Crise financière mondiale : des pertes d’au moins 945 milliards de dollars US

9 avril 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le Fonds monétaire international (FMI) évalue à au moins 945 milliards de dollars US le montant des pertes occasionnées par l’actuelle crise financière.

Dans un rapport de 26 pages présenté mardi, le FMI prévient que les difficultés que le système financier mondial vit ces jours-ci pourraient n’être qu’un début. «En ajoutant les pertes des institutions financières non bancaires, y compris les rehausseurs de crédit, le système bancaire risque de subir d’autres contrecoups à mesure que le débouclage des opérations de levier se poursuivra. Le risque de poursuites liées à l’exécution des contrats s’accroît également», écrit le FMI.

Jusqu’ici, le FMI avait gardé son calme et exprimé ses préoccupations dans un langage posé. Cette fois-ci, le ton est nettement plus alarmant. «Il est donc désormais manifeste que les turbulences actuelles ne se limitent pas à un simple phénomène de liquidités, mais qu’elles s’expliquent par des vulnérabilités bilancielles plus profondes et des fragilités de fonds propres, ce qui signifie que les effets risquent d’être plus généralisés, plus profonds et plus prolongés», explique l’organisme.

Intitulé Rapport sur la stabilité financière dans le monde – avril 2008, le document du FMI a été publié quelques jours avant la rencontre des autorités monétaires des principaux pays industrialisées à Washington. Il n’y aura vraisemblablement qu’un seul point à l’ordre du jour de cette réunion: trouver des solutions durables à la crise financière.

Le FMI a déjà son idée là-dessus. «Le défi immédiat consiste à diminuer la durée et la gravité de la crise. La première priorité est de réduire les incertitudes et de rehausser la confiance dans les systèmes financiers des marchés matures. Certaines mesures peuvent être adoptées par le secteur privé sans réglementation formelle. D’autres […] exigeront l’intervention du secteur officiel.»

Les mesures que préconise le FMI visent à la fois le secteur privé et les organismes publics.

Voici ses recommandations pour le secteur privé:* Réaliser des tests de résistance plus rigoureux sur des périodes plus longues d’illiquidité de financement et améliorer les plans de secours. «Les investisseurs et les contreparties pourraient voir avec plus de transparence les modalités de gestion des risques de chaque société, surtout en ce qui a trait aux engagements de prêt implicites envers des entités hors-bilan», indique le FMI.* Mieux expliquer les stratégies globales de gestion des risques de liquidité. Les institutions financières pourraient, par exemple, signaler la durée nominale pendant laquelle elles parviendraient à tenir sans recourir au marché de gros, en précisant les hypothèses sous-jacentes.* Avoir un meilleur accès aux sources de financement durant les périodes de tension. Mais pas à n’importe quel prix. En échange, les institutions financières devraient mettre en garantie un plus grand volume d’actifs très liquides. Elles devraient en outre opérer une gestion rapprochée des asymétries de trésorerie et des concentrations de sources de financement, note le FMI.

Pour les organismes publics:* Veiller davantage à ce que les banques soient dotées d’un bon système de gestion des risques de liquidité et d’une solide structure de gouvernance. Si les régulateurs estiment que les risques ne sont pas suffisamment bien gérés, ils devraient pouvoir exiger des marges plus importantes de fonds propres ou de liquidités.* Corriger les carences de certaines sociétés. Si les progrès étaient insuffisants, des moyens plus classiques pourraient être nécessaires pour parer aux risques de liquidité (par exemple, niveau minimum de détention d’actifs liquides).* Établir des principes d’évaluation des garanties pour éviter tout risque excessif de crédit ou de liquidité. Les banques centrales ont réagi «promptement à la crise», mais lorsqu’elles injectent des liquidités, elles doivent s’assurer que les garanties qu’on leur fournit sont bien tangibles.* Constituer, en périodes normales, un vaste réseau de contreparties bancaires admises à recevoir leurs liquidités en périodes de difficultés.* S’assurer un accès continu aux informations sur les différentes banques. Cet accès permettra aux autorités de juger en toute indépendance de la santé des contreparties potentielles. «Il faut en outre renforcer l’échange d’informations et la coordination entre instances réglementaires au plan international», souligne le FMI.

Les FMI a émis plusieurs autres recommandations relatives à la normalisation de certains produits financiers titrisés et aux pratiques comptables, entre autres.

Pour consulter le Rapport sur la stabilité financière dans le monde – avril 2008 publié par le FMI, cliquez ici