Demeurez en ligne, un conseiller-robot vous répondra sous peu

Par La rédaction | 29 août 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le conseiller financier a pu bénéficier au cours des dernières années de systèmes de gestion de données-clients de plus en plus perfectionnés. Mais ces outils ont tellement évolué qu’ils pourraient presque remplacer le conseiller, avance FAIR Canada. Bienvenue dans le monde des conseillers-robots.

Les fonctionnalités de ces outils varie grandement : certains sont des algorithmes qui créent des portefeuilles de placement pour les clients, d’autres aident à gérer le portefeuille contre rémunération, recommandent des produits ou offrent l’accès en ligne à des conseillers certifiés dans un domaine de planification financière.

Ils opèrent en ligne en utilisant les données-clients et visent avant tout les investisseurs de 20 à 40 ans, familiers avec les pratiques du monde virtuel.

La Fondation canadienne pour l’avancement des droits des investisseurs (FAIR Canada) révèle que les firmes américaines spécialisées dans l’offre de tels services, telles que Wealthfront et Betterment, jouissent actuellement d’une croissance phénoménale. Au cours des trois derniers mois seulement, les actifs sous gestion de ce secteur ont grimpé de plus de 36 %, passant de 11,5 G$ à 15,7 G$. Au Canada, la firme Canadian ShareOwner Investments offre un service de conseillers robotisés, et d’autres ont signalé leur intention d’offrir leurs propres systèmes propriétaires.

Une autre firme, Smart Money Capital Management, est sur le point de voir le jour à Toronto. Alors que chez Wealthfront, les portefeuilles et ajustements sont automatiquement constitués en fonction des objectifs et tolérance au risque des clients, l’approche est ici légèrement différente et s’approche davantage de la semi-automatisation.

Un véritable être humain aidera le client à définir sa tolérance au risque, pour qu’un portefeuille lui soit ensuite constitué. Dans ce cas, l’appellation « conseil allégé » (light advice) est préférée à celle de conseiller-robot.

Qu’en tire l’investisseur? Moins de risque. Le fondateur de Smart Money Capital, Nauvzer Babul, note en effet que les individus tendent à prendre davantage de risques que les institutions.

Des leçons tirées du voyage et de l’immobilier

L’industrie doit-elle s’inquiéter d’une telle situation ? Pas pour l’instant, selon FAIR Canada, qui souligne que ce concept s’adresse à la clientèle à bas prix favorisant le volume, soit un segment de marché peu attractif pour les sociétés de courtage généralistes. Même dans un contexte où cette technologie est amenée à se sophistiquer et s’humaniser, la plupart des clients opteront toujours pour « traiter avec des gens plutôt qu’avec des robots offrant des rabais ».

Mais l’industrie du voyage, qui partageait cet avis, compte 34 % moins d’agents depuis l’arrivée d’Expedia et Travelocity il y a douze ans, premières entreprises à offrir le service de réservation en ligne.

Les changements technologiques affectent également les courtiers immobiliers. Les acheteurs trouvent désormais leur maison via leur téléphone intelligent et ce, après avoir effectué une visite virtuelle des lieux et effectué une demande de prêt en ligne. De leur côté, les vendeurs préparent leur maison et trouvent un acheteur en quelques clics, sans devoir compter sur le courtier pour générer de l’intérêt et de la visibilité.

Pour justifier leur pertinence dans l’équation, les courtiers immobiliers mettent désormais l’emphase sur leur rôle de protecteur des intérêts du client. Les voyagistes ont adopté une stratégie similaire en mettant les clients en garde au sujet des compagnies aériennes sous-capitalisées et des hôtels délabrés qui tentent de bien paraître en ligne.

Le futur de l’investissement?

Certains pourraient être tentés de voir dans ces exemples un avant-goût de l’avenir du marché de l’investissement, où des conseillers-robots de plus en plus sophistiqués offriraient des tarifs avantageux pour dominer les marchés bas de gamme et haut de gamme, pendant que les conseillers humains, soucieux de conserver leur rôle dans la chaîne, auraient pour priorité de protéger la clientèle des écueils du marché financier.

Si ce rôle de protecteur prend le dessus, des changements profonds sont à prévoir dans l’industrie, car les conseillers se retrouveront placés sous le code d’obligation de fiduciaire, invitant ainsi les tribunaux et les organismes de réglementation à statuer sur les méthodes et pratiques nécessaires à la défense des meilleurs intérêts des clients.

Dans la perspective d’un tel futur, FAIR Canada se questionne à savoir si le refus actuel de l’industrie de se doter d’un code de déontologie ne sera pas perçu comme l’occasion manquée de déterminer son propre futur et, ultimement, comme l’élément déclencheur de la domination des systèmes robotisés.

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La rédaction