Crise financière en vue au Canada?

Par La rédaction | 8 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La Banque des règlements internationaux (BRI) craint de voir le Canada connaître une crise financière en raison de l’endettement de ses citoyens et des prix trop élevés de l’immobilier, au moment où les taux d’intérêt amorcent une remontée.

Fondée en 1930, la BRI est située à Bâle et ses actionnaires sont des banques centrales, dont la Banque centrale du Canada. Selon elle, le Canada fait partie des pays montrant des signes précurseurs de crise financière. Son récent rapport mesure l’endettement des citoyens et les prix de l’immobilier, et les met en relation avec le produit intérieur brut et la capacité de rembourser ses dettes dans un contexte de remontée des taux d’intérêt.

UN RATIO EN EXPLOSION

Or, le Canada aurait l’un des plus hauts ratios de crédit en regard de son PIB parmi les nations « développées », soutient la BRI, ce qui poserait une menace pour le système bancaire du pays. Ce ratio s’élève à 17,4 points de pourcentage au Canada, bien au-dessus du plafond de 10 suggéré par la BRI. Le pays se retrouve en deuxième place, derrière la Chine (26,3) et devant le Mexique (8,9) et la Suisse (8,2).

Notons qu’en 2011, le ratio canadien était de 3,7 points de pourcentage. Il a doublé en 2012, avant de doubler de nouveau entre 2014 et 2015, passant de 7,5 points à 16,6.

Si la BRI s’inquiète, c’est que les deux tiers des crises bancaires ont justement été précédées par des augmentations de ce ratio.

Cela ne poserait pas trop de problème si les taux d’intérêt demeuraient stables, mais la tendance semble plutôt à la hausse. Cela rend vulnérables des pays comme le Canada, la Chine et la Turquie, croit-elle.

Rappelons qu’en décembre dernier, la Banque du Canada elle-même alertait les Canadiens quant à certaines vulnérabilités de son système financier, notamment le fort endettement hypothécaire et l’emballement du marché immobilier de certaines régions du pays, comme Toronto et Vancouver.

L’OCDE RENCHÉRIT

De son côté, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit une croissance de 2,4 % au Canada cette année, soit légèrement plus que le 2,1 % qu’elle prédisait jusque-là. L’organisme s’attend à une croissance de 3,3 % pour l’économie mondiale.

L’économie canadienne est appuyée par la croissance des exportations, une amélioration du marché des matières premières et l’intervention du gouvernement, selon l’organisme. Mais ce dernier s’inquiète lui aussi de la croissance rapide du prix des maisons, laquelle pourrait entraver la croissance.

Les analystes de l’OCDE angoissent plutôt pour la planète dans son ensemble. Ils croient que l’économie mondiale n’est pas assez forte pour soutenir un retour des barrières au commerce international et des bulles financières, ou une volatilité accrue des devises.

La croissance, bien que présente, est encore fragile et beaucoup d’événements ont le potentiel de la faire dérailler. « Nous sommes toujours aux prises avec une lente et difficile croissance de la productivité et des inégalités persistantes, rappelle Catherine Mann, économiste en chef de l’OCDE, citée par le Financial Post. En mettant tout cela ensemble, il est difficile de distinguer le profil robuste de consommation et d’investissement nécessaire pour vraiment se relancer. »

MARCHÉ IRRÉALISTE

Pourquoi le marché réagit-il donc avec autant d’optimisme, notamment aux politiques de Donald Trump, pourtant menaçantes pour l’économie mondiale selon l’OCDE? Parce qu’il s’emballe trop vite, comme toujours. L’OCDE soutient qu’il n’y a pas de bases réelles justifiant l’excitation du marché des actions. Il y aurait plutôt une déconnexion entre l’évaluation des actions et les vraies perspectives économiques.

« À un certain moment, les marchés reviendront sur Terre et nous verrons les vulnérabilités que cela révèle », prédit Catherine Mann. Ce ne serait certainement pas la première fois…

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