La guerre commerciale revient sur les radars

Par La rédaction | 27 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Photo : 123RF

La nouvelle augmentation des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine pourrait nuire à l’économie mondiale, écrit le Mouvement Desjardins dans une récente note économique. 

Desjardins soutient que l’escalade protectionniste hausse le risque d’un revirement plus rapide, mais aussi plus grave de la conjoncture économique. Ce facteur s’ajoute à un certain ralentissement de la croissance chinoise prévue en 2019-2020, aux incertitudes entourant le Brexit, aux déséquilibres financiers qui persistent en Europe et dans des économies émergentes, y compris la Chine et aux politiques de Donald Trump, notamment quant à ses pressions sur la Réserve fédérale américaine. 

LE CONFLIT S’ÉTIRE

C’est d’ailleurs la rivalité entre les États-Unis et la Chine qui semble susciter le plus de craintes chez les investisseurs. Alors qu’au départ plusieurs croyaient qu’il était de l’intérêt des deux parties de régler ce conflit rapidement, la perspective que ce dernier soit plus long et plus intense que prévu fait peur.

« Jusqu’ici les investisseurs considéraient que Donald Trump n’avait pas intérêt à affaiblir la croissance dans la perspective des élections de 2020 et que la Chine, déjà en phase d’atterrissage économique, n’aurait pas envie d’alourdir celui-ci ni de se trouver contrainte d’injecter de nouvelles liquidités susceptibles d’aggraver les déséquilibres internes », rappelle dans Les Echos Olivier Raingeard, directeur des investissements à Neuflize OBC. 

Dans Le Devoir, Art Hogan, de la société d’investissement National, juge que « le risque est que les deux parties restent campées dans leur entêtement et que les tensions commerciales se prolongent au-delà de 2019. » Même le FMI rappelait jeudi que le bras de fer entre le géant oriental et son rival occidental risquait de compromettre le rebond économique mondial espéré pour le second trimestre de 2019.

AVERSION AU RISQUE

En conséquence, les investisseurs se détournent des actifs sensibles aux ralentissements économiques, comme les actions. Les obligations souveraines et l’or retrouvent la cote. Jeudi dernier, les Bourses mondiales ont accusé le coup de ce virage. L’EuroStoxx 50 a baissé de 1,76 %. Les principales Bourses européennes (Paris, Francfort, Milan, Londres) ont accusé un recul similaire. Aux États-Unis, le Dow Jones et le Nasdaq ont aussi subi des pertes. 

Les intérêts dits « vendeurs » sur le SPDR, le plus gros fonds indiciels du marché américain (il reproduit l’évolution de l’indice S & P 500) sont montés à un niveau alarmant. À sept pour cent, ils sont au plus haut depuis 2015, juste avant le début de la correction boursière créée par le changement d’orientation de la politique monétaire américaine, rapportent Les Echos.

Le quotidien économique français souligne aussi la chute des rendements obligataires, en raison du peu de goût des investisseurs pour le risque. Aux États-Unis, le taux des bons du Trésor à 10 ans était en baisse de sept points de base à 2,31 % en séance, son plus bas niveau depuis fin 2017. En Europe, le rendement du Bund (obligations de l’État allemand) à 10 ans est, lui, revenu à son niveau de septembre 2016, à -0,12 %.

Pour ajouter à l’inquiétude, les courbes américaines des taux d’intérêt se sont inversées, le taux pour les obligations sur dix ans (2,31 %) passant sous celui du taux pour les obligations sur trois mois (2,36 %). Idem pour le taux des obligations sur deux ans (2,14 %), maintenant plus élevé que celui des obligations de cinq ans (2,10 %). Or, ce type d’inversion de la courbe des taux est généralement un signe précurseur de récession.

S’ABRITER EN INDE

Ceux qui cherchent un havre pour se mettre à l’abri des incertitudes des marchés mondiaux pourraient bien regarder vers l’Inde, croient Les Echos. Le BJP, le parti du Premier ministre sortant Narendra Modi, vient d’y gagner largement les élections, récoltant plus de 300 des 543 sièges, ce qui lui assure la majorité absolue au parlement. Une rareté dans ce pays où les partis politiques sont innombrables et où l’on gouverne généralement avec de grandes coalitions.

Lorsque les sondages de sortie des urnes ont laissé poindre ce résultat, la Bourse de Bombay a bondi de 3,75 %, alors même que la Bourse chinoise perdait près de 1 % en raison de l’affaire Huawei. Lorsque les résultats ont été officiellement connus jeudi, elle a franchi un record, l’indice Sensex passant brièvement la barre de 40 000 points qu’il n’avait jamais atteinte, indique le quotidien belge L’Echo.

Même avant la semaine électorale, la Bourse indienne affichait une performance intéressante. L’indice MSCI India a offert un rendement de 3,9 % entre le 31 mars 2018 et le 31 mars 2019. Pendant la même période, le MSCI Emerging Markets baissait de 9,5 %. Selon Bruno Vanier, cofondateur et président de Gemway Assets, l’économie indienne « très axée sur les produits pharmaceutiques et les services informatiques, est plus nationale et moins dépendante du commerce mondial ».

De quoi attiser l’intérêt des investisseurs inquiets des soubresauts géopolitiques un peu trop prononcés qui agitent jusqu’à maintenant l’année en cours.

La rédaction