Dette des ménages : le Canada fait piètre figure parmi le G7

Par La Presse Canadienne | 25 mai 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Femme ayant l'air découragée à la vue de son portefeuille vide, ses cartes de crédit et de la petite monnaie.
Photo : Doucefleur / iStock

Le niveau d’endettement des ménages canadiens est plus élevé que dans tous les autres pays du G7, ce qui rend son économie vulnérable à une crise économique mondiale, a averti mardi la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

L’économiste en chef adjoint de la SCHL, Aled ab Iorwerth, a souligné, dans une nouvelle analyse, que la dette des ménages du pays augmentait « inexorablement » en raison de la hausse des prix des maisons.

Les prêts hypothécaires représentent actuellement environ les trois quarts de la dette des ménages au Canada, a rappelé Aled ab Iorwerth. La dette des ménages représentait 80 % de la taille de l’économie pendant la récession de 2008, avant d’atteindre 95 % en 2010 et de dépasser sa taille en 2021, a-t-il noté.

« En revanche, la dette des ménages aux États-Unis est passée de 100 % du PIB en 2008 à environ 75 % en 2021 », a-t-il écrit.

« Alors que les ménages américains ont réduit leur dette, les Canadiens ont augmenté la leur et cela continuera probablement d’augmenter à moins que nous ne nous attaquions à l’abordabilité sur le marché du logement. »

Au cours de la même période, la dette des ménages a diminué aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne, et elle est restée pratiquement inchangée en Italie.

Même si Aled ab Iorwerth a reconnu que toutes les dettes n’étaient pas mauvaises, des niveaux élevés d’endettement peuvent causer des dommages importants lorsqu’une récession ou un autre événement économique négatif se produit et entraîne des pertes d’emplois généralisées, ce qui rend difficile, voire impossible, pour de nombreux titulaires d’hypothèques de rembourser leur dette.

Alors qu’un prochain rapport de la SCHL devrait contenir plus d’informations sur la façon dont les Canadiens s’adaptent aux taux d’intérêt plus élevés de cette année, Aled ab Iorwerth a souligné que l’agence observait déjà des « signes d’avertissement précoces » indiquant que de plus en plus de consommateurs ont des problèmes financiers.

« Lorsque de nombreux ménages dans une économie sont lourdement endettés, la situation peut rapidement se détériorer, comme ce qui a été observé aux États-Unis en 2007 et 2008 », a-t-il écrit.

« Le Canada est protégé par un cadre institutionnel solide et une réglementation financière prudente. Cela garantit que la plupart des emprunteurs canadiens seraient en mesure de supporter les taux hypothécaires actuellement élevés. Mais, en cas de grave ralentissement économique mondial, l’endettement élevé des ménages canadiens constituera une vulnérabilité. »

Selon la SCHL, une façon de réduire le risque consiste à améliorer l’abordabilité du logement au Canada, soit en augmentant l’offre de logements, soit en rénovant et en reconstruisant le parc locatif du pays pour qu’il soit moderne et attrayant afin d’empêcher les Canadiens de se sentir obligés d’être propriétaires.

Un rapport récent d’Économique RBC a montré qu’une récession imminente et un taux de chômage qui devrait grimper à 6,6 % au début de 2024 devraient faire basculer davantage de Canadiens dans les défauts de paiement et l’insolvabilité.

Le rapport a noté que maintenant que les mesures de soutien gouvernementales liées à la pandémie sont largement terminées et que le coût de la vie monte en flèche, les défaillances hypothécaires pourraient augmenter de plus d’un tiers par rapport à leurs niveaux actuels, pour l’année à venir.

Les insolvabilités des consommateurs pourraient augmenter de près de 30 % au cours des trois prochaines années, revenant aux niveaux d’avant la pandémie et restant probablement sur une trajectoire ascendante par la suite, a suggéré l’étude d’Économique RBC.

La Presse Canadienne