La dette des ménages reste stable… et très élevée

Par La rédaction | 19 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Si le taux d’endettement des ménages au pays est demeuré stable au quatrième trimestre de 2017, il continue néanmoins à être « très élevé », selon Desjardins.

Dans une note publiée jeudi, Benoit P. Durocher indique que la dette des ménages sur le marché du crédit a progressé de 1,1 % sur les trois derniers mois de l’année écoulée mais que, dans le même temps, leur revenu disponible a connu une progression similaire (+1,2 %). Résultat : le poids de la dette pesant sur les épaules des consommateurs au pays est resté pratiquement inchangé durant cette période, explique l’économiste principal du Mouvement.

Toujours au quatrième trimestre, le ratio de la dette sur le marché du crédit en proportion du revenu disponible s’est élevé à 170,4 %, soit un niveau légèrement plus faible que le sommet historique de 170,5 % enregistré au trimestre précédent.

PEUT-ÊTRE UNE AMÉLIORATION EN 2018

On ne constate donc pas de véritable amélioration concernant l’endettement élevé des ménages, souligne Benoit P. Durocher. Ce dernier estime cependant que les choses pourraient « commencer à changer graduellement » dès ce début d‘année. En effet, relève-t-il, « le marché de l’habitation réagit fortement depuis janvier aux nouvelles mesures restrictives du Bureau du surintendant des institutions financières, ce qui se traduit par une croissance moins rapide du crédit hypothécaire ».

En outre, poursuit l’économiste, la remontée progressive des taux d’intérêt commence à se faire sentir. Selon ses estimations, le taux moyen d’intérêt sur la dette des ménages est ainsi passé de 3,9 % à la fin de 2016 à 4,06 % à la fin de l’année dernière. Les paiements d’intérêt par rapport au revenu disponible sont ainsi passés de 6,28 % à 6,55 % en l’espace d’un an. Benoit P. Durocher ajoute qu’en tenant compte du remboursement de capital, le service total de la dette est resté stable durant le dernier trimestre de 2017, pour s’établir à 13,8 %.

Sa conclusion? « La présence de mesures restrictives, combinée à la hausse des taux d’intérêt, devrait se traduire par une certaine amélioration de l’endettement des Canadiens en 2018. (…) Il faudra néanmoins surveiller de près la réaction des ménages, qui pourraient se montrer très sensibles aux hausses de taux. Cela prône un resserrement très graduel de la politique monétaire au pays. »

Comment savoir si la dette des ménages est trop élevée?

Le gouvernement fédéral reconnaît qu’il n’existe aucune façon de savoir si le fardeau des dettes pèse trop sur les épaules des ménages canadiens, rapporte La Presse canadienne. Une récente étude interne rédigée pour le compte du ministre des Finances Bill Morneau, que l’agence de presse a pu consulter grâce à la Loi sur l’accès à l’information, souligne en effet qu’il n’existe aucun outil pour déterminer précisément à partir de quel moment le ratio d’endettement atteint un seuil trop élevé.

Le rapport remis à Bill Morneau relève également l’existence de « conséquences réellement négatives » pour une économie si ce ratio est trop élevé ou trop bas. D’après ce document, une dette élevée risque de provoquer des « récessions plus profondes et plus longues », tandis qu’une dette trop faible peut faire descendre le taux de propriété à un niveau trop bas. Selon son (ou ses) auteur(s), l’approche graduelle qu’adoptera vraisemblablement la Banque du Canada pourrait permettre à l’économie d’absorber sans grands heurts ces hausses.

La rédaction