La PCU disponible pour huit semaines de plus

Par La Presse Canadienne | 17 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Argent canadien
photo : alexsl / istockphoto

La Prestation canadienne d’urgence (PCU) sera disponible pour deux mois de plus.

Le premier ministre Justin Trudeau en a fait l’annonce mardi matin.

« Certains secteurs vont rebondir plus rapidement que d’autres. Beaucoup de gens vont trouver du travail, mais ce ne sera pas tout le monde », a dit M. Trudeau pour justifier sa décision.

« Ça veut dire que si vous touchez la PCU et que vous ne pouvez pas retourner travailler, parce que vous n’arrivez pas à trouver du travail ou que ce n’est pas possible en ce moment, vous allez continuer de recevoir votre 2000 $ par mois », a-t-il détaillé.

DES MODIFICATIONS

Certains changements vont être apportés au programme par règlement, le projet de loi C-17 n’ayant pu être adopté la semaine dernière.

« À l’intérieur du projet de loi, il y avait un renforcement de l’attestation qui obligeait les gens à vraiment chercher du travail. […] Puisque ça n’a pas passé, il a fallu qu’on choisisse d’autres façons pour encourager les gens à chercher du travail », a dit M. Trudeau.

Le projet de loi C-17 aurait rendu la PCU inaccessible à quiconque refusait une offre « raisonnable » de retour au travail ou de nouvel emploi.

Au bureau de la ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough, on dit que la nouvelle déclaration exigée des travailleurs demandant la PCU « ne sera pas un copié-collé » des articles de C-17, mais on a voulu utiliser « le même ton ».

Ce nouveau ton sera appliqué dès le 5 juillet pour les prochaines périodes de PCU.

La ministre, elle, a précisé qu’on retrouvera le terme « raisonnable ». Selon elle, ce nouveau vocabulaire convaincra les demandeurs de la PCU de chercher du travail « activement ».

« Nous allons avoir du vocabulaire plus fort dans l’attestation qui encourage les travailleurs à chercher du travail et à l’accepter lorsqu’il est raisonnable. Même que nous nous attendons à ce qu’ils fassent ça », a souligné la ministre lors de la conférence de presse qui a suivi celle de M. Trudeau.

Le gouvernement fédéral dirigera aussi les travailleurs vers le Guichet-Emplois, le service national de placement du Canada.

ACCUEIL MITIGÉ AU QUÉBEC

En après-midi, le premier ministre québécois François Legault réitérait sa tiédeur face à la PCU. « Faut pas que cette prestation-là soit le contraire d’un incitatif pour aller travailler », a-t-il déclaré.

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) attendait avec appréhension les détails de la prolongation de la PCU. Il a tout de même publié une première réaction à l’annonce du gouvernement fédéral, dès la sortie de M. Trudeau.

« En prolongeant la PCU, on donne un second souffle, mais un souffle bien court, aux travailleurs et travailleuses sans emploi et sans accès à l’assurance emploi. C’est peu, même si cela aidera nombre de travailleurs et travailleuses à passer les deux prochains mois », a indiqué Pierre Céré, porte-parole du CNC.

Les chambres de commerce du Québec, elles, jouent dans un registre plutôt accordé au discours de M. Legault.

La fédération qui les représente « déplore […] que les modalités du programme n’aient pas été adaptées au contexte de la relance économique ».

« Le gouvernement n’a plus l’excuse de l’urgence d’agir pour ne pas corriger ces lacunes », a déclaré Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, dans un communiqué publié mardi après-midi.

« Nous demandons au gouvernement de revoir rapidement la PCU et de mettre en place une diminution progressive des prestations en fonction du salaire, basée sur le modèle de l’assurance emploi », a ajouté M. Milliard.

À Ottawa, les bloquistes ont continué à réclamer des changements semblables.

« Dans sa forme actuelle, la PCU n’est pas très efficace pour favoriser le retour au travail parce qu’elle crée une espèce de barrière », a répété leur chef Yves-François Blanchet, lors d’un point de presse en matinée.

Le Bloc québécois propose qu’après les premiers 1000 $ gagnés, la moitié des gains d’emploi soient comptabilisés et la PCU ajustée en fonction de ce calcul.

Les néo-démocrates voulaient une prolongation de la mesure et présentaient leur demande comme une condition pour leur appui à un vote de confiance sur les subsides, mercredi, aux Communes.

LA FACTURE ET LA FRAUDE

Sans pouvoir donner un prix à la prolongation de deux mois de la PCU, la ministre Qualtrough a déclaré que lorsque la mesure était utilisée par environ 8 millions de Canadiens, elle coûtait 17 G$ par mois. Ils sont maintenant 1,2 million de moins à y avoir recours.

Au début de juin, la facture avait atteint 44 G$, a-t-elle précisé.

Pour ce qui est de l’intention du gouvernement d’imposer amendes et peines de prison à ceux qui fraudent la PCU, Mme Qualtrough dit qu’en l’absence de l’adoption du projet de loi C-17, elle n’a pas de « mécanisme légal » pour ce faire. Tout de même, elle assure que les contrevenants seront débusqués et que l’argent sera récupéré.

« La semaine dernière, il y avait une urgence de lutter contre la fraude […]. Où est passée l’urgence de réformer [la PCU]? », a lancé M. Blanchet en direction de M. Trudeau, aux Communes, mardi après-midi.

Le chef bloquiste a reproché au premier ministre de ne pas reprendre les négociations avec les partis d’opposition pour adopter C-17, qui doit aussi offrir une aide financière aux personnes handicapées.

La rédaction vous recommande :

La Presse Canadienne