Cotiser à son REER ou payer ses dettes ?

5 février 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Andriy Popov / 123RF

L’endettement des Canadiens préoccupe un nombre croissant d’intervenants de l’industrie des services financiers. Il y a de quoi. Selon Marchés mondiaux CIBC, la dette des familles canadiennes est de l’ordre de 140 $ pour chaque tranche de 100 $ de revenus.

Alors que la saison des REER bat son plein, plusieurs spécialistes se demandent s’il ne serait pas plus judicieux de rembourser d’abord ses dettes avant de mettre l’accent sur son REER. Dans une chronique présentée sur le site web de Morningstar Canada, l’auteure et conférencière Gail Bebee a cru bon d’ajouter son grain de sel dans ce débat. Son approche est empreinte de pragmatisme.

« Si c’est dans votre nature d’être gêné par le fait de devoir de l’argent et de faire face à des remboursements mensuels, réduire votre dette peut être votre meilleure option si cela vous permet de dormir sur vos deux oreilles. Parce que Revenu Canada laisse le contribuable reporter aux années futures les droits de cotisation non utilisés, cette approche n’est pas non plus sans intérêt du point de vue financier », explique Gail Bebee.

Par exemple, un jeune travailleur pourrait s’appliquer à réduire sa dette maintenant et cotiser à un REER plus tard dans sa carrière, lorsque son revenu sera imposé à un taux plus élevé. Il recevra ainsi un remboursement d’impôt plus important par dollar de cotisation au REER.

Ceux qui ne sont pas importunés d’être débiteurs devraient éliminer leur dette en commençant par celles qui font le plus mal. Pour illustrer son propos, Gail Bebee prend comme hypothèse une personne qui gagne 75 000 $ par année, qui est frappée d’un taux marginal d’imposition de 35 % et qui dispose d’une somme de 10 000 $ qu’elle veut employer de manière avisée.

1. LES CARTES DE CRÉDIT

Les émetteurs de cartes de crédit facturent des intérêts de près de 20 % sur les soldes impayés des cartes. Il est donc primordial d’éliminer les montants en souffrance le plus rapidement possible. Selon Gail Bebee, un investissement devrait générer 22 % ou plus pour équivaloir au rendement obtenu en remboursant le solde d’une carte de crédit. Or, un portefeuille REER diversifié génère habituellement de 6 % à 8 % par année dans une perspective à long terme. Par conséquent, il est plus logique de rembourser 10 000 $ en dettes de cartes de crédit plutôt que de cotiser à un REER.

2. LES PRÊTS AUTOMOBILES 

Ces prêts portent un taux d’intérêt d’environ 7 %. Pour obtenir un tel rendement d’un REER, celui-ci devrait générer au moins 7,2 %. « Le rendement garanti est le remboursement de l’emprunt automobile, et c’est probablement le meilleur endroit pour placer vos 10 000 $ dans ce cas », estime Gail Bebee.

3. LES PRÊTS ÉTUDIANTS 

La situation est différente, ici. En effet, le taux d’intérêt des prêts étudiants est souvent inférieur à celui de prêts ordinaires à la consommation. En outre, Ottawa et Québec accordent un crédit d’impôt non remboursable sur les intérêts payés pour les prêts admissibles. Il faudra donc faire les calculs qui conviennent à chaque personne, mais, de manière générale, il sera plus avantageux de cotiser 10 000 $ à un REER que de rembourser un prêt étudiant par anticipation.

4. LES HYPOTHÈQUES 

Si l’on croit que le taux de rendement minimum du REER sera supérieur au taux d’intérêt à payer sur l’hypothèque, alors une cotisation REER est le choix le plus rentable. Cela est d’autant plus vrai que les taux hypothécaires sont très bas actuellement. Au taux marginal d’imposition de 35 %, une cotisation REER de 10 000 $ devrait se traduire par un remboursement d’impôt de 2 900 $ à 3 800 $ selon la province où l’on demeure. Ensuite, on utilise cette somme pour réduire sa dette hypothécaire.

Pour finir, est-ce sage d’emprunter pour cotiser à un REER ? « Je crois que ce n’est une bonne idée que dans des circonstances très limitées, par exemple si vous êtes dans une fourchette d’imposition marginale élevée, le remboursement d’impôt est appliqué à l’emprunt ou vous remboursez l’emprunt avant la saison des REER prochaine », dit Gail Bebee. Au lieu d’emprunter pour contribuer à un REER, l’auteure recommande de mettre sur pied un programme de cotisation automatique où, à chaque paie, une somme déterminée est versée dans un REER.

« Si vous avez des dettes personnelles et que vous vous demandez s’il faut réduire votre dette ou cotiser au REER, je vous laisse méditer cette dernière pensée : réduire une dette offre un rendement assuré, et ce n’est pas toujours le cas des REER », conclut Gail Bebee.