En route vers une autre crise systémique?

Par La rédaction | 7 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Romolo Tavani / 123RF

On peut actuellement observer plusieurs signes annonciateurs d’un cycle financier qui tire sur sa fin, conduisant ainsi au risque potentiel d’une crise systémique, écrivent Oliver Klein, directeur général de la BRED, et Éric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts, dans un article du quotidien français Les Echos. Cela serait dû, selon eux, aux « effets pervers » des taux d’intérêt durablement bas.

Depuis la crise financière de 2008, le terme « crise systémique » ne manque pas d’en faire trembler plus d’un. Due à un phénomène de surendettement du secteur privé, cette crise a mené à un risque de déflation important. Pour contrer ce risque et tenter de redresser la situation, les autorités monétaires ont adopté des politiques non conventionnelles, soit des taux courts et longs proches de zéro, voire négatifs. Si les deux experts estiment que cette réaction est la bonne, ils affirment qu’elle serait aussi à l’origine d’une potentielle nouvelle crise.

Cette politique a permis d’écarter le risque de déflation, mais, alors que ce risque n’est plus qu’un mauvais souvenir, les autorités monétaires ont conservé leur politique de taux bas de crainte qu’une remontée marquée des taux ne provoque des problèmes d’insolvabilité.

Cependant, l’établissement de taux d’intérêt nominaux bien inférieurs aux taux de croissance nominaux sur une trop longue période crée un cercle vicieux qui peut, à son tour, conduire à une crise systémique. En raison des taux trop bas, les acteurs économiques s’endettent davantage, ce qui rend de plus en plus difficile une remontée des taux.

Le taux d’endettement mondial a atteint des niveaux records, il est passé de 190 % en 2001 à 200 % en 2008 et à 230 % en 2018. De plus, comme les taux sont bas, les investisseurs individuels prennent toujours plus de risques pour trouver du rendement. Les investisseurs institutionnels prennent aussi des risques de plus en plus élevés pour ne pas offrir de taux négatifs aux épargnants.

DES BOMBES PRÊTES À EXPLOSER

Selon les deux experts, la situation actuelle pourrait éclater en crise systémique de différentes façons :

  • La remontée des taux d’intérêt pourrait ainsi en être la cause. À moins que l’inflation grimpe d’un coup, cette remontée devrait se faire assez doucement;
  • Un ralentissement fort de la croissance est également à surveiller. Ce ralentissement, qui pourrait être le fait du cycle de l’investissement ou d’une crise géopolitique majeure, provoquerait une baisse des recettes publiques et/ou privées, ce qui rendrait plus difficile le remboursement des dettes et compromettrait la valeur des placements;
  • La finance de l’ombre (shadow banking) représente également un danger potentiel. Il est effectivement peu probable que la crise provienne des banques, car celles-ci sont bien mieux protégées contre les risques de liquidité qu’avant la crise de 2008. Ainsi, c’est davantage la part de la finance qui ne passe pas par les banques, qui ne cesse d’augmenter, qui est à risque.

La rédaction