La croissance des salaires, un risque pour l’inflation

Par La rédaction | 25 août 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La réduction de l’inflation aux États-Unis, qui s’est établie à 8,5 % en juillet par rapport à 9,1 % en juin, est une très bonne nouvelle, soutient Sébastien MacMahon, stratège en chef chez iA, qui a commenté ces résultats et leur impact sur l’économie canadienne à Zone économie, sur ICI RDI.

« Les marchés ont pris une grande respiration. Les Banques centrales vont peut-être pouvoir enlever le doigt du bouton panique », avance l’économiste.

Il prévoit qu’on risque d’assister à d’autres « resserrements monétaires » au cours des prochains mois. Certaines banques centrales ont ainsi annoncé que leur taux directeur pourrait passer de 2,5 %, son niveau actuel, à 4 % d’ici la fin de l’année. « Cependant, on va peut-être arrêter le rythme effréné de 75 à 100 points de base par hausse », précise-t-il.

AU SOMMET DE LA BUTTE

Le gestionnaire de portefeuille affiche un optimisme mesuré. « On a vu le sommet de la butte, mais pour redescendre cette butte jusqu’à la cible des banques centrales, qui est de 1 % à 3 %, il y a encore beaucoup de travail. »

Il voit cependant dans les résultats américains plusieurs signes encourageants pour l’économie canadienne. La diminution, au début du mois, du prix de l’essence et de celui des automobiles, dans le neuf et dans l’occasion, est une bonne chose selon lui, « car ce sont les facteurs qui ont poussé l’inflation à ralentir entre juin et juillet aux États-Unis ». Il y voit également la preuve de l’amélioration du fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement dans plusieurs secteurs.

Cette tendance à la baisse de l’inflation devrait se poursuivre à plus long terme, estime l’expert, qui table sur un retour à la cible fixée par les banques centrales d’ici la fin 2023, voire le début 2024.

DES RISQUES POUR L’INFLATION

Certains risques pourraient toutefois compromettre la réduction de l’inflation, notamment des enjeux dans les chaînes d’approvisionnement et la hausse des salaires qui fait grimper le coût du travail aux États-Unis, en particulier dans le secteur des services (restauration et hébergement).

En ce qui concerne le marché du travail, la perte de 31 000 emplois au pays selon les données de juillet de Statistique Canada ne devrait pas trahir un ralentissement de l’économie canadienne, selon l’expert.

« Le Canada a affiché une longueur d’avance sur les autres pays développés en matière d’emploi durant la crise de la pandémie. On a retrouvé le niveau d’emploi pré-COVID en novembre 2021 alors que les États-Unis l’on retrouvé en juillet seulement », illustre-t-il.

Dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre, certaines entreprises avaient peut-être embauché plus de personnel que nécessaire afin de disposer de ressources, avance-t-il, ajoutant que les emplois perdus ont surtout été des emplois à temps partiels et temporaires, délestés dans le cadre d’un phénomène de rééquilibrage.

FREINER LA HAUSSE DES SALAIRES

Un des principaux risques est que l’augmentation des salaires, qui a atteint 5,2 % sur 12 mois en juillet au Canada, relance la spirale inflationniste, indique Sébastien MacMahon.

« Il faut s’attendre à ce que la croissance des salaires reste vigoureuse en raison de la pénurie de main-d’œuvre. C’est l’aspect principal que les banques centrales vont regarder pour éviter une spirale inflationniste. On espère qu’il y aura un ralentissement du rythme de croissance, mais la tendance montre que les augmentations des salaires et la pénurie de main-d’œuvre sont là pour rester encore un moment. »