Credit Suisse réduit ses primes à la direction

Par La rédaction | 18 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les membres de la direction de Crédit Suisse percevront moins de primes que prévu après que des investisseurs et des actionnaires ont critiqué le niveau des rémunérations envisagées, rapporte l’Agence France-Presse.

Citant un communiqué publié vendredi par la deuxième banque helvétique, l’AFP indique que son directeur général, Tidjane Thiam, et son conseil d’administration ont proposé que « les primes à la performance de long terme pour 2017 et les primes à la performance de court terme pour 2016 […] soient réduites de 40 % chacune ».

De plus, le conseil d’administration maintiendrait sa rémunération au niveau des exercices 2015 et 2016 et il refuserait toute augmentation.

105 M$ DE PRIMES PRÉVUES

« Ma première priorité est de poursuivre la transformation de Credit Suisse. J’espère que cette décision atténuera quelques-unes des inquiétudes exprimées par des actionnaires et permettra à la direction de continuer à se concentrer sur le travail en cours », a justifié Tidjane Thiam dans un courrier envoyé aux actionnaires.

Selon l’agence Reuters, l’institution financière avait initialement proposé pour les membres de sa haute direction des primes totalisant près de 80 millions de francs suisses (105 M$), alors même qu’elle a enregistré une perte nette de 2,4 milliards de francs suisses (3,2 G$) en 2016 en raison des montants qu’elle a dû verser pour solder un litige portant sur le dossier des crédits hypothécaires aux États-Unis.

Il y a quelques jours, la firme de conseil aux actionnaires Institutional Shareholder Services avait recommandé à ces derniers de voter contre les primes proposées pour la direction à l’occasion de l’assemblée générale annuelle qui se tiendra le 28 avril, note l’AFP. D’autres sociétés de ce type, notamment Glass Lewis, qui représente des investisseurs américains, avaient émis la même recommandation pour signifier leur refus que de tels montants soient versés à l’heure où la banque subissait, pour la deuxième année consécutive, une perte de plusieurs milliards de francs suisses.

PEUR D’UN CAMOUFLET

« Plusieurs conseillers ou actionnaires avaient l’intention de refuser les bonus de la direction lors de l’assemblée générale fin avril et la banque risquait d’y essuyer un camouflet », confirme Le Temps, qui y voit là une conséquence de la Lex Minder, une ordonnance entrée en vigueur au début de 2014 qui donne plus de pouvoir aux actionnaires pour décider des rémunérations des entreprises cotées.

La publication du montant originel, dont 26 millions de francs (35 M$) de bonus à court terme pour la direction de l’établissement bancaire, qui perdait 2,7 milliards la même année, avait « provoqué un tollé fin mars, qui ne s’est pas apaisé depuis », ajoute le quotidien suisse. Celui-ci précise que « à en croire les documents publiés par Credit Suisse, l’initiative vient du directeur général, Tidjane Thiam, ou du moins de l’équipe exécutive de la banque, inquiète des réactions vives suscitées par l’enveloppe ».

Au total, rémunérations fixes et variables comprises, le président du conseil d’administration, Urs Rohner, devait percevoir quatre millions (5,3 M$) en 2016, contre 3,2 l’année précédente. De son côté, Tidjane Thiam devait encaisser 11,9 millions (15,8 M$).

MALAISE PROFOND DES ACTIONNAIRES

Au début du mois d’avril, la fondation Ethos avait déjà réagi très vivement à l’annonce des montants qui devaient être versés aux dirigeants de la banque, rappelle Le Temps. Signe que le malaise est profond, souligne le journal, elle avait « exceptionnellement publié ses recommandations de vote pour l’assemblée générale, alors qu’elle ne les communique en général qu’à ses clients », environ 200 caisses de pension suisses. La fondation s’opposait à la rémunération prévue et au versement d’un dividende « au vu des mauvais résultats et de la situation préoccupante en matière de fonds propres ».

Après avoir recensé les actionnaires qui demeuraient acquis à Credit Suisse et ceux qui comptaient refuser eux aussi une hausse de la rémunération des membres de la haute direction, Le Temps en vient à la conclusion qu’il était possible que le « non » domine lors de l’assemble du 28 avril. Un refus qui aurait été gênant pour l’image de l’institution financière.

La rédaction