La récession frappera plus le Canada que les États-Unis

Par La rédaction | 30 mars 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : alexsl / istockphoto

La récession qui menace en raison de la pandémie de coronavirus a toutes les chances d’être nettement plus sévère au pays qu’aux États-Unis, rapporte La Presse.

À l’appui de cette sombre prévision, le quotidien montréalais cite une récente note prospective du fonds obligataire Pimco (Pacific Investment Management Company), basé à Newport Beach, en Californie. Dans ce document destiné à sa clientèle d’investisseurs institutionnels, le géant américain, qui gère aujourd’hui quelque 2 000 milliards de dollars, se montre en effet pessimiste quant à la suite des événements de ce côté-ci de la frontière.

« Après les baisses de taux d’intérêt cumulés (1 %) et les efforts de stabilisation des marchés monétaires et obligataires par la Banque du Canada, le parlement canadien vient d’adopter un plan de mesures d’aide financière d’urgence estimé à 82 milliards au cours des prochaines semaines, dont 27 milliards pour soutenir directement les travailleurs et les entreprises, ainsi que 55 milliards en charges fiscales reportées », indiquent notamment les analystes de Pimco.

BAISSE DU PRIX DU PÉTROLE ET SURENDETTEMENT

Or, insistent-ils, malgré son ampleur, ce plan de soutien financier, monétaire et fiscal risque fort d’être insuffisant pour enrayer le début de récession qui menace le Canada. Selon eux, deux grands facteurs mettent aujourd’hui l’économie nationale en péril. En premier lieu, celle-ci serait particulièrement « vulnérable » aux contractions du produit intérieur brut (PIB) mondial et à l’effondrement des prix du pétrole, qui risque de durer un certain temps. Les analystes relèvent que le secteur pétrolier compte en effet pour près de 8 % du PIB canadien, contre seulement 3 % aux États-Unis. Quant à l’impact d’une brutale récession de l’économie mondiale, ils notent que les exportations de biens et services représentent plus du tiers (36 %) du PIB canadien, soit trois fois plus que chez nos voisins du Sud (11 %).

Ensuite, signale Pimco, le niveau de surendettement des ménages au Canada était « plus élevé » que celui enregistré aux États-Unis avant même que ne survienne la crise actuelle et la mise au chômage, total ou partiel, de plusieurs centaines de milliers de travailleurs d’un océan à l’autre. Concrètement, le taux d’endettement des familles canadiennes atteint aujourd’hui 100 % du PIB national (+30 % environ par rapport à 2010), contre « seulement » 75 % de l’autre côté de la frontière (-10 % par rapport à il y a 10 ans).

Dans ces conditions, estime Pimco, « les autorités fiscales, financières et monétaires devront probablement faire davantage en matière de soutien direct aux entreprises et aux ménages pendant cette période de grandes perturbations s’ils veulent éviter des faillites généralisées ». Et ce, malgré le fait que le Canada possède « un solide filet de protection sociale ». À ce chapitre, les analystes du géant obligataire américain prévoient notamment qu’Ottawa pourrait se voir contraint de doubler son plan de soutien aux particuliers et aux entreprises, qui pourrait ainsi passer de 80 à 160 milliards de dollars.

Enfin, Pimco entrevoit la possibilité que la Banque du Canada soit obligée d’abaisser ses taux d’intérêt à zéro, en plus de devoir « intervenir davantage pour soutenir les marchés du crédit, incluant celui des obligations gouvernementales ».

La rédaction