La nouvelle dirigeante du FMI s’en prend à Donald Trump

Par La rédaction | 9 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Gage Skidmore / 123RF

La nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, n’a pas mis longtemps avant d’afficher ses couleurs. À peine entrée en fonction, elle a accusé Donald Trump de saboter l’économie mondiale.

« L’économie de la Suisse tout entière, ou environ 700 milliards de dollars. Voilà ce que pourrait coûter la guerre commerciale menée par Donald Trump à la croissance mondiale », a-t-elle déclaré mardi.

Le FMI s’attend à ce que la croissance tombe cette année à son plus bas niveau depuis le début de la décennie, relate l’AFP. Le produit intérieur brut mondial pourrait être amputé d’environ 0,8 % d’ici 2020, contre 0,5 % estimé en juillet. Une telle baisse représente à elle seule la taille de l’économie suisse. La guerre commerciale contre la Chine initiée par Washington a « considérablement affecté l’ensemble du commerce international », a déploré Mme Georgieva.

La dirigeante a même repris le célèbre slogan « Yes, we can! » de l’ancien président Barack Obama en invitant les États à s’engager sur la voie de la collaboration. « Nous devons agir. Je suis persuadée que, si nous coopérons tous ensemble, nous pouvons avoir un monde meilleur pour tous », a-t-elle affirmé.

La confiance des investisseurs n’est pas prête de se rétablir, alors que le gouvernement de Donald Trump menace aussi d’instaurer des droits de douanes à d’autres de ses partenaires commerciaux, dont l’Union européenne.

LA DANGEREUSE DETTE DES ENTREPRISES

En 2019, le FMI s’attend à une croissance plus lente dans près de 90 % du monde, ce qui constitue un « ralentissement synchronisé ». En juillet, l’organisme projetait une expansion de l’économie mondiale de 3,2 % pour 2019. De nouvelles prévisions révisées à la baisse seront toutefois publiés le 15 octobre.

Il faut tout de même mentionner que les tensions commerciales n’expliquent pas à elles seules le ralentissement économique mondial. Le Brexit et le fort endettement des entreprises constituent également des menaces majeures.

« Si un ralentissement majeur se produisait, la dette des entreprises exposées au risque de défaut de paiement augmenterait à 19 000 milliards de dollars, soit près de 40 % de la dette totale dans huit économies majeures : l’Allemagne, la Chine, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni », souligne Mme Georgieva. Il s’agit d’un niveau supérieur à celui enregistré lors de la crise financière de 2008.

LE MONDE IMAGINAIRE DE TRUMP

L’économiste américain Jeffrey Sachs a lui aussi vertement critiqué Donald Trump, l’accusant de vivre dans un « monde imaginaire ». Il appelle l’OMC à sauver le système commercial international des attaques des États-Unis visant à isoler la Chine.

« Le système commercial est sous tension actuellement pour une raison fondamentale, et c’est lié à mon pays, les États-Unis », a déclaré M. Sachs, à l’ouverture du Forum public de l’Organisation mondiale du commerce.

Dans des propos très durs à l’endroit de l’administration Trump, Jeffrey Sachs a soutenu que « les illusions de la politique étrangère américaine » avaient mené à une tentative délibérée de démanteler le système commercial mondial. Il a invité les dirigeants qui soutiennent le système commercial, soit ceux de la plupart des pays, à ne pas se laisser distraire par le monde imaginaire dans lequel vit le président américain.

La rédaction