Démission-surprise des présidents de la Deutsche Bank

Par La rédaction | 9 juin 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La Deutsche Bank va supprimer 15 000 postes

Après plusieurs scandales impliquant leur établissement et des résultats médiocres, les deux coprésidents de Deutsche Bank, l’un des chefs de file européens du secteur bancaire, ont annoncé dimanche leur démission, rapporte l’Agence France-Presse.

L’Allemand Jürgen Fitschen, 66 ans, et l’Indo-britannique Anshu Jain, 52 ans, qui avaient pris la direction du groupe en mai 2012, « ont décidé de démissionner de leurs fonctions », a fait savoir la banque dans un communiqué.

C’est le Britannique John Cryan, 54 ans, ex-directeur financier de la banque suisse UBS entre 2008 et 2011 et membre du conseil de surveillance de Deutsche Bank depuis 2013, qui prendra la relève.

« Les investisseurs n’avaient plus confiance »

Anshu Jain quittera ses fonctions le 30 juin et sera remplacé par John Cryan, tout en continuant à assurer un rôle de consultant jusqu’à la fin de l’année. Quant à Jürgen Fitschen, il restera en poste jusqu’au 19 mai 2016, date de la prochaine assemblée générale des actionnaires, pour assurer « une transition en douceur », selon le communiqué.

Après cette date, « John Cryan assurera seul la fonction de président-directeur général », précise la Deutsche Bank.

« Les investisseurs n’avaient plus confiance ni en Anshu Jain ni en Jürgen Fitschen. Le changement de culture promis n’est pas venu », a commenté Klaus Nieding, vice-président de la fédération d’actionnaires DSW.

Amendes et scandales à répétition

Les deux hommes avaient en effet été nommés à la direction du groupe en promettant de le rendre plus rentable et d’en finir avec les scandales à répétition qui l’avaient éclaboussé sous le règne de leur prédécesseur, le controversé Josef Ackermann.

Trois ans après, souligne l’AFP, les résultats sont loin d’être positifs, puisqu’en plus d’être confrontée à quelque 6 000 litiges, Deutsche Bank vient d’écoper d’une nouvelle amende de 2,5 milliards de dollars dans une affaire de manipulation de taux.

Il y a quelques semaines, l’établissement bancaire a en outre confirmé l’ouverture d’une enquête interne au sein de sa division d’investissements en Russie, en raison de possibles actes de blanchiment d’argent.

Selon l’agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, cette enquête porterait sur environ six milliards de dollars de transactions sur une période d’environ quatre ans.

Mise en place d’une nouvelle stratégie

Par ailleurs, malgré d’importants efforts pour réduire ses coûts et se diversifier, l’institution demeure à la traîne derrière ses concurrentes anglo-saxonnes. Pour tenter de combler son retard, elle vient d’ailleurs d’adopter une nouvelle stratégie pour les cinq prochaines années, impliquant notamment une forte réduction de ses activités dans la banque de détail.

Avec près de 100 000 employés dans le monde et 36 milliards de dollars de chiffre d’affaires, le groupe « est tiraillé entre ses aspirations internationales dans la banque d’investissement, où il revendique une place dans le top 5 mondial, et son enracinement dans la banque de détail en Allemagne », explique l’AFP.

Dans ce contexte, conclut l’agence, « le choix du Britannique John Cryan pour mener à bien la nouvelle stratégie ces prochaines années semble indiquer que la banque a tranché en faveur de l’international ».

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