COVID-19 : des ultrariches veulent aider

Par La rédaction | 13 juillet 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Mains tenant un sac rempli d'argent.
Photo : tomertu / iStock

Un groupe de 83 millionnaires appelle à taxer davantage les personnes les plus riches de la planète afin de stimuler la reprise économique après la pandémie de COVID-19, rapporte l’Agence France-Presse.

Dans une lettre ouverte, ce groupe, qui s’est baptisé du nom de Millionaires for Humanity, a voulu profiter de la réunion des ministres des Finances du G20, qui se tient cette semaine, pour réclamer aux gouvernements des pays industrialisés d’« augmenter les taxes sur les gains des gens comme nous ». Et pour faire bonne mesure, les membres du groupe précisent que cela devrait être fait « immédiatement, substantiellement et de façon permanente ».

En effet, arguent-ils, « les problèmes causés et révélés par la COVID-19 ne peuvent être résolus par des dons de charité, aussi généreux soient-ils ». « Alors que la pandémie frappe le monde, les millionnaires comme nous ont un rôle essentiel à jouer pour guérir le monde », insistent les signataires de la lettre, parmi lesquels figurent le cofondateur du fabricant de crème glacée américain Ben & Jerry’s, Jerry Greenfield, et le réalisateur britannique Richard Curtis.

« NOUS AVONS DE L’ARGENT, BEAUCOUP »

« Ce n’est pas nous qui soignons les gens malades dans les unités de soins intensifs. Nous ne conduisons pas non plus les ambulances qui les amènent à l’hôpital et nous ne sommes pas ceux qui réassortissent les rayons des supermarchés ou qui livrent de la nourriture à domicile », écrivent les millionnaires. Toutefois, ajoutent-ils, ils ont de l’argent, et même « beaucoup d’argent ». Par conséquent, ils désirent participer davantage à l’effort financier demandé aux contribuables.

« On a absolument besoin d’argent maintenant, et on continuera à en avoir besoin dans les années à venir » pour récupérer des effets de la crise économique qui a commencé à sévir dans les principaux pays industrialisés, explique Millionaires for Humanity. Selon le groupe, les répercussions de la récession pourraient en effet « durer des dizaines d’années », ce qui risque de « faire basculer un demi-milliard de personnes dans la pauvreté » partout sur la planète.

Estimant que la charité ne saurait être une réponse adéquate pour remédier à cette situation, les signataires de la lettre appellent les chefs de gouvernement à prendre leurs responsabilités et à recueillir les fonds dont leurs pays ont besoin. À charge pour eux, ensuite, de les dépenser « de manière équitable » afin de « financer adéquatement les systèmes de santé, les écoles et la sécurité » par l’entremise d’« une augmentation permanente des taxes sur les plus fortunés de la planète, c’est-à-dire les gens comme nous ».

UNE DEMANDE DÉJÀ ANCIENNE

Notant que la pandémie de coronavirus a entraîné une récession historique à travers le monde, ce qui a poussé plusieurs États à « dépenser des milliards en aides aux ménages et entreprises frappés par la paralysie économique qui a résulté du confinement », l’AFP souligne que les prochains mois s’annoncent difficiles. Si l’on en croit les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le produit intérieur brut mondial devrait en effet se contracter d’au moins 6 % cette année, et même de 7,6 % en cas de rebond de la pandémie à l’automne.

L’AFP rappelle également que la demande formulée par les 83 millionnaires dans leur lettre ouverte n’est pas une première, puisque des ultrariches comme Warren Buffett et Bill Gates recommandent depuis des années à leur gouvernement de les taxer davantage. Il y a un an, un petit groupe de milliardaires américains, dont l’homme d’affaires George Soros, le cofondateur de Facebook Chris Hughes et des héritiers des empires Hyatt et Disney, notamment, avaient eux aussi publié une lettre pour soutenir l’idée d’un impôt sur les grandes fortunes.

Plus récemment, Bill Gates s’était à nouveau prononcé en faveur d’une imposition plus lourde des mieux nantis aux États-Unis. Invoquant des arguments financiers et éthiques, le cofondateur de Microsoft déplorait alors dans son blogue que le gouvernement américain n’ait pas encore renforcé une fiscalité qui pèse aujourd’hui « légèrement » sur les plus fortunés. « Je suis conscient que des inégalités massives séparent encore les chanceux des autres, partout sur le globe, et que je bénéficie d’immenses privilèges du fait de cette inégalité », écrivait-il notamment.

La rédaction