste énorme. Selon les données croisées de M. Parent, « 160 000 Québécois auraient droit à un REEI ».

Le jour où son entreprise ouvre ses portes, Guillaume Parent est prêt : il a en mains ses permis de représentant en épargne collective (il est inscrit auprès de Services en placement Peak), de conseiller en sécurité financière et de courtier en assurances de personnes. « Avec mon baccalauréat en administration des affaires obtenu en 2001, cela ne m’a pas pris trop de temps! »

Une victoire après l’autre

Pour rejoindre sa clientèle, l’entrepreneur fait le pari d’un réseau de partenaires. Des conseillers en services financiers qui lui recommandent des clients avec un problème de santé ou un handicap. Un moyen d’atteindre les personnes qui ont le droit à certains crédits d’impôt ou subventions et qui n’en profitent pas toujours.

« Même si nous en sommes encore aux balbutiements aujourd’hui, notre programme de référencement porte ses fruits. Depuis deux ans et demi, nous sommes allés chercher 300 clients sans grand bruit. C’est une tonne de petites victoires au quotidien. »

Contrairement à ce que lui prédisaient certaines institutions bancaires qu’il a démarchées pour offrir ses services, son solide modèle d’affaires a fait ses preuves. De quoi lui valoir le Prix de la Relève 2013 de la Chambre de la sécurité financière. « Une bonne tape dans le dos pour un nouvel acteur dans le milieu », confie-t-il.

Aujourd’hui, le cabinet Finandicap, c’est une équipe dévouée de cinq représentants, dont lui-même, pour le Québec et l’est de l’Ontario, ainsi que sa conjointe, directrice des opérations, et une adjointe aux conseillers.

Au-delà de la concurrence

Du côté des institutions financières, « le REEI est toujours vu comme un produit annexe. On l’offre du bout des doigts, précise M. Parent. Comment voulez-vous qu’elles proposent comme nous une planification financière adaptée, donnent des adresses de maison de répit pour les parents, informent sur la curatelle, dirigent vers des notaires, etc. ? Avec notre approche intégrée, elles devraient plutôt nous voir comme un accompagnateur à long terme que comme un concurrent ».

Depuis septembre 2013, Finandicap propose un service de réclamations rétroactives des crédits d’impôt (paiement à commission) auquel certains Québécois handicapés ont droit. « On peut revenir jusqu’à dix ans en arrière et les montants d’arriérés s’élèvent parfois à quelques milliers de dollars », indique Guillaume Parent.

Ambitieux, comme il le dit lui-même, Guillaume Parent envisage de devenir un chef de file au Québec, car « il y a vraiment un manque criant de services personnalisés et intégrés dans ce domaine ». Gageons qu’il saura trouver la voie du succès.

Guillaume Parent : Admire… Son épouse. « Sans sa force, sa détermination et son contrôle de soi, je ne serais pas là. Elle est tout pour moi. » Déplore… Le peu de soutien du système de santé et des services sociaux, et même de quelques associations de handicapés, pour promouvoir le REEI auprès des ayants droit. En outre, « je constate aujourd’hui que les jeunes qui devraient être accompagnés, aidés et intégrés à l’école ou l’entreprise le sont moins qu’à mon époque. Avec notre système de santé qui s’écroule, les familles doivent se responsabiliser, notamment par l’entremise des REEI. » Aimerait que… L’expansion de son entreprise se fasse à échelle humaine. « Maintenir notre proximité avec nos clients et leur offrir le même niveau d’expertise et de qualité de service. Et continuer à bien s’entourer. » Médite souvent cette phrase… « Je n’ai pas de phrase de référence, mais si tu m’offres un café, je vais me mettre à marcher », dit-il en riant.

Bruno Geoffroy