La richesse en perte de vitesse

Par La rédaction | 9 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Somsak Chidchawange / 123RF

À la suite de pertes sur les marchés boursiers et du ralentissement économique dans plusieurs régions, le nombre de millionnaires en dollars américains dans le monde a diminué l’an dernier, selon le dernier rapport sur la richesse mondiale de Capgemini.

Dans ce document, la société de conseil indique que, après sept années de croissance continue, la richesse des particuliers fortunés (possédant au moins un million de dollars américains d’actifs à investir) à travers le monde a reculé de 3 % en 2018, soit une perte de quelque 2 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

Malgré ce ralentissement, Capgemini souligne que « les sociétés de gestion du patrimoine sont parvenues à maintenir leurs niveaux de confiance et de satisfaction client tout au long de l’année ». Toutefois, ajoute la société, si elles veulent améliorer leur performance, « elles devront s’investir dans la relation client, en tirant parti de technologies nouvelle génération ».

LA CHINE CONCENTRE 25 % DES PERTES DE RICHESSE MONDIALES

L’un des principaux constats du rapport est que le nombre de personnes fortunées et leur richesse ont reculé de 0,3 % et 3 % respectivement sur la planète. L’Asie-Pacifique est la région la plus touchée par ce phénomène puisque, à elle seule, elle représente 1 000 milliards de dollars de pertes, avec une population de riches en diminution de 2 % et une richesse en recul de 5 %. La Chine concentre plus de la moitié (53 %) des pertes de la région et 25 % des pertes de richesse des particuliers les plus fortunés au niveau mondial.

La richesse a d’ailleurs régressé dans la vaste majorité des grandes aires géographiques : de 4 % en Amérique latine, 3 % en Europe et 1 % en Amérique du Nord. À noter qu’aux États-Unis, la population de riches a néanmoins légèrement augmenté (0,4 %) dans le même temps, tandis qu’au Canada, elle a en revanche diminué de 4 %. Le Moyen-Orient est la seule zone à avoir connu une croissance positive, aussi bien sur le plan de la richesse (4 %) que du nombre de particuliers fortunés (6 %), grâce à la croissance robuste de son produit intérieur brut et à la performance du marché financier. À noter que, comme l’an dernier, les marchés rassemblant le plus de riches (États-Unis, Japon, Allemagne et Chine) représentent 61 % du total mondial.

Le rapport de Capgemini montre également que, l’an dernier, le nombre de personnes très fortunées (c’est-à-dire les 1 % des particuliers fortunés les plus riches) a chuté de 4 %, et leur richesse de 6 % environ. Résultat : ils ont représenté à eux seuls 75 % de la perte totale au niveau mondial, tandis que les « millionnaires intermédiaires » (possédant entre cinq et 30 millions de dollars américains) ont constitué 20 % de cette baisse. De leur côté, les millionnaires de premier niveau (disposant d’un à cinq millions), qui représentent 90 % de la population des riches, ont été le segment le moins affecté en 2018 : leur richesse a diminué de moins de 0,5 %, ce qui démontre que le recul global de la richesse et du nombre de riches a principalement touché les plus fortunés, souligne Capgemini.

UN BON NIVEAU DE CONFIANCE ENVERS LES SOCIÉTÉS DE GESTION

L’étude révèle par ailleurs que, malgré ce déclin de la richesse, la confiance et la satisfaction des mieux nantis envers leurs sociétés de gestion du patrimoine, déjà très élevées, ont augmenté de 3 % au cours de l’année écoulée. On y découvre aussi que ces sociétés doivent cependant se montrer prêtes à « mieux répondre aux attentes toujours plus fortes de leurs clients ». En effet, note Capgemini, « la plupart des personnes fortunées ayant changé de prestataire en 2018 l’on fait à la suite d’une mauvaise expérience client ».

En parallèle, poursuit la société de conseil, les BigTechs (les sociétés technologiques leaders du traitement des données et extérieures aux services financiers, comme Google/Alphabet, Amazon, Alibaba, Apple et Facebook) devraient « fortement bouleverser le secteur ». En effet, leurs capacités numériques leur procurent un net avantage concurrentiel à l’heure où moins de la moitié des particuliers fortunés se disent satisfaits des plateformes mobiles et web proposées par leurs sociétés de gestion de patrimoine. À ce sujet, Capgemini rappelle que 85 % d’entre eux souhaitent plus d’interaction numérique lorsqu’ils accèdent à l’information de leur portefeuille et que beaucoup souhaiteraient aujourd’hui bénéficier d’offres plus personnalisées axées sur la génération de valeur.

« Malgré l’impact de la volatilité économique sur la richesse des particuliers fortunés en 2018, les sociétés de gestion du patrimoine sont parvenues à maintenir des niveaux de confiance client élevés. Mais leur succès futur dépendra de leur agilité à faire évoluer l’expérience client et à déployer des services personnalisés vecteurs de valeur ajoutée. Les technologies nouvelle génération ainsi qu’une réduction du décalage entre les attentes et les moyens les y aideront. Mais le secteur évolue à une telle vitesse que les entreprises ne doivent pas hésiter à repenser entièrement leurs stratégies et leurs modèles économiques si nécessaire », conclut Anirban Bose, directeur général des services financiers de Capgemini et membre du comité de direction générale du groupe.

La rédaction