La Fed se lance dans l’introspection

Par La rédaction | 16 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Réserve fédérale américaine
Photo : Mesut Dogan / 123RF

La Réserve fédérale américaine lance une vaste étude de sa politique monétaire, de ses objectifs et de sa communication auprès du grand public, dont la synthèse devrait paraître au second trimestre, peut-on lire dans le quotidien économique français Les Echos.

Est-ce à force de se sentir incomprise par Donald Trump, qui en a fait l’une de ses innombrables têtes de Turc, que la Fed a pris le parti de faire preuve d’ouverture? Les interventions répétées du président contre la politique monétaire d’une banque centrale par ailleurs jalouse de son indépendance a en effet mis cette dernière sous pression. En octobre dernier encore, Donald Trump accusait la Fed d’être « virée folle » parce qu’elle continuait de remonter ses taux d’intérêt…

DOUBLE MANDAT

Depuis 1977, le rôle de la Fed aux États-Unis est de stabiliser les prix et l’emploi. Un double mandat qu’elle a acquis progressivement puisqu’elle ne devait au départ, en 1913, que stabiliser l’économie et la finance du pays. En 1946, le Congrès adopte une loi qui fera du gouvernement le garant de l’emploi, de la production et du pouvoir d’achat. Ce rôle sera reporté en partie sur la Réserve fédérale à la suite des chocs pétroliers des années 1970, qui ont fait grimper l’inflation et le chômage. 

Le problème est que la Fed, le gouvernement, Wall Street et le public américain ne s’entendent pas toujours sur la partie du double mandat (les prix ou l’emploi) qu’il convient de favoriser. Un peu comme au Québec, où certains croient que la Caisse de dépôt et placement devrait privilégier les meilleurs rendements alors que d’autres souhaiteraient la voir intervenir davantage dans l’économie québécoise et protéger nos sièges sociaux.

En 2011, la Fed de Saint-Louis soulignait que les Américains semblaient davantage préoccupés par le chômage que l’inflation. Une situation qui a évolué à mesure que l’économie et l’emploi prenaient du mieux. 

Ainsi, lorsque le président s’en prend à la Fed, l’accusant de mener une politique monétaire qui nuit à l’économie américaine, il trouve un écho dans la population, qui voit souvent en la Fed une organisation hermétique, plus à l’écoute des besoins de Wall Street que de ceux de Main Street. 

PROBLÈME D’IMAGE

C’est en partie pour combattre ce problème d’image que la Fed lance cette vaste révision de sa stratégie, de ses outils et de sa communication en matière de politique monétaire. Elle organisera en 2019 des conférences et tables rondes dans tout le pays afin de recueillir les réflexions et propositions d’une grande diversité d’acteurs tels les citoyens, entreprises et syndicats. 

Une synthèse des informations et propositions générées par ces rencontres paraîtra au deuxième trimestre de 2019. Reste à voir si elles se traduiront aussi par des changements majeurs.

Comme le rappellent Les Echos, la Fed s’efforce depuis plusieurs années de paraître plus transparente, multipliant les conférences de presse, les publications de prévisions de taux d’intérêt, de la croissance et de l’inflation, etc. Elle se livre régulièrement au Wall Street Journal et publie même, après un certain délai, le procès-verbal de ses réunions. 

Que de chemin parcouru depuis 1994! Avant cette année-là, les décisions de la Fed ne faisaient même pas l’objet d’un simple communiqué. C’est au début de ce siècle que la communication est devenue un outil de la Réserve fédérale pour aider à guider les anticipations du marché, des entreprises et des citoyens. Depuis l’élection de Donald Trump, la présence médiatique de la Fed est devenue nécessaire pour expliquer ses décisions et faire contrepoids aux critiques de la Maison-Blanche.

La Fed peut-elle communiquer davantage? Doit-elle le faire? La réponse en 2019…

La rédaction