La crise affecte particulièrement les femmes

Par La rédaction | 22 juillet 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un homme géant et une femme minuscule debout devant un coucher de soleil.
Photo : prazis / 123RF

Les conséquences financières et sociales de la pandémie de COVID-19 « menacent d’effacer les gains obtenus » par les femmes au cours des 30 dernières années sur le plan économique, met en garde le Fonds monétaire international (FMI).

Observable à la fois dans les pays industrialisés et dans les économies émergentes, ce phénomène est dû à quatre grands facteurs, affirme la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans un blogue publié mardi.

Le premier est que « les femmes tendent davantage que les hommes à travailler dans les secteurs sociaux, tels les services, la distribution, le tourisme et l’hôtellerie, qui exigent des échanges en face à face ».

Or, ces secteurs sont aujourd’hui « les plus durement touchés par la distanciation physique et les mesures d’atténuation » adoptées par la plupart des gouvernements de la planète. En outre, le télétravail est impossible dans les emplois de cette nature, en particulier dans les pays à faible revenu.

DES FEMMES PRIVÉES D’ÉDUCATION

Le deuxième facteur à l’origine du déséquilibre entre hommes et femmes tient au fait que dans les pays émergents, ces dernières tendent plus à travailler dans le secteur informel. Avec toutes les conséquences qui en découlent, puisque « l’emploi informel, souvent rémunéré en espèces sans surveillance officielle, signifie pour les femmes un salaire plus faible et l’absence de protection du droit du travail et de prestations telles que les pensions de retraite ou l’assurance maladie », rappelle le FMI.

Dans un récent rapport, les Nations Unies prévoient ainsi que la pandémie accroîtra d’environ 16 millions le nombre de personnes vivant dans la pauvreté en Amérique latine et aux Caraïbes, dont beaucoup sont des femmes.

De plus, les femmes « tendent à effectuer davantage de tâches ménagères non rémunérées que les hommes », souligne le FMI. Elles assument aussi la plus grande part des responsabilités familiales résultant des mesures sanitaires, comme les fermetures d’écoles et les précautions à prendre pour les parents âgés vulnérables. Lorsque celles-ci sont levées, les femmes mettent plus de temps avant de pouvoir retravailler à temps complet.

Enfin, « la pandémie a exposé les femmes à un risque accru de perte de capital humain ». En effet, « dans de nombreux pays en développement, les jeunes filles sont contraintes de quitter l’école et de travailler pour compléter les revenus du ménage », relève le FMI. Privées d’éducation, celles-ci subissent alors « une perte permanente de capital humain, qui sacrifie la croissance de la productivité et perpétue le cycle de la pauvreté au sein de la population féminine » locale.

La solution à ce problème résiderait dans l’instauration de « politiques publiques bien conçues pour favoriser la reprise », qui permettraient « d’atténuer les conséquences négatives de la crise sur les femmes et de prévenir de nouveaux revers pour l’égalité entre les femmes et les hommes », estime Kristalina Georgieva et les trois autres signataires du blogue.

Par exemple, la dirigeante et ses collègues appellent les décideurs partout sur la planète « à étendre l’aide au revenu aux personnes vulnérables, à préserver les liens d’emploi, à mettre en place des incitations pour équilibrer les responsabilités professionnelles et familiales, à améliorer l’accès aux soins de santé et à la contraception, et à élargir les aides aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants ».

« Ce qui est bon pour les femmes est bon, en dernier ressort, pour la résorption des inégalités de revenu, la croissance économique et la résilience. »

AU CANADA AUSSI

Dans un article publié mardi, Le Devoir souligne qu’il n’est pas nécessaire de chercher à l’autre bout du monde pour constater un écart entre les hommes et les femmes. Les plus récentes données de Statistique Canada montrent en effet que celles-ci avaient regagné, en juin, 89 % des emplois perdus depuis le début de la crise, contre 92 % pour les hommes.

« Plus globalement, lorsqu’on fait le total des travailleurs sans emploi et des personnes qui voudraient travailler plus d’heures qu’elles ne le peuvent, on arrive à un taux de sous-utilisation de la main-d’œuvre féminine de 28 %, comparativement à 25 % du côté des hommes, et alors que normalement les deux taux sont les mêmes », relève le quotidien.

Un constat que reprend Kristalina Georgieva dans son billet, où elle rappelle qu’au Canada, l’enquête sur la population active menée au mois de mai montre que l’emploi des femmes a augmenté de 1,1 %, comparativement à 2,4 % pour les hommes, « en raison de problèmes de garde des enfants qui persistent ».

Parmi les parents ayant au moins un enfant âgé de moins de six ans, les hommes sont environ trois fois plus susceptibles d’être retournés au travail que les femmes.

La rédaction