La reprise pourrait être lente et complexe

Par La rédaction | 17 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Il est difficile de prédire l’impact à moyen terme de la pandémie de COVID-19 sur l’économie canadienne. Dans un article de Morningstar, James Thai, directeur et gestionnaire de portefeuille à BMO gestion mondiale d’actifs, soutient toutefois que la relance pourrait s’étirer en longueur et qu’elle posera quelques défis aux investisseurs.

« Nous n’avions jamais vu un environnement où l’économie s’arrête complètement en moins de quatre semaines », note-t-il. Il ne prévoit pas que l’on revienne avant la fin de l’année au point où nous étions lorsqu’elle a commencée.

Il s’attend par ailleurs à une volatilité assez importante lorsque les entreprises dévoileront leurs résultats du deuxième trimestre. Les investisseurs pourront alors prendre la pleine mesure de l’impact de la récession sur ces sociétés. « Les chiffres ne seront pas bons, ça c’est sûr », ajoute le gestionnaire.

Dans la seule semaine du 16 mars, près d’un million de Canadiens ont déposé une demande d’assurance-emploi. Le record précédent était de 300 000 et datait de la crise de 2008. Cela donne une idée de l’ampleur de la situation. La rapidité et la sévérité de la correction boursière distingue aussi la crise actuelle de la plupart de celles qui l’ont précédée. 

LES BONS RÉFLEXES DE L’ÉTAT

S’il est difficile à ce stade de savoir si les mesures prises par les gouvernements seront suffisantes, on peut penser qu’elles empêcheront à tout le moins le pays de sombrer dans un longue dépression économique. Elles ne pourront toutefois éviter une récession.

James Thai se réjouit cependant de la célérité de la réaction gouvernementale. « S’il y a eu une bonne chose qui est sortie de la crise financière de 2008, c’est que les gouvernements ont appris à réagir rapidement et décisivement et à ne pas essayer de trop compliquer les choses », selon lui.

UN MARCHÉ ALLÉCHANT… MAIS DANGEREUX

Bien sûr, sur le marché des actions, les évaluations semblent aujourd’hui beaucoup plus attirantes pour un investisseur qui regarde à long terme. Les prix étaient très élevés depuis longtemps et rendaient les actions de certaines entreprises moins attrayantes. Déjà, plusieurs investisseurs ont recommencé à acheter en masse avant que les prix ne repartent à la hausse. Encore faut-il mettre la main sur les bons titres.

FAIRE LES BONS CHOIX

« La question maintenant est de savoir quelles compagnies pourront survivre aux prochains trimestres, prévient M. Thai. Il y aura des gagnants et des perdants suite à cette crise. »

Sans surprise, les entreprises très axées sur l’économie numérique pourraient s’en tirer mieux que celles qui ont besoin d’un lieu physique pour fonctionner, comme les cinémas et certains restaurants. 

Les entreprises des secteurs cycliques, comme les finances, l’énergie, les matières premières ou les sociétés qui dépendent des dépenses discrétionnaires des consommateurs pourraient souffrir. À l’inverse, les entreprises non cycliques ou défensives comme les télécommunications et les services publics pourraient avoir de bonnes performances. « Mais SI je me trompe complètement et que l’économie rebondit fortement dès cet été, alors certaines des entreprises cycliques pourraient sur-performer. Il y a tellement d’inconnues. C’est l’un des moments les plus difficiles pour faire des prévisions. »

UN NOUVEL ENVIRONNEMENT

L’élément critique sera donc de réussir à identifier les compagnies qui survivront à ce traumatisme. « Certains sociétés ne seront pas chères parce qu’elles n’auront pas de bons résultats à l’avenir, rappelle-t-il. C’est le gros défi du choix des actions présentement. »

En général, on peut investir en se fiant surtout sur les bases économiques d’une entreprise. Cependant, les changements macro-économiques sont présentement très importants. Les comportements des consommateurs, notamment, pourraient changer. Ils pourraient manger plus souvent à la maison et éviter les restaurants. Ils pourraient continuer de se faire livrer leur épicerie à leur domicile. 

Devant de telles incertitudes, les investisseurs auront besoin de faire preuve de prudence et d’astuce, pour bien distinguer les belles occasions des pièges dangereux.

Avec la collaboration de La Presse Canadienne

La rédaction