Des robots-conseillers au Japon

Par La rédaction | 14 janvier 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que la robotisation des services financiers commence tout juste à poindre au Québec, les clients de la Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ sont, eux, accueillis par un automate à l’image du célèbre robot de Star Wars R2-D2.

Baptisé Nao, celui-ci parle japonais, anglais et chinois et a été mis au point par la société française Aldebaran Robotics, filiale du géant japonais des télécommunications et des nouvelles technologies SoftBank Corp, rapportait récemment Le Temps.

Si Nao et son « collègue » Pepper, un autre robot récemment mis en service, ne remplacent pas encore les salariés de la grande succursale de Tokyo, ils sont cependant utilisés pour accueillir la clientèle, identifiée grâce à des caméras haute définition, répondre à des questions simples et « permettre à certains membres du personnel de s’adonner à des services à plus forte valeur ajoutée ».

Bien que Nao et Pepper ne soient « pas encore assez avancés pour donner des conseils en placement aux clients », les « robots-conseillers » deviennent de plus en plus populaires dans le secteur financier, ajoute le quotidien suisse.

À tel point qu’il existe désormais « des plateformes de conseil en placement en ligne automatisées et bien financées qui peuvent proposer des services de portefeuille à très bas coûts », précise-t-il.

« QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE »

De fait, la progression du numérique représentera de plus en plus un défi pour le secteur de la finance, au point qu’il pourrait s’agir d’une « quatrième révolution industrielle », rapporte le magazine belge Trends-Tendances.

Elle transformera en profondeur le marché du travail, prévoit même Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial (WEF) de Davos dans une entrevue au quotidien Le Temps.

« Numérisation, impression 3D, big data, drones… Tout cela va bouleverser notre société dans ses fondements », souligne le patron du WEF.

PERTES D’EMPLOIS

Certes, nuance-t-il, tout le travail ne disparaîtra pas, mais il y aura « beaucoup de pertes d’emplois dans le secteur administratif, [du côté des] employés de bureau du secteur bancaire et de l’administration en général ».

« Tous ces travaux intellectuels mais répétitifs peuvent être remplacés par la robotisation des processus de travail », explique-t-il, tout en assurant que « comme lors des trois premières révolutions industrielles, une grande partie des emplois qui sont détruits seront remplacés par de nouveaux ».

Klaus Schwab prévoit notamment une concentration de la main-d’œuvre dans les domaines de la santé, de l’éducation et du social, soutenue par le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes en difficulté.

Dans le secteur bancaire en particulier, il estime que l’impact de la révolution technologique sera de la même ampleur que celui que les médias ont connu avec la numérisation dans les années 1980 et 1990.

« Dans 10 ans, votre conseiller financier sera probablement un robot équipé d’une intelligence artificielle pour prendre les meilleures décisions », anticipe-t-il.

L’AMF S’Y OPPOSE

Au Québec, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a récemment réitéré son opposition à l’utilisation de robots pour dispenser des conseils.

« Lorsque l’on a rédigé le document du Conseil canadien des responsables de la réglementation d’assurance, nous avons spécifié clairement qu’il n’est pas question qu’une machine offre du conseil sur Internet. C’est pourquoi on dit au manufacturier d’un produit de fournir des outils d’autoévaluation au consommateur », indiquait Eric Stevenson, surintendant de l’Autorité, à l’occasion du 18e Congrès de l’assurance et de l’investissement, en novembre dernier.

« Ça fait longtemps que le courtage direct sur le Web existe pour les valeurs mobilières. Par contre, la réalité des robots-conseillers, c’est non! » avait-il alors conclu.

La rédaction