Des héritages moins élevés que prévu

Par Ronald McKenzie | 9 février 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les Canadiens qui comptent sur un héritage pour se refaire une santé financière risquent de connaître des lendemains qui déchantent. C’est que le transfert intergénérationnel, estimé à 1 000 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années, pourrait être plus faible que prévu.

Selon un tout récent sondage du Groupe Investors, les Canadiens disent avoir reçu en moyenne la somme de 57 000 $. Une personne sur cinq (18 %) aurait déjà touché 100 000 $ ou plus, alors que 26 % aurait hérité de moins de 5000 $. Les sondeurs précisent que près de la moitié des participants ont préféré ne pas dévoiler le montant qu’ils ont reçu.

L’étude démontre que près de la moitié (45 %) des personnes âgées de 60 ans ou plus prévoient avoir besoin de toutes leurs économies pour financer leur retraite et ne pas être en mesure de laisser un héritage à leurs survivants. Fait à noter, seulement un quart des sondés se disent disposés à faire des sacrifices pour laisser un héritage à leur famille.

La majorité des Canadiens (53 %) pensent encore toucher un héritage, mais les attentes fondent avec les années. Ainsi, prévoient hériter :

* 80 % des jeunes de la génération Y (âgés de 18 à 29 ans).

* 62 % des gens de la génération X (âgés de 30 à 44 ans).

* 48 % seulement des baby-boomers (âgés de 45 à 64 ans).

« Comme les gens vivent plus longtemps et ont des attentes plus élevées pour leur niveau de vie à la retraite, les jeunes générations devront revoir leurs attentes à l’égard du transfert de richesse prévu. Il en résulte des enjeux et des stratégies de planification financière à prendre en compte autant par les héritiers que par les bienfaiteurs, et qui touchent l’épargne-retraite, la planification de la retraite, mais aussi la planification fiscale et de l’assurance », a commenté Marie-Claude Riendeau.

En parler de manière ouverte

La directrice générale, Fiscalité et planification successorale au Groupe Investors note que de nombreuses familles ne prennent pas le temps de discuter de succession. « Certes, les histoires de testament et d’héritage demeurent des sujets délicats. Mais il est nécessaire d’en parler de manière ouverte afin d’éviter des chicanes plus tard », dit-elle.

Il n’y a pas de moment idéal pour traiter de ces questions. Cependant, il ne faut pas attendre que le testateur soit rendu inapte pour planifier la succession de ses biens. Au Québec, fait remarquer Marie-Claude Riendeau, une personne frappée d’une inaptitude reconnue ne peut pas tester. « C’est donc son précédent testament qui sera effectif. »

Si cette personne décède sans testament, ses biens seront distribués selon les dispositions prévues par le Code civil du Québec. Or, cette dévolution stricte peut ne pas respecter les volontés du défunt. On ne le répétera jamais assez, le Code civil ne reconnaît pas les conjoints de fait comme héritiers légaux.

« En ayant de telles discussions assez tôt, vous pourrez planifier avec prudence, et le processus en sera facilité quand viendra le temps de poser des gestes concrets », souligne la spécialiste.

Enfin, il est intéressant de noter que près du tiers (31 %) de ceux qui ont discuté de testament et de succession avec des membres de leur famille ont dit qu’il a été très facile de le faire. Seulement 3 % ont qualifié cette discussion de très difficile.

Ronald McKenzie