Comment mesurer les répercussions réelles de l’ISR?

Par La rédaction | 24 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : gajus / 123RF

Si l’investissement socialement responsable a un effet positif sur la société tout en offrant de bonnes performances financières, encore faut-il être en mesure de quantifier ses résultats concrets, note Le Temps.

Dans une tribune publiée dimanche par le quotidien économique suisse, Maria Teresa Zappia, directrice des investissements à BlueOrchard, à Zurich, estime en effet que « comme l’offre d’investissement à impact ne cesse de croître, il devient indispensable de vérifier que les effets exercés par ces placements soient bien réels et positifs ».

Rappelant que ce type d’investissement concerne « un large éventail de classes d’actifs, de branches d’activité et de régions », la dirigeante souligne que ce marché représente aujourd’hui une manne de plus de 500 milliards de dollars, selon les données du Global Impact Investing Network.

RÉPERCUSSION SOCIALE, MAIS AUSSI RENDEMENT FINANCIER

« L’investissement à impact est souvent décrit comme ayant un double résultat (double bottom-line), ce qui signifie que l’impact social ou environnemental a autant d’importance que le rendement financier. Or, si ces derniers sont relativement simples à mesurer, les gestionnaires doivent également pouvoir rendre compte de l’impact exercé en plus des mesures financières traditionnelles », explique la dirigeante.

Celle-ci précise que la définition et la mesure de la répercussion des investissements « s’articulent autour de trois éléments clés » : l’intention de l’investisseur, c’est-à-dire ses objectifs sociaux et/ou environnementaux, qui définissent les thèmes sur lesquels le placement sera axé; la contribution réelle apportée par le placement; enfin, l’élément concrètement mesurable, soit « les résultats immédiats des entreprises destinataires de l’investissement et les résultats sociaux et environnementaux obtenus à plus long terme ».

Prenant l’exemple d’un fonds de microfinance axé sur l’éducation en Afrique, Maria Teresa Zappia relève que l’objectif visé est d’améliorer l’accès à la scolarité des populations défavorisées d’une région donnée en leur permettant de suivre des cours à un coût abordable. Dans ce cas, ajoute-t-elle, la contribution financière de l’investisseur peut être mesurée à la fois sur la base des résultats immédiats obtenus (nombre de prêts à l’éducation contractés par les parents ou nombre d’écoles financées) ainsi que des résultats à plus long terme (qualité de l’enseignement dispensé dans le pays).

« RELEVER LES DÉFIS AUXQUELS LE MONDE FAIT FACE »

Toutefois, poursuit la dirigeante, si l’on veut être en mesure d’évaluer correctement l’influence globale d’un investissement, il est nécessaire de combiner plusieurs facteurs. « Tout d’abord, il faut être en mesure de vérifier les qualifications environnementales, sociales et en matière de gouvernance (ESG) d’une entreprise dans laquelle on souhaite investir », indique-t-elle. Et faire preuve de vigilance dans ce domaine, car « ce n’est pas parce qu’une entreprise répond aux critères ESG qu’elle peut forcément être considérée comme étant un investissement à impact ».

Pour y parvenir, Maria Teresa Zappia conseille d’utiliser un tableau de bord (scorecard impact) destiné à mesurer l’effet potentiel d’un investissement. En effet, justifie-t-elle, cet outil « combine l’intention de l’investissement et certains indicateurs de performance clés de l’impact, les informations sur les bénéficiaires finaux et un “score” de contribution ». De plus, il permet d’intégrer le risque que, pour une raison ou une autre, l’influence positive escomptée ne se réalise pas. L’avantage? En combinant les critères ESG à ce « tableau de bord », l’investisseur obtient des informations précises sur l’ampleur potentielle des conséquences de son placement, ce qui lui permet de faire un choix en toute connaissance de cause.

Enfin, elle recommande de comparer les résultats ainsi obtenus aux objectifs de développement durable mis sur pied en 2015 par l’Organisation des Nations unies. Constitués d’un ensemble de 17 objectifs interreliés, ceux-ci « visent à relever les défis auxquels le monde fait actuellement face, notamment la pauvreté, les inégalités, le climat et la dégradation de l’environnement », souligne-t-elle. Sa conclusion? « Si l’investissement en question contribue également à la réalisation de ces objectifs, il est digne d’être considéré comme un investissement à impact. »

La rédaction