De l’optimisme pour le pétrole, le cuivre et l’or

Par Nicolas Ritoux | 10 avril 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
4 minutes de lecture

Ces trois actifs devraient offrir une solide performance dans le contexte actuel, croit Daniel Greenspan, analyste et directeur de l’équipe des ressources, Gestion d’actifs CIBC.

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« Le pétrole sera volatile à court terme, à l’image de l’humeur des marchés. De manière générale, les prix du pétrole ont baissé en mars, alors que des positions longues se retiraient sur fond d’effondrement de plusieurs banques américaines. Mais si on regarde les données fondamentales de l’offre et de la demande, les prix devraient se maintenir à un bon niveau au cours de 2023 », entrevoit Daniel Greenspan.

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Du côté de la demande, la réouverture de l’économie chinoise et ses projections de croissance de 5 % pour l’année représentent un fort potentiel. La production industrielle et les vols ont nettement repris au cours des dernières semaines, ce qui est toujours bon pour l’énergie. En outre, les États-Unis pourraient être intéressés à refaire le plein de leur réserve stratégique cette année. Les risques viennent plutôt des États-Unis et d’Europe occidentale, où les banques centrales tentent actuellement de réaliser un atterrissage en douceur. Si elles échouent et entraînent une récession, la demande de pétrole sera affectée.

Du côté de l’offre, le pronostic est plus clair. Les producteurs sont très disciplinés, ils ont renforcé leurs états financiers et ont rendu des capitaux à leurs actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Ils investissent peu dans la croissance ; l’OPEP souhaite même retirer des barils du marché pour soutenir les prix, et les producteurs américains ne semblent pas pressés de pomper davantage.

Au point de vue géopolitique, il faut encore surveiller la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie. Le marché s’attendait à un déclin de la production russe, mais celle-ci a finalement été réacheminée vers l’Asie et le reste du monde a approvisionné l’Europe. Les Russes sont donc toujours dans la partie.

À moyen terme, Daniel Greenspan est optimiste pour le pétrole. Malgré la tendance à l’électrification, le monde a encore du mal à s’approvisionner en énergie à faibles émissions et la demande pour le pétrole devrait demeurer forte pour un bon moment, selon lui.

Le problème à plus long terme est la quasi-absence d’investissement dans la prochaine génération de sites de production à longue durée et à potentiel multimilliardaire. Face à la pression politique en faveur de la décarbonisation des économies, les producteurs préfèrent réaliser des gains d’efficacité sur leurs sites existants et rendre des capitaux aux actionnaires plutôt que d’investir dans l’avenir. Il en résulte un manque de nouveaux gisements à long terme.

L’expert recommande d’investir dans les producteurs en amont de l’industrie, dont les titres s’échangent à bon prix. Leurs états financiers ont été solidifiés, leurs dividendes augmentent, et leurs rachats d’actions sont fréquents. Il cite Cenovus, « à l’intersection de la qualité et de la valeur », qui pourrait accroître ses dividendes davantage que ses pairs ; et Canadian Natural Resources, « une entreprise de haute qualité avec un portefeuille d’actifs robuste », dont le titre pourrait surperformer à mesure qu’elle maintient d’excellents flux de liquidités dans les années à venir.

« Le cuivre est une matière première étroitement liée à la Chine depuis les 15 dernières années. Malgré le chaos récemment observé dans le marché, le prix du cuivre se maintient plutôt bien autour de 4 $ la livre, ce qui est positif pour les mineurs. Cela reflète les attentes envers la réouverture de l’économie chinoise, qui font contrepoids aux craintes d’une récession aux États-Unis et en Europe », dit Daniel Greenspan.

Selon lui, le prix du cuivre est appelé à refléter les sentiments envers les perspectives macro-économiques mondiales, avec un œil sur la Chine. « Le cuivre est souvent utilisé comme un actif intermédiaire de la production chinoise, et avec des projections de croissance de 5 % du PIB pour 2023, le cuivre va certainement bien se porter », dit l’expert.

« Le cuivre est particulièrement intéressant à long terme dans le cadre de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, qui fera amplement appel à ce métal, qu’il s’agisse d’éoliennes, de panneaux solaires, de véhicules électriques, ou de réseaux de distribution. Les prix devraient donc augmenter pour encourager la prochaine génération de mines et répondre à la demande issue de la transition énergétique », poursuit Daniel Greenspan.

Enfin, il s’attarde à l’or, dont le prix a atteint un niveau très élevé dernièrement.

« Le prix de l’or est inversement proportionnel à celui du dollar américain, et cela s’observe avec l’affaiblissement du billet vert sous l’effet des hausses de taux d’intérêt. L’or a offert une bonne protection dans les portefeuilles sur fond d’incertitude macro-économique. Nous pensons que la Fed va bientôt pauser ses hausses de taux, et alors que les marchés s’inquiètent d’une éventuelle récession, l’or devrait surperformer. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.