COVID-19 : les dons reculent

Par La rédaction | 9 juillet 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Femme d'affaires signe un chèque
Photo : AndreyPopov / iStock

L’écosystème philanthropique québécois a été « lourdement fragilisé » par la pandémie de coronavirus, selon un sondage publié par BNP Performance philanthropique.

Menée ce printemps auprès de quelque cinquante donateurs réguliers, soit des représentants de grandes entreprises, de PME et de fondations privées, cette enquête révèle que près de 44 % des répondants se disent « affectés négativement » par la crise sanitaire. Résultat : plus du tiers d’entre eux (38 %) indiquent avoir réduit leur contribution aux organismes à but non lucratif (OBNL) qu’ils aidaient d’au moins la moitié ou plus.

Dans le même temps, près d’un donateur sur trois (29 %) interrogé affirme que, malgré les circonstances, il a pu continuer à verser aux OBNL des montants identiques à ceux de l’année dernière. Par ailleurs, 16 % des sondés affirment qu’ils ont au contraire réussi à augmenter leurs contributions à ces organismes.

LE SECTEUR RÉSILIENT

À la lumière de ces données, BNP Performance philanthropique constate que les entreprises dont les revenus ont été affectés par la crise de la COVID-19 ont « réduit substantiellement » leurs contributions au secteur philanthropique québécois. La firme-conseil ajoute toutefois que, malgré la pandémie, certaines fondations privées ont réussi à poursuivre, voire à accroître, leur appui financier aux OBNL.

« Bien que la consultation que nous avons réalisée montre que nos donateurs réduiront leur contribution en 2020, le portrait n’est pas entièrement négatif. Le secteur philanthropique est résilient et nous avons confiance que les OBNL pourront poursuivre leurs opérations avec une nouvelle normalité. Nous pouvons aussi espérer que les donateurs rétabliront graduellement leurs contributions avec l’amélioration des conditions économiques anticipées pour les prochains mois. Nous espérons enfin que les fondations privées canadiennes réussiront à compenser en partie les pertes encourues avec le secteur corporatif, par exemple en augmentant leurs contributions et en lançant des initiatives créatives comme elles l’ont fait dans le passé », commente Christian Bolduc, p-dg de BNP Performance philanthropique.

La firme indique que ce sondage vient compléter l’étude Les OBNL face à la crise de la COVID-19, qu’elle avait rendue publique en avril dernier. Et elle ajoute que ses résultats corroborent ceux d’une autre enquête, effectuée cette fois à l’échelle nationale par Imagine Canada. Également réalisée au printemps, celle-ci prévoit pour cette année des pertes de 9,5 G$ pour les organismes de bienfaisance ainsi que l’abolition de 117 000 emplois, dont une grande majorité occupés par des femmes.

UNE TEMPÊTE À PLUSIEURS NIVEAUX

Selon BNP Performance philanthropique, les organismes de bienfaisance font face à une tempête sur trois fronts. D’une part, ils doivent affronter une « chute abrupte » des revenus philanthropiques en raison de la fermeture temporaire de nombreux organismes. De l’autre, ils doivent compenser le manque à gagner dû à la suspension temporaire de leurs activités et des services rendus à la communauté. Enfin, la pandémie représente pour eux un défi de tous les instants, notamment en matière de ressources humaines, tant pour la gestion du personnel que pour celle des bénévoles.

La firme-conseil estime par ailleurs que « la crise actuelle permet aussi de mettre en lumière la carence de certaines organisations à se doter d’un plan de contingence en cas de situation de crise ». En outre, soulève-t-elle, « comme la majorité des organismes ne disposent pas de fonds capitalisés en réserve, il est possible de constater à quel point une telle crise peut les fragiliser et les obliger à réduire complètement ou substantiellement leurs activités, compromettant ainsi leur raison d’être ».

La rédaction