Doit-on réellement craindre une récession?

Par La rédaction | 15 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Daniil Peshkov / 123RF

Alors que les cycles économiques ne cessent de s’allonger et que l’actuelle période de croissance s’apprête à battre des records de longévité, une question demeure : y aura-t-il une récession et si oui, quelle en sera la cause?

À la fin du mois de juillet, si tout se passe bien, l’économie américaine établira un nouveau record. Nos voisins du Sud sont en train de vivre la plus longue période de croissance ininterrompue depuis 1854, époque où les économistes ont commencé à s’intéresser à ce phénomène économique. Le record précédent, d’une durée de 120 mois, avait été atteint dans la décennie précédant l’éclatement de la bulle technologique au début des années 2000.

Dans un article récent, Le Devoir se demande si la théorie de l’économie cyclique, où les périodes de croissance font place à des périodes de baisse, est encore d’actualité. Cette théorie rend évidemment les investisseurs très sensibles à la guerre commerciale du président Trump et aux annonces de hausse ou de baisse de taux des banques centrales, mais ne devrait peut-être plus être considérée.

Les experts avancent plusieurs raisons pour expliquer la longévité de la période d’expansion actuelle. Ils mettent de l’avant la sévérité de la crise financière survenue en 2008 et la lente reprise qui a suivi. Certains affirment que cela est dû à l’intervention des banques centrales et au resserrement des règles financières.

Un article récent de The Economist irait dans le sens d’une disparition progressive des cycles économiques. Le magazine anglais affirme que l’économie n’est plus ce qu’elle était. Il note ainsi la baisse d’importance accordée à certaines matières premières comme le pétrole et au secteur manufacturier au profit de l’industrie des services et de l’économie dématérialisée. Ce passage aurait, selon le journal, rendu l’économie moins volatile et cela au même moment où les politiques des banques centrales parviennent presqu’à vaincre les cycles économiques et à mater l’inflation.

LA SITUATION AUSTRALIENNE

Dans son article, le journaliste du Devoir Éric Desrosiers prend l’exemple de l’Australie, dont l’expansion économique dure depuis environ 28 ans. Cela ne veut toutefois pas dire que nous ne sommes qu’au début de l’actuelle période de croissance, prévient-il cependant.

Le New York Times notait ainsi que cette expansion particulièrement longue ne tenait pas simplement aux politiques avisées du gouvernement, mais aussi à la chance.

L’Australie s’est très vite dotée de règles bancaires plus strictes et a astreint ses gouvernements à une grande discipline budgétaire tout en libéralisant son commerce international et en laissant les fluctuations de sa devise amortir les chocs économiques. Elle a également fait appel, quand le besoin s’en faisait ressentir, à des politiques encourageant la productivité.

Toutefois, le pays a également la chance de disposer de beaucoup de ressources naturelles, notamment du fer et du charbon, et de se trouver proche de la Chine, la deuxième puissance économique mondiale.

Le pays fait aussi en sorte de cultiver un certain niveau de crainte pour éviter de laisser la situation leur échapper.

Éric Desrosiers note que si c’est peut-être la fin des cycles économiques, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de récession. Bien que l’économie ne soit plus ce qu’elle était et que les anciennes menaces soient moins à craindre, d’autres menaces ont également apparu. On note par exemple les guerres commerciales, le désordre international, les courants politiques aux idées extrêmes. Tout cela constitue des facteurs imprévisibles par lesquels pourrait possiblement arriver la prochaine récession.

La rédaction