La Fed pourrait baisser ses taux dès juillet

Par La rédaction | 25 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Andriy Popov / 123RF

Les marchés « sont rassurés » par le signal envoyé la semaine dernière par la Réserve fédérale (Fed), estiment des analystes du Mouvement Desjardins.

Dans une note de conjoncture publiée vendredi, Benoit P. Durocher rappelle que la Fed a gardé inchangé (dans une fourchette comprise entre 2,25 % et 2,50 %) le taux d’intérêt cible des fonds fédéraux américains. L’économiste principal au sein de l’institution financière ajoute cependant qu’elle en a profité pour signaler que les incertitudes envers ses anticipations avaient augmenté.

« Ces incertitudes et la faiblesse des pressions inflationnistes font que la Fed suivra de près la conjoncture économique et agira de façon appropriée afin de soutenir l’expansion », écrit Benoit P. Durocher.

Si la plupart des prévisions concernant les taux directeurs à la fin de 2019 ne signalent pas de changement d’ici là, « il y a tout de même huit dirigeants qui voient au moins une baisse, dont sept qui en voient deux », relève l’économiste. Selon lui, « l’équilibre est donc précaire et il suffirait de peu pour tirer le tout vers le bas ».

VERS UN ASSOUPLISSEMENT MONÉTAIRE

De leur côté, Hendrix Vachon et Carine Bergevin-Chammah constatent que les tensions entre la Chine et les États-Unis semblent s’apaiser alors que des négociations ont été annoncées pour ces prochains jours. Respectivement économiste principal et économiste chez Desjardins, ils notent que les marchés ont aussi « bien accueilli » les récents propos du président de la Banque centrale européenne.

La semaine dernière, Mario Draghi avait notamment affirmé que la politique monétaire du Vieux Continent pourrait être assouplie si la situation économique empirait.

Mais les deux analystes notent que les marchés ont surtout tiré profit du changement de ton amorcé mercredi par la Fed. À l’issue de sa rencontre de politique monétaire, celle-ci avait en effet indiqué que ses taux directeurs pourraient être abaissés prochainement. Résultat, les investisseurs semblent maintenant davantage convaincus du début, dès le mois prochain, d’un cycle d’assouplissement monétaire aux États-Unis. Et cette conviction a eu pour effet de « grandement limiter les effets négatifs des nouvelles incertitudes sur les écarts de crédit et sur les places boursières ».

Ce faisant, la Fed se retrouve ainsi dans une position difficile, ajoute Desjardins. En effet, « si elle ferme la porte à un assouplissement monétaire, elle risque d’entraîner une importante correction sur les marchés financiers, amplifiant les risques baissiers sur ses scénarios économiques ». Ce qui risque également d’« augmenter les pressions baissières sur les anticipations inflationnistes », alors que l’institution fédérale les juge déjà trop faibles.

DEUX BAISSES DES TAUX DE 0,25 % AUX ÉTATS-UNIS

Dans ces conditions, les analystes du Mouvement disent anticiper de la part de la Fed deux baisses de 0,25 % des taux directeurs aux États-Unis, en juillet et en septembre, « ce qui aiderait les taux obligataires à se maintenir près des creux actuels ». Des gestes principalement destinés, selon eux, « à répondre à la pression des marchés et à réaffirmer sa détermination à maintenir les anticipations d’inflation près de la cible de 2 % ».

Notant que la situation « est bien différente du côté canadien », les économistes de Desjardins croient que les dernières données sur le marché du travail et sur les prix « ne justifieraient en rien » une baisse des taux directeurs de ce côté-ci de la frontière. Ils jugent donc qu’« il serait surprenant que la Banque du Canada imite la Fed, surtout que le resserrement monétaire est moins avancé au pays ».

« Nous continuons de miser sur un long statu quo des taux directeurs canadiens alors que le scénario d’une faiblesse temporaire de l’économie suivie d’un rebond semble se confirmer mais que les risques internationaux ont augmenté », concluent les analystes.

La rédaction