Des portefeuilles lents à se redresser

Par La rédaction | 6 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Photo : iStockphoto/Dina Damotseva

Les particuliers proches de la retraite ont du souci à se faire, à moins qu’ils n’aient sécurisé leurs avoirs avant le début de l’effondrement économique dû à la COVID-19, reconnaît Guy Cormier.

Dans une entrevue accordée en fin de semaine au Journal de Montréal, le PDG du Mouvement Desjardins se veut davantage prudent que rassurant au sujet de l’avenir financier de certains Québécois dans l’après-crise. Interrogé sur la situation des ménages dans la Belle Province, il estime que tout dépendra de la situation de chacun.

« Quelqu’un qui est à cinq ans ou 10 ans de la retraite aura le temps de se refaire, si on se fie à l’histoire », explique-t-il. Quant aux retraités ou aux personnes proches de la retraite, le dirigeant dit espérer que ceux-ci avaient pris leurs précautions, car plus on avance en âge et plus l’approche en matière d’investissements doit être prudente. « Les gens qui étaient beaucoup investis à la Bourse, ça prendra du temps pour redresser leur portefeuille », concède-t-il. Avant d’ajouter que « c’est peut-être le temps de revoir » la façon dont celui-ci est constitué.

« ON EST PRUDENT ET BIEN CAPITALISÉ »

Questionné sur la façon dont il travaille au milieu de la crise actuelle, Guy Cormier indique « vivre essentiellement à la maison » tout en venant une fois par semaine au complexe Desjardins de Montréal « pour des entrevues ou voir des employés ».

« J’essaye d’être à la maison le plus possible. C’est sûr que ça pose certains défis, mais c’est assez stimulant. Je parle aux 45 000 employés. On veut les informer et répondre à leurs questions. L’équipe de direction se rencontre chaque jour pour suivre la décision et prendre des décisions, gérer le Mouvement au quotidien. Des gens ont besoin d’assurance, d’assurance vie, automobile, on poursuit notre transition numérique. On a réussi très rapidement à mettre 35 000 des 45 000 employés en télétravail. Étant un service essentiel, on a aussi des milliers d’employés dans les caisses, les centres de contact à la clientèle. Le moral des troupes, le niveau de stress et d’anxiété est à prendre en compte. On vit tous des affaires personnelles dans nos familles en ce moment ».

En ce qui concerne les particuliers, le PDG du Mouvement rappelle avoir annoncé une série de mesures d’allègement, incluant le report de certains paiements ainsi que la révision du montage financier de certains prêts. À partir de cette semaine, Desjardins devrait aussi autoriser l’octroi d’un prêt de dernier recours dans certains cas. « Tout membre ayant une perte de salaire liée à la COVID-19 aura droit à un prêt de 3 000 dollars dans six mois, à un taux de 4,97 %. Et à tous les membres qui demandent des mesures d’allègement, on va offrir automatiquement une réduction de leurs taux d’intérêt à 10,97 % au lieu de 19 % sur leur carte de crédit. »

« LA DERNIÈRE CHOSE À FAIRE, C’EST DE PANIQUER »

De la tempête financière de 2008, le patron de la coopérative financière dit avoir retenu l’importance qu’il y a à garder son sang-froid en situation de crise. « Oui, ça bouge vite, mais quand on gère 45 000 employés, la dernière chose à faire, c’est de paniquer. Il faut accepter le fait que ce soit chaotique, mais qu’on travaille à obtenir les réponses. Financièrement, l’important est de gérer de façon responsable les avoirs de nos membres. Il faut se lever le matin en se rappelant que cet argent ne nous appartient pas, qu’il est à nos membres. Et qu’on est prudent et bien capitalisé. »

Malgré tout, le dirigeant assure que la pandémie de coronavirus ne signera pas la fin du système bancaire et financier tel qu’il existe aujourd’hui. « Chaque fois qu’il y a une crise, on pense que c’est la fin du système bancaire. Mais avec le recul, on est un des pays avec les systèmes les plus résilients et solides. Il n’y a pas eu de si grands impacts dans le système canadien en 2008. Mais est-ce que nos mesures d’évaluation de risque vont changer? La réponse est oui. De la même façon qu’il y a quatre ou cinq ans, on a adapté nos mesures face aux cyberattaques. »

Également interrogé par le Journal de Montréal, le pdg de la Banque Nationale croit de son côté que le Québec devrait s’en sortir sans trop de casse et éviter le scénario de la « Grande Dépression » du début des années 1930 grâce à l’action massive des pouvoirs publics. « Le produit intérieur brut au deuxième trimestre, ça ne sera pas beau. Mais ce n’est pas le début d’une grande dépression parce que c’est une suspension de l’activité économique, pas une destruction, et aussi parce que les gouvernements et les banques centrales ont bien réagi », estime Louis Vachon.

« C’est un combat contre une jambette de dame Nature. Ce n’est pas un déséquilibre financier qui est derrière tout ça », conclut-il.

La rédaction