De nouvelles prestations remplaceront la PCU

Par La Presse Canadienne | 24 septembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : iStockphoto/cenkerdem

Le gouvernement Trudeau est prêt à augmenter l’aide aux travailleurs qui sera distribuée une fois la Prestation canadienne d’urgence (PCU) disparue. Il semble ainsi s’assurer l’appui des néo-démocrates et sa survie.

On attendait toujours jeudi en fin de journée le calcul de la nouvelle facture, et une prise de position claire des néo-démocrates.

Lorsqu’il y a un mois Ottawa avait annoncé trois nouvelles prestations à venir et un assouplissement aux règles de l’ assurance-emploi, en remplacement de la PCU, la première mesure devait coûter 22 milliards $ et la seconde 7 milliards $.

Ça, c’était lorsqu’une des trois prestations s’élevait à 400 $ par semaine et que l’assurance-emploi plus accessible assurait, elle aussi, un paiement minimum de 400 $ par semaine.

Or le gouvernement fédéral vient de décider de distribuer 500 $ par semaine à tous les travailleurs privés d’emploi.

Ottawa s’attend à ce que trois des quatre millions de prestataires de la PCU passent à l’assurance-emploi, un régime qui a été assoupli. Il sera accessible après seulement 120 heures travaillées, quel que soit le taux de chômage dans la région habitée.

Le projet de loi C-2, déposé jeudi matin, créera les trois nouvelles prestations annoncées le mois dernier pour ceux qui ne pourront pas compter sur l’assurance-emploi modifiée.

La Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) sera disponible pendant 26 semaines, jusqu’au 26 septembre 2021. Il sera possible de travailler tout en recevant cette prestation. Si le revenu annuel dépasse 38 000 $, le travailleur devra alors rembourser 50 cents pour chaque dollar reçu en PCRE.

Les modalités des deux autres prestations demeurent tel qu’annoncé en août.

La Prestation canadienne de maladie pour la relance économique est le moyen trouvé par Ottawa pour payer 10 jours de congé de maladie aux travailleurs; 500 $ par semaine, pendant une semaine ou deux. La Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants servira à ceux qui se retrouvent obligés de s’occuper d’un enfant dont l’école ou la garderie ferme. Là aussi, c’est 500 $ par semaine qui pourront être empochés.

APPUI DU NPD?

Voici donc le prétexte nécessaire au Nouveau Parti démocratique (NPD) pour voter en faveur du discours du Trône livré mercredi.

Depuis un mois, le chef du NPD, Jagmeet Singh, exigeait que l’aide financière aux particuliers demeure aussi généreuse que la PCU l’a été.

En conférence de presse, jeudi après-midi, la ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough, a assuré que de passer de 400 $ à 500 $ par semaine pour la PCRE n’a pas été fait pour plaire aux néo-démocrates, mais bien parce que nous voilà dans la deuxième vague de la pandémie.

« Quand on a décidé le montant il y a un mois, on a signalé très fortement qu’on pourrait changer si la situation de la pandémie change, si la situation du retour à l’école change, si la situation des travailleurs et des emplois change », a-t-elle dit pour justifier l’augmentation de 100 $.

M. Singh n’avait pas voulu dire mercredi s’il voterait pour ou contre le discours du Trône. Jeudi après-midi, lorsqu’il s’est présenté à son tour à un micro, il faisait la fine bouche.

Il a dit que le projet de loi C-2 est « une victoire majeure » arrachée par son parti, mais qu’il n’était toujours pas prêt à dire s’il appuiera le gouvernement minoritaire lors du vote sur le discours du Trône.

Il continue à négocier avec le gouvernement la prestation de maladie.

« On a des problèmes avec l’accès et on est optimiste qu’on peut le régler », a-t-il offert à sa sortie de la période des questions aux Communes. Il a refusé de spécifier la nature de ces « problèmes ».

LE BLOC D’ACCORD SUR LE PRINCIPE

Les bloquistes veulent bien voter en faveur de C-2 jusqu’à ce que le projet de loi soit examiné en comité parlementaire.

Le leader parlementaire bloquiste Alain Therrien identifie déjà des amendements possibles.

La prestation pour proches aidants limite à 11 ans l’âge des enfants dont le prestataire doit prendre soin pour avoir droit aux 500 $ par semaine. « On va vérifier voir s’il n’y a pas moyen de rehausser l’âge (…), ça c’est un exemple », a dit M. Therrien en point de presse.

« On va travailler très fort pour peaufiner le projet de loi », a-t-il assuré.

LES AUTRES DISPOSITIONS DE C-2

Le projet de loi déposé jeudi matin sert également à distribuer 1,5 milliard $ aux provinces pour la formation de la main-d’oeuvre dans un marché du travail bouleversé par la pandémie de la COVID-19. C-2 prévoit aussi donner au gouvernement le pouvoir de dépenser d’ici le 31 décembre sans obtenir l’autorisation du Parlement pour toute mesure en lien avec la COVID-19, comme l’achat de vaccins, par exemple.

Invité à dire ce qu’ils pensaient de ce pouvoir que le gouvernement veut, une nouvelle fois, se donner, les conservateurs se sont contentés, par courriel, de répondre qu’ils vont « examiner le projet de loi en caucus ».

La Presse Canadienne