Crise en Ukraine : quels seront les impacts

Par La rédaction | 30 mars 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le conflit géopolitique actuel n’est pas sans impact pour l’économie canadienne et les marchés financiers. Certains bouleversements sont déjà visibles, on peut notamment penser à la hausse de certaines commodités et à l’instabilité sur les marchés. Luc de la Durantaye, Stratège en chef des placements et chef des investissements, Gestion d’actifs CIBC, passe en revue tous les éléments à surveiller.

Au niveau de la situation géopolitique en elle-même, Luc de la Durantaye rapporte que CIBC pense que le conflit devrait se limiter aux lignes ukrainiennes. Les experts pensent peu probable que le président Poutine décide d’entrer en conflit avec l’OTAN.

Toutefois, les sanctions prises contre les Russes risquent d’impacter l’économie mondiale en général, mais comme l’environnement a évolué plus rapidement que prévu, l’on peut encore espérer un dénouement plus rapide qu’attendu.

INCIDENCES ÉCONOMIQUES

La crise géopolitique a des effets directs, mais également indirects sur l’économie. Comme la Russie n’était que peu intégrée dans l’économie mondiale, ainsi le commerce international entre la Russie et le reste du monde représente environ 2 % du commerce international, l’impact direct ne devrait être que mineur.

« Ce qui est à surveiller, c’est les impacts indirects du conflit », souligne Luc de la Durantaye. La Russie est un gros producteur de pétrole, d’aluminium, mais aussi de cuivre. Les sanctions économiques prises contre le pays ont donc eu un impact considérable sur le prix des commodités, comme nous avons déjà pu l’observer, ce qui impacte à son tour l’inflation mondiale.

Comme la Russie ne devrait pas revenir au même niveau de production à court terme, mieux vaut ne pas espérer un retour à la normale de sitôt, prévient Luc de la Durantaye.

Un autre impact indirect est davantage au niveau des consommateurs et des entreprises. Ces derniers pourraient réduire leur consommation en raison des risques perçus dus à ce conflit.

« L’impact du conflit pourrait réduire notre prévision de croissance mondiale et augmenter un peu nos anticipations d’inflation », résume l’expert de CIBC.

Tout cela impacte évidemment les décisions des banques centrales. Ces dernières ont indiqué qu’elles comptaient continuer à hausser leurs taux d’intérêt et enlever leur politique monétaire accommodante. La Banque du Canada a déjà procédé à une hausse début mars, la Réserve fédérale américaine (Fed) a suivi quelques jours plus tard.

INCIDENCES SUR LES MARCHÉS

Les tensions géopolitiques amènent un degré d’incertitude et donc de la volatilité sur les marchés. Les impacts de la pandémie et de l’inflation ajoutés à cela, il semble logique de constater une hausse de la volatilité. D’autant plus que les banques centrales ne stimulent plus autant l’économie qu’au début de la pandémie et enlèvent toujours plus de mesures.

« Évidemment, on devra naviguer avec des prix de commodité plus élevés, donc une inflation plus élevée, et encore des banques centrales qui haussent les taux d’intérêt à un moment où les marchés boursiers avaient commencé l’année à des niveaux d’évaluation historiquement peu élevés, donc ça crée un environnement un peu plus difficile pour les marchés financiers », résume Luc de la Durantaye.

Celui-ci reste toutefois positif : « des crises amènent toujours des opportunités », rappelle-t-il.

Il souligne que certaines pratiques sont toujours bonnes pour ce genre de situation. Notamment de diversifier son portefeuille.

Du côté de Canada, le pays est tout de même bien positionné dans le contexte actuel. Déjà, nous ne faisions que peu de commerce avec la Russie. De plus, nous bénéficions des prix des commodités plus élevés.  « Nos indices boursiers sont bien composés avec des titres qui sont dans le secteur des commodités », souligne Luc de la Durantaye.

Finalement, nos obligations peuvent être attrayantes pour les investisseurs internationaux « parce qu’on représente une bonne stabilité d’investissement », juge l’expert.

À la CIBC, les experts continuent donc de surpondérer les actions canadiennes et d’avoir une bonne composante d’investissement au Canada, ce qui amène une bonne stabilité pour leurs portefeuilles, affirme Luc de la Durantaye.