La consommation poussera-t-elle les taux d’intérêt à la hausse ?

Par La rédaction | 3 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : delcreations / 123RF

Deux des acteurs financiers les plus importants au pays ont deux visions opposées de l’orientation des taux d’intérêt à court terme.

La crise économique liée à la COVID-19 laissera-t-elle la place à un retour à la normale, telle qu’on la connaissait avant la pandémie ? Ou l’économie canadienne risque-t-elle d’être confrontée à une surchauffe ? Tiff Macklem, le gouverneur de la Banque du canada et David McKay, le chef de la direction de RBC, ont des avis bien différents, relève le Financial Post.

L’inflation vient d’atteindre 4,4 % sur un an au 30 septembre, selon les données de Statistique Canada, un niveau qui n’avait pas été constaté depuis près de vingt ans. Cette hausse des prix est temporaire, causée par les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, croit Tiff Macklem, le gouverneur de la Banque du Canada. Selon lui, ces troubles sont directement issus de la pandémie, et ne sont pas appelés à durer dans le temps. De plus, l’économie canadienne dispose de la capacité à répondre à la demande, a-t-il pointé lors d’une conférence de presse le 7 octobre.

Pourtant, cette marge de manœuvre se réduit. Le taux de chômage se rapproche de son niveau d’avant-pandémie… et le taux d’utilisation de la capacité de production aussi.

Surtout, l’économie canadienne comme les autres économies n’ont jamais connu une crise comme celle-ci. Cette période a vu les ménages canadiens épargner comme jamais ils ne l’avaient fait auparavant : ils disposent d’une épargne de 208 milliards de dollars (G$) au deuxième trimestre 2021, alors qu’ils ne détenaient que 17,9 G$ deux ans plus tôt, selon les données de Statistique Canada.

La question principale qui se pose à présent est de savoir si cet argent sera dépensé, et où il le sera. L’idée que la crise débouche sur un retour à l’« ancienne normale » n’est pas partagée par David McKay. Le chef de la direction de RBC croit que les ménages n’utiliseront pas seulement l’épargne accumulée pour se désendetter, mais aussi pour consommer davantage. Dans ce cas, la demande pourrait être stimulée au point que l’économie connaisse des difficultés à la satisfaire : ce qui se traduirait par une inflation persistante et croissante. La Banque du Canada pourrait alors être amenée à relever ses taux d’intérêt : les conditions de crédit devenant plus coûteuses, la consommation serait freinée.

Plus les consommateurs dépenseront rapidement l’épargne accumulée durant la pandémie, plus le relèvement des taux d’intérêt sera proche… donnant ainsi raison à David McKay. S’ils préfèrent utiliser leurs économies uniquement pour se désendetter, les taux d’intérêt demeureront bas… comme Tiff Macklem le prévoit. Et vous qu’en pensez-vous ?

La rédaction