Baisse des taux : des milliers d’entreprises en péril

Des milliers d’entreprises américaines, des plus petites aux plus grandes, sont au bord du gouffre tellement leur niveau d’endettement est colossal. En abaissant ses taux d’intérêt, la Fed vient peut-être de les pousser dans le vide.

Selon une analyse de Bank of America/Merrill Lynch, le cinquième des sociétés américaines se nourrit de crédit bon marché pour continuer à survivre, rapporte La Presse. Sans ces injections constantes de liquidités, leur avenir est sévèrement compromis.

Certaines sont de grandes entreprises bien connues du public, comme Tesla, Uber et Pinterest, alors que d’autres sont des PME situées un peu partout aux États-Unis. Petites ou grosses, ces sociétés n’enregistrent que rarement des profits, voire jamais, et sont maintenues en vie par leurs créanciers et certains investisseurs irréductibles.

En abaissant ses taux pour la première fois depuis la crise financière de 2008, la Fed vient peut-être de donner à ces entreprises hautement endettées la corde pour qu’elles puissent elles-mêmes se pendre en contractant de nouveaux prêts, estiment certains analystes.

DES DETTES TOUJOURS PLUS IMPORTANTES, MAIS ENCORE SOUS CONTRÔLE

Les dettes des grandes sociétés non financières américaines atteignent 10 000 G $US, l’équivalent de 48 % du PIB des États-Unis. Il s’agit d’un niveau plus élevé que celui de 6 600 G $US enregistré au début de la crise de 2008. Si on ajoute les PME à l’équation, on atteint 15 500 G $US, soit 74 % du PIB du pays.

Dans un nouvel indice, le Fonds monétaire international (FMI) a classé l’endettement des entreprises américaines à « son niveau le plus élevé de l’histoire récente ». L’organisation internationale s’inquiète également de la plus grande disponibilité des obligations de basse qualité (junk bonds) sur le marché, ceux-ci ayant doublé en 10 ans aux États-Unis.

Deux gouverneurs de la Fed ont d’ailleurs voté contre l’assouplissement monétaire la semaine dernière, craignant un nouveau dérapage sur les marchés.

Certains analystes sont toutefois moins inquiets. Dans un rapport publié il y a deux semaines, Goldman Sachs estime que l’endettement du secteur privé américain n’est « pas trop élevé », notamment en raison des bas taux, de la stabilité de l’économie et des solides entrées de fonds. La banque est ainsi d’avis que les sociétés sont en mesure de gérer un haut niveau d’endettement, d’autant plus que leur niveau de dettes à court terme a diminué au cours de la dernière décennie.