La Fed s’inquiète de l’état de l’économie

Par La rédaction | 3 Décembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Réserve fédérale américaine
Photo : Mesut Dogan / 123RF

La Réserve fédérale américaine (Fed) s’inquiète de certains risques économiques émergents, rapporte advisor.ca. Au point de ralentir la cadence de la remontée des taux?

Il semble clair que la Fed remontera encore une fois ses taux en décembre, elle qui l’a déjà fait trois fois cette année. Toutefois, le compte-rendu des discussions des 7 et 8 novembre derniers montre que sa résolution pour les prochains mois n’est pas sans faille, face à l’émergence de certains risques.

Si le marché de l’emploi et l’inflation rencontrent ou dépassent les attentes, la Fed ira certainement de l’avant avec sa prochaine hausse des taux. Mais les discussions entre les officiers de la Réserve fédérale laissent entrevoir quelques inquiétudes.

TARIFS ET CHUTE DES ACTIONS

La politique de guerre commerciale de Donald Trump s’incarne dans la levée de tarifs douaniers sur les importations provenant de la Chine et d’autres pays. Ceux-ci suscitent l’instauration de tarifs dans de nombreux pays sur l’importation de produits américains.

Tout cela fait grimper les coûts d’approvisionnement, notamment pour les entreprises qui utilisent beaucoup d’acier et d’aluminium. La guerre commerciale affecte aussi l’agriculture.

La Fed s’alarme également d’un ralentissement de l’économie mondiale et de la chute de la valeur des actions. Repris par le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’un discours le 28 novembre, ces propos ont fait grimper le marché des actions, les investisseurs y voyant le signe que la banque centrale allait ralentir la cadence de la remontée des taux, renonçant à son rythme d’une hausse environ par trimestre. Jusqu’à tout récemment, la Fed envoyait le signal qu’elle procéderait à au moins trois hausse en 2019.

LA COLÈRE DU PRÉSIDENT

La remontée des taux, on le sait, irrite au plus haut point le président américain. Encore récemment, Donald Trump confiait au Washington Post qu’il n’aimait pas l’appui de Jerome Powell à de nouvelles hausses des taux. Il a avoué qu’il n’était pas du tout heureux, en rétrospective, d’avoir choisi M. Powell pour ce poste. Le président a même blâmé directement la Fed pour la chute du marché boursier depuis deux mois et pour les fermetures d’usines de GM. Il s’inquiète de voir l’effet de ses coupes d’impôt aux entreprises annulées par la remontée des taux.

L’ancien vice-président de la Fed, Donald Kohn, soutient que la Réserve fait exactement ce qu’elle doit faire, soit prévenir une surchauffe de l’économie américaine. De son côté, Brad DeLong, professeur d’économie à l’Université de Californie à Berkeley, soutient que la Fed répond à des conditions économiques créées par des initiatives et décisions du président américain, comme son programme fiscal.

On peut toutefois douter que des arguments théoriques ou basés sur des données probantes ébranlent les convictions de Donald Trump. Dans la même entrevue du Washington Post, M. Trump a insisté pour dire qu’il ne croyait pas que le changement climatique résultait des actions humaines et qu’il rejetait le consensus scientifique à cet égard.

Il a également remis en question la conclusion de la CIA qui soutient que le prince saoudien Mohammed ben Salmane a bel et bien ordonné la mise à mort du journaliste Jamal Khashoggi, conclusion pourtant basée sur des communications bien réelles interceptées par l’agence et sur la surveillance menée à l’intérieur même du consulat saoudien en Turquie où a eu lieu le meurtre.

De son côté, la Fed, jalouse de son indépendance, a toujours soutenu que les attaques répétées du président n’auraient aucun effet sur ses décisions.

Dans ce contexte de tension, l’actualité entourant la Réserve fédérale américaine ces derniers temps n’a rien à envier à House of Cards…

La rédaction