Attirer les capitaux étrangers au Canada

Par La rédaction | 14 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Drapeau du canada flottant devant le parlement, à Ottawa.
Photo : ducdao / 123RF

Le manque de combativité du gouvernement fédéral en matière de lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent ainsi que le mauvais comportement de certaines grandes compagnies canadiennes à l’étranger ont dégradé l’image du Canada en tant que lieu d’affaires, estime Martin Pelletier.

Dans une chronique publiée lundi par le Financial Post, le gestionnaire de portefeuille et directeur des placements chez TriVest Wealth Counsel, à Calgary, fustige la « rigidité » des Canadiens dans certains domaines.

« Qu’il s’agisse d’évaluer des occasions de partenariat potentielles ou d’essayer d’attirer de nouveaux clients, le processus simple consistant à essayer de comprendre l’argumentation de la partie avec laquelle vous négociez peut aider (…) à s’améliorer et à réussir. Malheureusement, beaucoup de gens ne sont pas disposés à le faire et s’accrochent obstinément à leur propre vision du monde, quel qu’en soit le coût », déplore Martin Pelletier.

« Au Canada, nous avons constaté récemment ce genre de rigidité sur plusieurs fronts, en particulier en ce qui concerne l’économie, où il est facile de choisir des données pour s’adapter à un point de vue particulier, poursuit le dirigeant. Notre pays connaît d’importants problèmes qui nécessiteraient une action immédiate si nous voulons attirer de nouveaux capitaux étrangers, ce qui est essentiel pour bâtir une économie forte et diversifiée. »

Pour atteindre cet objectif, le gestionnaire de portefeuille cite cinq domaines qui, s’ils étaient correctement reconnus et pris en compte, « contribueraient à rétablir notre réputation mondiale en tant que lieu idéal pour conclure des affaires ». En voici trois.

1. LUTTER CONTRE LE BLANCHIMENT D’ARGENT

Des rapports accablants publiés par Peter German, ancien commissaire adjoint de la Gendarmerie royale du Canada, et Maureen Maloney, professeure de droit à l’École des politiques publiques de l’Université Simon Fraser, révèlent que l’économie canadienne a blanchi plus de 40 milliards de dollars d’argent sale par le biais de son marché immobilier, de casinos et de sociétés détenus par le crime organisé, accuse Martin Pelletier.

Or, ajoute-t-il, non seulement une telle pratique expose le pays à des activités criminelles, mais il éloigne les gouvernements de leurs politiques économiques initiales et contribue à créer un environnement dans lequel les entreprises légitimes deviennent incapables de rivaliser avec des fournisseurs de services qui offrent des prestations d’un coût bien inférieur aux coûts réels. Verdict de Martin Pelletier : « Le gouvernement fédéral doit prendre cette question au sérieux et éliminer les distorsions que génèrent ces problèmes dans l’économie. »

2. CESSER DE MALMENER LES PME…

Pour une raison ou pour une autre, il est clair que le gouvernement fédéral actuel ne tient guère compte des intérêts des propriétaires de petites et moyennes entreprises, et ce, malgré le fait qu’elles constituent l’épine dorsale de l’économie canadienne. Cette politique a débuté avec les changements fiscaux majeurs apportés l’an dernier, qui ciblaient de manière marquée les actionnaires et les fournisseurs de capitaux de ces entreprises.

Aujourd’hui, les PME viennent d’apprendre qu’elles devront désormais assumer chaque année plus de la moitié des quelque six milliards de dollars de taxes sur le carbone. Une attitude qui conduit Martin Pelletier à poser la question suivante : « Si le gouvernement traite les innovateurs locaux de cette façon, comment traitera-t-il ceux qui cherchent à amener leurs entreprises et leur capital au pays? »

3. ET D’ENTRAVER LA COMPÉTITION ENTRE LES SOCIÉTÉS

Soulignant que « le Canada est un pays d’oligopoles dans les secteurs de la banque, de la finance, des communications sans fil et des compagnies aériennes, Martin Pelletier déplore le fait que « la réglementation a malheureusement été utilisée pour protéger ces industries de toute concurrence extérieure ». Avec pour résultat que « nombre d’entre elles sont devenues complaisantes à l’heure où le monde qui nous entoure évolue rapidement et bouleverse le statu quo ».

« En s’attaquant de façon significative à l’un de ces problèmes, le gouvernement contribuerait à rendre le Canada plus attrayant pour les investissements étrangers », conclut Martin Pelletier.

La rédaction