Convaincre le public, former la relève

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 11 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Vingt-cinq ans, l’âge de tous les possibles ! Après avoir fêté son quart de siècle l’an dernier, l’IQPF, fort d’une équipe largement renouvelée, s’est vite remis au travail. Bilan de l’année.

« Tout d’abord, nous avons déménagé, raconte Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l’Institut québécois de planification financière (IQPF). Il était primordial de nous installer dans des locaux qui nous permettent de prendre de l’expansion dans les prochaines années. Dans la foulée, nous nous sommes dotés d’un nouveau logo, d’une nouvelle image, d’un nouveau site internet plus convivial. Nous sommes sur les réseaux sociaux. Et pour fêter dignement notre vingt-cinquième anniversaire, nous nous sommes donné une femme à la présidence du CA ! »

Car si ce n’est pas une première, l’élection de Nathalie Bachand à la présidence du conseil d’administration l’an dernier a tout de même mis fin à seize années de règne masculin. « Il était temps ! s’exclame l’intéressée. Mais plus important encore, nous avons la parité hommes-femmes au conseil. C’est un beau changement et un bel accomplissement pour l’avenir. »

SENSIBILISER LE PUBLIC

C’est donc une équipe renouvelée et enthousiaste qui, en juin dernier, prend les rênes de l’organisme. Très vite, elle officialise un accord de collaboration avec la Fondation pour la planification financière, qu’elle soutient dorénavant financièrement. Elle rejoint en outre le Financial Planning Standards Council (FPSC) au conseil d’administration de la Fondation, ce qui lui permet notamment d’orienter les sujets de recherche. L’objectif ? Mieux comprendre les besoins des planificateurs d’une part, ceux du grand public de l’autre.

Jocelyne Houle-LeSarge

« Il y a encore tout un travail de sensibilisation à faire, estime Mme Houle-LeSarge. De plus en plus de gens disent vouloir un planificateur financier. Mais de là à passer à l’action… La population étant vieillissante, les besoins sont grandissants, notamment pour tout ce qui a trait à la retraite. Être accompagné, ça fait toute la différence. Les gens qui font appel aux services d’un planificateur financier dorment mieux, ils sont moins inquiets face à l’avenir. Surtout, ils ont plus d’argent que ceux qui gèrent ça seuls. »

Mais si convaincre le public demeure un défi auquel l’IQPF sait devoir s’atteler, l’Institut concentre également son énergie au recrutement de la relève.

« Avec 180 étudiants chaque année, nous avons de belles cohortes ces derniers temps, précise la PDG. Mais ce n’est pas suffisant pour combler les départs à la retraite de nos membres. Nous sommes très présents sur les campus et sur les réseaux sociaux. Nous avons également mis en place le Programme exécutif pour les gens qui sont déjà sur le marché du travail et qui voudraient venir chercher le titre de planificateur financier. Chaque fois que l’occasion nous est donnée, nous tentons de faire connaître nos programmes. Nous mettons l’accent sur la belle carrière qu’il est possible de faire et la qualité de vie qui vient avec. »

FINANCE COMPORTEMENTALE

Malgré cela, le métier souffre aujourd’hui encore d’un manque de notoriété et le rôle du planificateur financier reste flou. Pour y remédier, l’IQPF, en collaboration avec les membres du FPSC, a planché sur une définition canadienne du métier. Dévoilée il y a quelques semaines, elle souligne notamment qu’un planificateur financier doit faire preuve d’objectivité et de confidentialité. Il doit également consentir à un encadrement professionnel et à mettre les intérêts de ses clients au premier plan.

« Les gens croient que nous ne faisons que manier des chiffres, alors a priori, le métier rebute, estime Nathalie Bachand. Or, c’est un travail très humain. Je me sens comme un médecin des finances. Rencontrer une personne et avoir l’impression de l’aider à parcourir une certaine distance, à tenir ses objectifs, ou juste lui faire réaliser qu’elle va être en mesure de le faire, c’est magique. »

Ainsi, depuis son arrivée à la tête du CA, Mme Bachand n’a de cesse de recentrer le discours sur la relation à l’autre. À tel point qu’un comité sur la finance comportementale a été mis en place. « On a travaillé pendant vingt-cinq ans sur les aspects techniques, la retraite, la fiscalité, etc., et il ne s’agit pas de les mettre de côté, explique la présidente. Mais c’est tout aussi important d’apprendre à écouter et à comprendre le client pour trouver le moyen de le faire avancer. C’est là que la finance comportementale entre en ligne de compte. »

Nathalie Bachand

QUID DE L’ORDRE ?

L’objectif : savoir répondre de manière individualisée aux besoins de planification financière de chacun. Dans la même veine, l’IQPF fait également des efforts pour recruter des étudiants au sein des communautés culturelles.

« C’est dans la nature humaine d’être plus en confiance avec des gens qui nous ressemblent, affirme Mme Houle-LeSarge. La population québécoise est multiethnique. Les enfants de l’immigration sont à l’université, leurs parents sont sur le point de prendre leur retraite. Ils ont eux aussi besoin de planifier. Nous devons faire l’effort de rejoindre les communautés. »

À quelques semaines de son congrès, l’IQPF peut donc retourner devant ses membres avec le sentiment de ne pas avoir beaucoup chômé durant l’année. Certains dossiers ont pu être menés à terme, d’autres, sous l’impulsion de la nouvelle présidence, ont été lancés. Reste celui de la création d’un ordre des planificateurs financiers, toujours sur la planche à dessin. Depuis l’arrivée du gouvernement Couillard l’an dernier, les pourparlers ont repris.

« Quoi qu’il en soit, le conseil d’administration a pris une résolution formelle stipulant qu’à partir de maintenant, nos membres doivent se comporter comme s’ils faisaient partie d’un ordre, indique la PDG. Nous sommes attentifs à la bonne gouvernance et à la protection du public. Nous avons un code déontologique depuis 2000, des normes pour encadrer la profession depuis 2008, et tous nos règlements généraux sont en train d’être révisés. Si demain on nous octroie un ordre, nous sommes prêts ! »

Chaque année, 180 étudiants environ sortent de l’IQPF avec un diplôme de planificateur financier.

À l’occasion de la Semaine de la planification financière, les publicités de l’IQPF ont été visionnées 200 000 fois sur internet.

Nathalie Bachand est la 3e femme présidente du CA de l’IQPF.


• Ce texte est paru dans l’édition de mai 2015 de Conseiller. Il est aussi disponible en format PDF. Vous pouvez également consulter l’ensemble du numéro sur notre site Web.

Hélène Roulot-Ganzmann