En 2020, restez sur vos gardes!

Par La rédaction | 16 Décembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Sergey Nivens / 123RF

La Société de Gestion AGF a récemment publié ses perspectives pour l’année 2020. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine reste bien sûr une inquiétude importante, mais la fin d’un cycle économique pourrait avoir un plus gros impact encore sur les marchés financiers.

Kevin McCreadle, chef de la direction et chef des investissements d’AGF, concède d’entrée de jeu que les élections américaines recevront en 2020 un niveau d’attention sans précédent. On n’a pas fini d’entendre parler de Donald Trump. Parions que nous n’en n’avons pas non plus fini avec ses tweets incendiaires qui influencent les marchés. 

RÉCESSION OU PAS ?

Pourtant, les investisseurs devraient plutôt se concentrer sur les effets d’une économie mondiale en fin de cycle, qui risquent de marquer les marchés financiers encore davantage que le cirque politique des prochains mois chez notre turbulent voisin du Sud.

L’impasse commerciale entre les États-Unis et la Chine demeure le principal risque qui plane sur l’économie mondiale. La semaine dernière, des sources citées par divers médias, dont Radio-Canada, soutenaient qu’un accord commercial partiel avait été conclu entre les deux belligérants. Le second en deux mois, ce qui laisse espérer que la situation progresse dans le bon sens.

Washington aurait accepté de réduire certains droits de douane sur des produits chinois et de reporter la hausse des droits de douane prévue le 15 décembre. De son côté, Pékin aurait promis d’acheter pour 50 milliards de dollars américains de produits agricoles des États-Unis en 2020, soit le double de ses achats de 2017. 

Si les deux pays continuent de se rapprocher d’une entente plus globale, cela donnera « un coup de pouce  aux actifs risqués, comme les actions et les obligations à rendement élevé », écrit Kevin McCreadle. Mais en cas de dérapage, l’effet inverse risque de se produire. 

FIN DE CYCLE

Les données économiques sont présentement assez stables et restent vigoureuses dans plusieurs parties du monde, mais dans une économie en fin de cycle, il ne faudrait pas grand-chose pour basculer dans une récession. AGF suggère donc aux investisseurs de garder un œil sur les indicateurs comme les demandes hebdomadaires de prestations d’assurance-emploi aux États-Unis et les indices mondiaux des directeurs d’achat.

Kevin McCreadle propose aussi de combiner les actions et obligations à des titres de catégories d’actif et des stratégies non traditionnelles. Son collègue Stephen Way, vice-président et directeur des actions des marchés mondiaux et émergents, ajoute que les actions du Japon, de l’Europe et des marchés émergents restent attrayantes en raison de paramètres de base et de valorisations favorables. 

REGARD SUR LES OBLIGATIONS

Du côté des titres à revenus fixes, AGF admet que les titres de créance à rendement élevé et ceux des marchés émergents semblent intéressants pour le début de 2020. Mais attention aux taux! Si les États-Unis en venaient à une entente commerciale avec la Chine et que le Brexit connaissait enfin une résolution, il se pourrait que les taux des obligations du Trésor remontent en milieu de cycle, comme cela s’est produit au cours des cycles précédents.

Du côté du Royaume-Uni, l’élection remportée la semaine dernière par le parti conservateur de Boris Johnson, qui a regagné une large majorité au pays, laisse penser que celui-ci se dirige bel et bien vers un Brexit le 31 janvier.

AGF estime que le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans pourrait augmenter jusqu’à 100 points de base par rapport aux creux de septembre 2019.  « La réévaluation des taux sur les marchés du crédit devrait être considérée comme une occasion d’achat de titres à rendement élevé, dans ce contexte de croissance lente, mais positive, et de faible inflation », écrit AGF. 

Les obligations d’État canadiennes, elles, pourraient offrir de meilleurs bénéfices que les obligations américaines, en raison du taux de rendement plus élevé sur les marchés développés offert par la Banque du Canada et l’aversion de cette dernière face à la montée de la valeur du dollar canadien.

LA VISION DE FIERA CAPITAL

Fiera Capital a aussi fait connaître ses perspectives pour l’année qui vient. « Au cours des douze derniers mois, la nervosité était palpable sur les marchés, puisque les nombreuses manchettes sur le commerce et les événements géopolitiques ont soulevé des craintes d’un ralentissement marqué de la croissance mondiale, peut-on y lire. En revanche, le pessimisme extrême des investisseurs semble derrière nous, surtout en ce qui concerne l’économie mondiale, et certains éléments récents laissent entrevoir la lumière au bout du tunnel. »

Fiera souligne qu’une trêve dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine viendrait revitaliser les perspectives de croissance mondiale à l’aube de 2020. Les actions devraient continuer de prospérer grâce aux expansions multiples et à la croissance des bénéfices. Les investisseurs se sont positionnés défensivement jusqu’en 2019, accumulant liquidités et obligations. Ils pourraient maintenant se tourner vers des actions qui offrent une proposition intéressante. Les équipes de Fiera affichent une préférence pour les actions des marchés canadiens et émergents, la valeur par rapport à la croissance et les titres cycliques par rapport aux titres défensifs.

Les analystes de Fiera sont toutefois moins enthousiastes quant aux obligations d’État, qu’ils jugent surévaluées. Dans le contexte actuel d’amélioration de la croissance et de soutien des banques centrales, ils croient que les actions devraient surpasser les obligations au cours de la prochaine année. L’avenir leur donnera-t-il raison?

La rédaction