Après la COVID, une autre menace se profile

Par James Langton | 20 mai 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que les perturbations économiques découlant de la pandémie devraient être temporaires, ce n’est pas le cas de la réalité démographique, qui représente un défi plus durable, d’après un nouveau rapport de Moody’s Investors Service.

Selon l’agence de notation, on peut s’attendre à un sursaut économique à court terme grâce à la hausse des taux de vaccination qui permettra un retour à la vie normale et entraînera une augmentation de la consommation. Malgré cela, l’économie mondiale sera confrontée à la pression d’une population vieillissante et ce cycle ralentira la croissance de la main-d’œuvre et pèsera sur la production économique.

Au cours des dix dernières années, la croissance démographique des États-Unis a chuté à son plus bas niveau depuis la Grande Dépression selon les dernières données du recensement américain, note Moody’s.

« Contrairement à la faible croissance démographique observée dans les années 1930, qui avait été précédée et suivie d’un boom démographique, le présent ralentissement s’inscrit dans une tendance mondiale à plus long terme (à l’exception d’une poignée de pays africains) induite par le vieillissement, la baisse des taux de fécondité et le déclin de l’immigration », indique l’agence.

Les économies avancées, avec en tête l’Europe et l’Amérique du Nord, seront confrontées à un ralentissement de la croissance de leur population active. Un certain nombre de pays – dont l’Allemagne, le Japon, l’Italie, l’Espagne et la Corée du Sud – risquent de voir leur population en âge de travailler diminuer dans les années à venir, résume le rapport.

Si l’immigration a été l’un des principaux moteurs de la croissance démographique dans les économies avancées ces dernières années, il semble peu probable que cela se poursuive dans les années à venir. En effet, les données laissent croire que les taux d’immigration actuels ne compenseront pas le ralentissement observé de la croissance.

« L’immigration a diminué dans un certain nombre de pays au cours des dernières années, y compris aux États-Unis, et la polarisation politique présente des risques futurs pour la politique d’immigration », souligne le rapport.

Dans le même temps, un certain nombre d’économies émergentes sont confrontées à leurs propres défis démographiques.

« La Russie, la Thaïlande, le Chili et la Chine ont des populations qui vieillissent rapidement. Même des pays relativement plus jeunes comme le Brésil et la Turquie vieillissent rapidement », constate le rapport.

Globalement, Moody’s prévoit que la croissance de la population mondiale en âge de travailler « ralentira de plus de la moitié au cours des deux prochaines décennies ». Ce qui, à son tour, « entraînera une baisse significative de la croissance mondiale au cours de la prochaine décennie. »

Plus précisément, elle estime que le vieillissement mondial réduira probablement la croissance économique de 0,9 point de pourcentage par an entre 2020 et 2025.

En outre, ce vieillissement fait suite à « des années de ralentissement de la croissance de la productivité et de hausse des niveaux d’endettement que la pandémie a exacerbés », note le rapport.

« Le vieillissement va encore alourdir la charge budgétaire, avec l’augmentation des dépenses de santé et de sécurité sociale », ajoute-t-il.

Parmi les compensations possibles à ces tendances, citons l’arrivée d’un plus grand nombre de femmes sur le marché du travail, le report de la retraite et l’innovation.

« Une plus grande participation des femmes au marché du travail permet non seulement d’atténuer les vents contraires démographiques, mais aussi de soutenir les finances publiques en élargissant l’assiette fiscale et en atténuant la pression future sur la protection sociale », indique le rapport.

Dans le même temps, l’innovation technologique peut également « atténuer et même inverser les conséquences négatives du vieillissement des populations sur le crédit » en stimulant la productivité des travailleurs, selon le rapport.

Alors que certains ont émis l’hypothèse que la dépendance accrue à l’égard de la technologie en raison de la pandémie pourrait donner une forte impulsion à la croissance future de la productivité, Moody’s a déclaré qu’il n’est pas encore certain que cela se concrétise.

« L’adoption de technologies avancées à grande échelle nécessitera de nombreux autres changements, notamment des investissements publics et privés dans le capital humain et l’éducation, un recyclage et une requalification complets de la main-d’œuvre et des politiques donnant la priorité au développement du capital humain », conclut le rapport.

James Langton

James Langton est journaliste pour Advisor.ca et Investment Executive. Depuis 1994, il fait des reportages sur la réglementation, le droit des valeurs mobilières, l’actualité de l’industrie et plus encore.