La courbe inversée ne devrait pas inquiéter

Par La rédaction | 6 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Montagne russe.
Photo : James Kirkikis / 123RF

Le 22 mars dernier, la courbe des taux de rendement des obligations s’est inversée aux États-Unis pour la première fois depuis 2007, déclenchant des sueurs froides chez certains économistes. Historiquement, il s’agit d’un signe plutôt fiable d’une récession imminente. Mais selon GLC Groupe de gestion d’actifs, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter. Voici pourquoi.

Rappelons que la courbe des rendements est une sorte de graphique de la tolérance au risque. Habituellement, les incertitudes concernant un prêt sur 30 ans sont plus élevées que celles pour un prêt de trois mois. Le risque étant plus élevé, les rendements devraient également l’être. Une inversion signifie que les investisseurs estiment désormais que les obligations à court terme sont plus risquées que celles à long terme.

Cette inversion est reconnue comme étant le signal d’une prochaine récession ou d’un repli du marché boursier. Cependant, personne n’étant omniscient, les investisseurs obligataires pourraient se tromper.

GLC Groupe de gestion d’actifs estime que bien que cet indicateur soit d’une bonne fiabilité, il n’y a actuellement pas lieu de réagir de manière excessive et de modifier profondément un portefeuille bien construit.

« L’histoire peut rimer, mais elle ne se répète jamais », affirme la firme dans son rapport. Selon elle, deux éléments dans le marché actuel pourraient changer la donne :

  • les causes du contexte général de faiblesse des taux d’intérêt
  • le niveau de crédit encore en circulation dans l’économie

UN FEU ORANGE, NON UN FEU ROUGE

Selon eux, l’inversion de la courbe est le signe qu’il faut faire preuve d’un peu plus de prudence, non un signe qu’il faut arrêter de prendre des risques. Les investisseurs ne devraient cependant plus aller au-delà de leur tolérance au risque et considérer une position équilibrée entre actions et titres à revenu fixe.

Il faut noter également que les courbes de rendement en Amérique du Nord affichent une trajectoire décroissante depuis plus de deux ans et que les taux des obligations de dix ans sont passés sous ceux de trois mois le 22 mars dernier, mais cette inversion a été éphémère. Il ne faut toutefois pas négliger ce signe car il s’agit de la première inversion de ce segment de la courbe de rendement depuis juillet 2007.

La société de gestion d’actifs estime que les inversions de courbe ne sont pas anodines car elles révèlent les attentes de croissance économique et peuvent également indiquer les intentions futures des banques centrales. La firme estime simplement qu’il ne faut pas tirer trop vite de conclusion et qu’il faut toujours analyser la situation de façon objective.

Certains éléments comme la duration, l’ampleur et la pente de la courbe de rendement inversée sont importantes, mais les opinions divergent largement sur leur signification. Ainsi, les chercheurs et experts du marché ne s’entendent pas sur la mesure de courbe de rendement qui prévoit le mieux le rendement de l’économie et du marché boursier. Par exemple, vaut-il mieux observer les taux 10 ans par rapport aux taux 2 ans ou les taux 10 ans par rapport aux taux 3 mois? Car de ce point de vue, la courbe de rendement de 10 ans/2 ans ne s’est pas encore inversée. Pour le moment, seule une petite partie de la courbe s’est inversée et seulement un court moment. Une inversion marquée, élargie et durable serait plus inquiétante.

SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES

Cette inversion présente quelques similitudes avec les inversions historiques de la courbe de rendement. Les principaux moteurs de cette inversion sont les hausses de taux de la Réserve fédérale (Fed) et le ralentissement de la croissance. Comme lors d’autres inversions, la Fed a annoncé une pause dans le relèvement des taux d’intérêt et ses autres stratégies de resserrement monétaire.

Toutefois, il y a aussi quelques divergences :

« Les mesures d’assouplissement quantitatif exceptionnel mises en œuvre par les banques centrales aux États-Unis, en Europe et au Japon exercent une pression artificielle à la baisse sur les taux des obligations américaines de 10 ans, ce qui provoque des distorsions sur le marché obligataire mondial », note par exemple GLC Groupe de gestion d’actifs dans son rapport.

Il y a aussi le fait que les flux de crédit ne se sont pas taris. Une courbe plate est censée signaler un ralentissement de ces flux. Or, les résultats des enquêtes auprès des responsables du crédit n’ont pas changé depuis l’automne.

En raison de la faiblesse de cette inversion, son caractère éphémère et des différences avec les anciennes courbes de taux annonciatrices de récessions ou de ralentissement de marché, GLC estime que « la courbe de rendement inversée est plus un effet de la politique monétaire actuelle que le signe avant-coureur d’une récession imminente ».

La rédaction