Coupons détachés : attention au traitement fiscal

Par Ronald McKenzie | 29 avril 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le chroniqueur Matthew Elder, de Morningstar Canada, rappelle que les obligations à coupons détachés présentent des caractéristiques attrayantes, mais que leur traitement fiscal peut poser problème.

En effet, la différence entre la valeur du coupon détaché au moment de l’achat et la valeur à la fin de l’année doit être déclarée chaque année comme de l’intérêt couru, qu’il ait été reçu ou pas. Ainsi, l’intérêt réputé avoir été gagné durant l’année est imposé comme un revenu en intérêts même si aucune somme n’a été versée au client. Voilà pourquoi la plupart des investisseurs particuliers choisissent de détenir leurs coupons détachés dans des REER, des FERR ou des CELI.

De surcroît, le calcul de la différence de valeur n’est pas simple, note Matthew Elder. Il exige des calculs assez complexes de ce que serait le taux de rendement à l’échéance annuel de l’obligation à coupons détachés. Avec le temps, cela signifie que les détenteurs de tels titres devront payer des impôts sur la quasi-totalité du placement bien avant d’en avoir véritablement perçu des gains.

Dans ces circonstances, pourquoi investirait-on dans des coupons détachés ? L’un de leurs avantages est qu’ils comportent un risque de réinvestissement moins important que les obligations à coupons. Ainsi, l’investisseur est assuré de recevoir le taux de rendement à l’échéance auquel le coupon détaché a été acheté, du moment que l’obligation est conservée jusqu’à l’échéance et que son émetteur ne se trouve pas en défaut de paiement.

Ensuite, lorsqu’ils arrivent à échéance, les coupons détachés sont une « bonne source de liquidités pour répondre aux exigences de prélèvement annuelles », explique Matthew Elder. Ils peuvent servir à la planification des paiements sur les cinq prochaines années, par exemple, laissant le reste des capitaux à investir sur un horizon plus long. Sachant que les besoins à court terme sont couverts, l’investisseur peut ainsi placer le reste de son portefeuille avec l’esprit en paix.

Enfin, selon les conditions du marché, il est possible de se les procurer à escompte et les revendre à profit.

Les investisseurs intéressés par les coupons détachés doivent s’attendre à composer avec une certaine volatilité des prix en cours de route. Cela provient du fait que la durée effective d’une obligation à coupons détachés est plus longue que celle d’une obligation à coupons ayant une échéance comparable. Or, on le sait, plus la durée d’une obligation est longue, plus sa valeur sera sensible aux fluctuations des taux d’intérêt.

Comme nous semblons nous diriger vers une période de hausse des taux, les détenteurs de coupons détachés subiront les aléas de ce marché particulier. Mais s’ils gardent leurs titres jusqu’à l’échéance, ils en sortiront gagnants.

Ronald McKenzie