Déflation : 5 signes qui ne trompent pas

Par La rédaction | 18 février 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Montagne russe avec des symboles de dollar formant les voitures.
Photo : Hermin Utomo / 123RF

Économiste et PDG d’une société de conseil portant son nom, Gary Shilling est comme qui dirait obsédé par la déflation. Il en parle depuis une bonne vingtaine d’années et a réussi à en prédire plusieurs. Récemment, il a affirmé que le ralentissement de l’économie mondiale signifiait que celle-ci se dirigeait vers une période de déflation et de récession probable.

Gary Shilling connaît bien le sujet. Il avait prévu que l’inflation galopante des années 60 prendrait fin au début des années 1970. Il avait également prédit au début des années 2000 que la bulle des prêts hypothécaires à risque augmentait.

Selon son dernier rapport mensuel repris par Think Advisor, il faudrait s’attendre à une période de déflation, voire de récession qui nuira aux particuliers, aux entreprises fortement endettées, aux actions des marchés émergents, aux produits de base et aux multinationales.

« Il faut accorder plus d’attention aux emprunts de moindre qualité tels que les prêts automobiles à risque, les prêts entre particuliers, les emprunts sur cartes de crédit, les emprunts à effet de levier, les obligations à haut risque et les obligations BBB, émises massivement par des sociétés d’énergie qui sont près d’être qualifiées de camelote, écrit Shilling dans son rapport mensuel. Le ratio total de la dette des entreprises au PIB a atteint des sommets sans précédent et ressemble à l’explosion de la dette hypothécaire d’il y a dix ans. »

La Réserve fédérale (Fed) a justement récemment signalé qu’un nombre record d’Américains (7 millions) accusaient un retard de paiement d’au moins trois mois sur leurs prêts automobiles.

Toutefois, selon Gary Shilling, cette possible déflation ne fera pas que des perdants. Selon lui, les personnes qui se reposent sur le revenu fixe, comme les obligations du Trésor à long terme et le dollar américain, en bénéficieront.

Dans son rapport, Gary Shilling énonce notamment cinq sources de déflation principalement liées aux tendances à long terme à garder à l’œil.

1) MONDIALISATION ET SALAIRE

La mondialisation « continue d’inonder l’Occident de produits bon marché en provenance de Chine et d’autres terres asiatiques à faibles coûts », souligne Shilling. Celle-ci devrait continuer d’exercer une pression à la baisse sur les prix, à moins que le président des États-Unis décide d’imposer un « mur de tarif exorbitant autour de l’Amérique », mais cela semble peu probable.

Selon Gary Shilling, la mondialisation a tué l’emploi manufacturier et les emplois syndiqués bien rémunérés dans le secteur privé et a eu un effet négatif sur la croissance des salaires dans les pays du G7 dans la dernière décennie. Il estime d’ailleurs que cela a créé un effet domino et entraîné la montée du populisme dans plusieurs régions du monde.

Dans plusieurs pays, notamment sur le continent américain, on note une diminution des emplois dans les services publics, les champs de pétrole et de gaz, les services de livraison et le commerce de détail, ce qu’il trouve préoccupant.

2) RALENTISSEMENT DE L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont réduit leurs prévisions antérieures de croissance du PIB cette année à respectivement 3,7 % et 2,9 %. Les prévisionnistes interrogés par la Banque centrale européenne ont également abaissé leurs prévisions. Ils estiment que la croissance de la zone euro cette année ne sera finalement pas de 1,8 %, mais plutôt de 1,5 % et de 1,6 % l’année prochaine. Le gouvernement allemand a abaissé radicalement ses prévisions pour l’année de 1,8 % à 1 %, et la croissance de la Chine est en baisse.

Aux États-Unis, la Fed a suivi le mouvement, ses prévisions de croissance du PIB pour 2019 sont ainsi passées de 2,5 % à 2,4 %. En outre, les offres d’emploi au pays ont baissé, passant de 7,08 millions en octobre à 6,89 un mois plus tard. Toutefois, le taux de chômage reste historiquement bas.

3) BAISSE DU PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES

Le ralentissement de la croissance économique a une incidence sur les prix des produits de base, tirant ceux-ci vers le bas. Le prix du cuivre, connu comme étant un bon indicateur de la production mondiale de biens sans entente sur le marché, continue de baisser. En décembre 2018, le cours du cuivre s’établissait ainsi à 6 075 dollars la tonne, en baisse de 1,9 % sur un mois et en baisse de 11,1 % sur un an, note le Journal du net.

« Avec le ralentissement de la croissance mondiale, l’offre de produits de base sera encore plus large, réduisant encore les prix », commente Gary Shilling.

4) PRIX DES MÉDICAMENTS EN BAISSE

Les produits pharmaceutiques chez nos voisins du Sud ont diminué de 0,6 % en décembre par rapport à l’année précédente. Il ne s’agit pas encore d’une baisse notable, mais cela pourrait refléter une tendance.

De plus, Amazon a laissé entrevoir la possibilité d’entrer sur ce marché, ce qui exercerait une pression plus forte sur les prix. Sans compter que dans le budget proposé par Donald Trump pour 2019, le président américain a annoncé sa volonté de réduire les prix payés par Medicare pour les médicaments et d’imposer aux sociétés pharmaceutiques d’inclure les prix dans les annonces télévisées.

Il faut savoir que les coûts des médicaments représentent une part importante des dépenses consacrées aux soins de santé, qui comptent pour 18 % du PIB américain, leur prix est donc une donnée à surveiller.

5) DÉGRADATION DES COÛTS DES SERVICES FINANCIERS

Avec la popularité croissante des FNB et des robots-conseillers, les commissions diminuent dans l’ensemble de l’industrie des services financiers.

Enfin, selon Gary Shilling, ces tendances sont significatives et pourraient être le signe d’une prochaine récession. En raison notamment de ces facteurs et d’autres indicateurs que la Fed nomme « pressions inflationnistes modérées », l’économiste estime que les banques centrales vont mettre fin à leurs hausses de taux ou du moins les ralentir, une hypothèse qui est appuyée par les déclarations récentes de la Fed et de la Banque du Canada.

Pensez-vous que ces signes soient réellement des indicateurs d’une future déflation? Voyez-vous d’autres signes annonciateurs d’une possible récession?

La rédaction