Baisses des taux, fausses bonnes nouvelles

Par La rédaction | 9 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : lightwise / 123RF

Vous vous réjouissez de la tendance aux baisses de taux directeurs parce qu’elles promettent un accès moins coûteux au crédit, favorable aux nombreux contribuables accablés par l’endettement? Cet enthousiasme est peut-être à courte vue.

Certes, les baisses de taux des banques centrales signifient que les taux d’intérêt de certains emprunts, notamment hypothécaires, baisseront aussi. Pour les emprunteurs qui craignaient depuis quelques années une forte remontée des taux, c’est un soulagement. Cependant, rappelle le chroniqueur financier Rob Carrick dans le Globe and Mail, ils pourraient bien déchanter. 

UN SIGNE DE RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE

Les baisses de taux, nombreuses dans les pays industrialisés ces derniers mois, et les obligations d’État sur dix ans qui se vendent à des taux négatifs (Japon, Allemagne, Pays-Bas, Suède, Suisse…) indiquent que la santé de l’économie mondiale soulève des inquiétudes.

Le Canada n’a pas, pour l’instant, emboîté le pas à cette tendance, mais rien ne dit que des baisses de taux ne surviendront pas bientôt. Les effets des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, dont la Banque du Canada soutient qu’ils sont pires qu’anticipés, pourraient notamment ralentir l’économie mondiale.

Voir des pays comme l’Allemagne, la France et le Japon offrir des obligations à taux d’intérêt négatifs qui trouvent preneurs sur le marché montre aussi que des grands investisseurs institutionnels se méfient assez de la suite des choses pour payer afin de mettre une partie de leurs investissements à l’abri. 

PLUS DIFFICILE À GÉRER QU’UNE HAUSSE DE TAUX

Pour les citoyens, c’est une mauvaise nouvelle. Ceux-ci peuvent généralement affronter une hausse des taux d’intérêt en diminuant leurs dépenses, leurs emprunts et en restructurant un peu (ou beaucoup) leur budget. Mais le trou d’air économique que suppose une baisse généralisée des taux peut se traduire par des pertes d’emploi, des réductions dans les heures travaillées et l’absence de bonus ou d’augmentations de salaires. 

Conseiller citait récemment une enquête de l’Association canadienne de la paie (ACP), qui montrait que le niveau d’inquiétude financière de 43 % des travailleurs canadiens était si élevé qu’il nuisait à leur rendement au travail. Cela coûterait au moins 16 milliards de dollars chaque année en perte de productivité, en plus d’augmenter l’absentéisme, le roulement de personnel, les sommes versées en diverses prestations et de diminuer le moral des employés. Pas moins de 40 % des répondants à l’enquête d’ACP soutenaient se sentir « écrasés » par leurs dettes. 

Rob Carrick rappelle que pour ces gens, que les taux grimpent ou descendent, le remède reste le même. Il faut jeter un œil aux dépenses du foyer afin d’en réduire ou d’en éliminer certaines. Il faut aussi tenter de réduire l’endettement. Chaque dollar de dette remboursé réduit d’autant le stress financier.

La rédaction