Cartes de crédit : le nombre de faillites pourrait exploser

Par La rédaction | 25 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : 123RF

La hausse du paiement minimum mensuel des cartes de crédit va amplifier les difficultés financières des ménages les plus fragiles, reproche le conseiller Jean-François Robert.

De nouvelles dispositions de la Loi sur la protection du consommateur établissent que le paiement minimum mensuel exigé sur les cartes de crédit ne soit pas inférieur à 2 % du solde de la carte, à compter du 1er août. Pour les nouvelles cartes, ce taux passe à 5 % dès le mois prochain. Et dès le 1er août 2020, ce taux grimpera d’un demi-point de pourcentage chaque année, jusqu’à parvenir à 5 % au bout de six ans.

CONTRAIRE À L’INTÉRÊT DES MÉNAGES FRAGILES

« Ce que je trouve le plus comique c’est qu’il y a des gens et même des « spécialistes » qui croient que cette mesure préviendra les problèmes d’endettement! Pourtant, ce sera exactement le contraire. Cela ne fera qu’exacerber les problèmes d’endettement », affirme Jean-François Robert, représentant de courtier en épargne collective.

Les mesures gouvernementales visent à encourager la prise de conscience par les consommateurs du coût des cartes de crédit, et du temps qu’il faut pour rembourser ses dettes. Mais ce souci d’inciter les ménages à travailler sur leur budget vient renforcer les difficultés des ménages en mauvaise santé financière, critique le conseiller de Sherbrooke, accusant les nouvelles dispositions d’empirer la situation de ces derniers.

Le conseiller prend l’exemple d’un ménage qui ne parvient pas à payer le minimum mensuel. « Quand on ne paie pas le paiement mensuel minimum, c’est parce qu’on n’est pas capable de le faire, souligne Jean-François Robert. Et si on ne peut pas payer 200 $, on pourra encore moins payer 500 $. Je ne comprends pas qu’on dise que ça avantage le consommateur. »

DES GAGNANTS?

Puisqu’il faudra payer au moins 5 % du solde mensuel, la carte de crédit deviendra moins souple qu’un prêt personnel, poursuit le conseiller. Cela reviendra à rembourser un emprunt en moins de deux ans, alors qu’un prêt à la consommation permet d’étaler le remboursement sur une période plus longue. Une fois de plus, pour M. Robert, ce sont les ménages en difficulté qui souffriront le plus des nouvelles mesures. Pour lui, ces ménages auront alors avantage à solliciter un prêt personnel auprès d’une institution financière, quitte à payer un taux d’intérêt de 15 % alors qu’il existe des cartes de crédit à taux plus faibles.

Et pour ceux qui ne parviendront pas à obtenir de prêt de leur banque il ne restera plus que les prêteurs de deuxième chance. Ceux-ci octroieront des crédits à des taux d’intérêt supérieurs à ceux des cartes de crédit.

Les seuls gagnants de ces mesures seront les institutions financières et les syndics de faillite, lance Jean-François Robert, qui s’attend à voir le nombre de faillites exploser avec la mise en place progressive d’un paiement minimum à 5 %.

SOLUTIONS PROPOSÉES

« Le problème de l’endettement ne sera pas diminué, prévient le conseiller. Le gouvernement a mis en branle la pire des solutions. »

Justement, M. Robert propose des solutions pour soulager l’endettement des ménages. Cela pourrait passer par réduire le taux d’intérêt maximum des cartes de crédit. « Au-dessus de 20 %, c’est un peu abusif », explique-t-il, tout en ne s’attendant pas à un geste gouvernemental de ce côté. « Revenu Québec facture des taux d’intérêt de 17 % quand on paie des acomptes provisionnels en retard… On ne peut pas s’attendre à ce que les cartes de crédit facturent moins que le gouvernement! »

Le conseiller propose aussi d’étaler la durée de remboursement des dettes de cartes de crédit sur cinq à dix ans. « On transformerait la dette en prêt personnel remboursable sur une période connue à l’avance », précise-t-il.

La rédaction