5 choses dont les investisseurs devraient avoir peur

Par La rédaction | 15 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Konstantin Sutyagin / 123RF

Les investisseurs devraient s’inquiéter de cinq choses au cours des 15 prochains mois, notamment de l’éventuelle réélection de Donald Trump et d’une possible augmentation des impôts pour les plus riches, écrit Peter Hodson dans le Financial Post.

Certains de ces défis représentent des problèmes potentiels à court terme, tandis que d’autres risquent d’avoir des répercussions plus importantes à moyen ou long terme, indique le chroniqueur et fondateur de la firme 5i Research. Voici les cinq événements ou secteurs qui, selon lui, devraient être suivis de près par les investisseurs.

1- LA RÉÉLECTION DE DONALD TRUMP

Même si « une bonne entreprise devrait être capable de s’adapter à tout ce que les politiciens lui font subir », Peter Hodson estime que l’actuel locataire de la Maison-Blanche constitue un défi à la logique et au bon sens, étant donné qu’« il semble faire tout ce qu’il veut et, d’une façon ou d’une autre, s’en tire toujours à bon compte ».

Par conséquent, s’inquiéter de ce qui se passerait s’il était réélu en novembre 2020 paraît tout à fait normal. « S’il gagne, […] il sait bien que ce sera son dernier mandat de quatre ans en tant que président. Comme il n’y aura pas de deuxième réélection, s’il est de nouveau au pouvoir, il pourra vraiment faire n’importe quoi puisqu’il n’aura plus à se soucier de sa cote de popularité, ni de quoi que ce soit d’autre d’ailleurs! […] L’incertitude pourrait devenir le mot d’ordre pour les quatre prochaines années et on sait que les marchés boursiers n’aiment pas cela ».

2- LA FOLIE DU MARCHÉ DES PENSIONS

Le marché des pensions (repo market) désigne un type d’emprunt à court terme dont la garantie est constituée par des titres d’État. Dans une convention de rachat type, une institution financière vend des obligations d’État pour réunir des fonds un jour donné, puis accepte de les racheter le lendemain. Mais ce rachat s’effectue à un prix plus élevé, ce qui implique un taux d’intérêt au jour le jour appelé taux repo. Or, de ce côté-là, les choses vont mal, s’inquiète Peter Hodson.

« D’habitude, le taux repo est proche du taux d’escompte bancaire, soit environ 2 %. Mais récemment, pour diverses raisons, il a grimpé à 10 %. Comme les banques ne voulaient plus se prêter l’une à l’autre, la Réserve fédérale a dû intervenir pour injecter des liquidités. Il existe de nombreuses théories à ce sujet, mais quelle qu’en soit la raison, lorsqu’on constate une activité étrange dans le crédit, cela nous inquiète. N’oublions pas que le blocage du crédit a été l’un des principaux problèmes à l’origine de la crise financière de 2008. »

3- L’EXPLOSION DES FONDS ALTERNATIFS LIQUIDES

Ces produits sont des fonds communs de placement qui permettent de vendre à découvert des actions et d’utiliser l’effet de levier. Cela fonctionne comme un fonds dit spéculatif, mais sans que les acheteurs individuels soient soumis aux mêmes restrictions (notamment l’obligation d’être un investisseur qualifié).

L’idée est d’offrir des placements non corrélés afin de compenser la volatilité des portefeuilles. « C’est ce que les fonds spéculatifs sont censés faire, mais malheureusement beaucoup ne le font pas », déplore Peter Hodson, qui estime que l’industrie des placements devrait se montrer prudente à cet égard.

« Les investisseurs peuvent apprécier le potentiel des fonds alternatifs liquides, mais ils peuvent aussi ne pas comprendre ce qui les différencie par rapport aux fonds traditionnels. Or, comme il s’agit de nouveaux produits, personne ne peut prédire de quelle façon les investisseurs réagiront en cas de changement brutal sur le marché, par exemple. Toutefois, le risque existe qu’ils paniquent et décident de vendre. »

Un pensez-y bien quand on sait que le marché américain pour ces produits représente déjà 225 milliards de dollars américains. Au Canada, on s’attend à ce que ces fonds atteignent environ 20 milliards de dollars.

4- VERS UNE NOUVELLE BULLE TECHNO?

Certains politiciens, notamment aux États-Unis, semblent vouloir « punir » les puissantes entreprises de technologie et de communication en les morcelant en plusieurs petites entités, déplore Peter Hodson.

« Cette pratique va à l’encontre de la philosophie de l’économie de marché. Et il faut aussi rappeler que le fait de sanctionner le succès obtenu par une compagnie n’incitera pas les autres à s’efforcer de réussir, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur toute l’économie », souligne-t-il.

Alors que des sociétés comme Facebook et Amazon ont créé des milliers d’emplois, l’ingérence des États n’est pas la voie à suivre, juge le chroniqueur.

« Le sentiment de la population à l’égard de ces entreprises de technologie ne s’améliorera probablement pas si le gouvernement commence à restreindre la façon dont elles peuvent se développer. Bien sûr, nous comprenons l’utilité des lois antitrust et il est vrai que les pouvoirs publics doivent se méfier des entreprises détenant un monopole. Mais personne n’est obligé d’utiliser Facebook. Le gouvernement devrait laisser ces sociétés se diriger elles-mêmes. »

5- UN « IMPÔT SUR LES MILLIARDAIRES »

Certains dirigeants politiques américains, mais pas seulement aux États-Unis, affirment qu’il ne devrait pas y avoir de milliardaires. Ils proposent d’instaurer un gigantesque impôt sur leur fortune, qui augmenterait avec le temps et aboutirait à supprimer la majeure partie de la valeur nette totale d’une grande fortune en l’espace de quelques décennies.

Convenant que « personne n’a besoin d’être milliardaire » et qu’une telle accumulation d’argent « est ridicule pour un individu », Peter Hodson souligne néanmoins que lorsqu’un gouvernement envisage de taxer le « succès », il devrait se montrer prudent.

« La plupart des milliardaires le deviennent grâce à la création de sociétés, qui emploient des milliers de travailleurs. Lorsqu’un fondateur d’entreprise devient milliardaire, cela crée une valeur énorme. Dans le cas de Facebook, par exemple, les actionnaires, l’économie et le gouvernement américain ont énormément bénéficié de son essor. Certes, les milliardaires pourraient payer plus d’impôts, mais punir spécifiquement le succès individuel semble une mauvaise voie à suivre et, à plus long terme, une telle approche risque même d’étouffer l’innovation et la croissance. »

La rédaction