Gestion de crise : comment va-t-on payer la note?

Par La rédaction | 5 mai 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : iStockphoto/cenkerdem

Le gouvernement fédéral a annoncé des milliards de dollars en dépenses depuis le début de la pandémie, laissant certains se demander comment il paiera le tout quand la crise sera derrière nous.

Depuis la mi-mars, le gouvernement a annoncé 146 milliards de dollars de mesures de relance. Selon le directeur parlementaire du budget, le déficit fédéral pour l’année devrait maintenant dépasser 250 milliards de dollars. Cela pourrait-il signifier des hausses d’impôt et des mesures d’austérité dans un avenir proche?

Pas nécessairement, selon un rapport de Marchés des capitaux CIBC. L’économiste principal Royce Mendes compare la crise actuelle aux récessions précédentes et estime que le déficit prévu de cette année ne devrait pas avoir de telles conséquences.

EN BONNE POSITION

Le Canada est entré dans la crise de la COVID-19 avec « le ratio dette publique/PIB le plus bas des économies du Groupe des sept », écrit-il. À titre de comparaison, lorsque le pays se remettait d’une récession au milieu des années 1990, il se classait au sixième rang du G7.

L’analyste note que l’environnement actuel de bas taux d’intérêt distingue la situation présente des déficits publics précédents. Aujourd’hui, le gouvernement fédéral peut financer sa réponse à la crise en empruntant pour 10 ans à un taux de 0,6 %, déclare Royce Mendes.

« Si le gouvernement avait fonctionné dans une situation où son rendement obligataire de référence à 10 ans était en moyenne de plus de 10 %, comme c’était le cas dans les années 1980, il y aurait eu un coût énorme à la situation actuelle », écrit-il.

Pourtant, même si le gouvernement peut emprunter à bon marché, il est possible qu’il introduise des mesures d’austérité à l’issue de la pandémie. Mais les recherches d’Olivier Blanchard, réalisées en 2011 alors qu’il était économiste en chef du Fonds monétaire international, ont révélé que « l’austérité pouvait en fait être vouée à l’échec en tentant de réduire les ratios dette/PIB », note Royce Mendes.

Ces analyses, qui se concentraient sur les économies en récession, ont révélé que chaque dollar coupé par les gouvernements réduisait le PIB d’environ 1,50 $ et que chaque dollar investi générait jusqu’à 1,50 $ de PIB.

« En conséquence, il pourrait coûter plus cher en termes de PIB et de ratio dette/PIB d’augmenter les impôts ou réduire les dépenses de programme trop tôt », écrit Royce Mendes, ajoutant que le coût de l’inaction du gouvernement ou l’introduction trop rapide de mesures d’austérité est clairement plus important que les avantages perçus.

La rédaction