La théorie monétaire moderne à la rescousse?

Par Mark Yamada | 19 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Ion Chiosea / 123RF

La réponse monétaire et fiscale à la pandémie de COVID-19 s’accompagne de coûts sans précédent, note Mark Yamada dans Advisor’s Edge. « L’expansion du bilan de la Banque du Canada – jusqu’à 543 G$ au début d’août – a été stupéfiante par rapport à sa réponse de 81,2 G$ en 2008-2009 », écrit-il.

Selon lui, la théorie monétaire moderne stipule que les pays émetteurs de devises peuvent dépenser n’importe quelle somme d’argent. Cette théorie serait incompatible avec les principes économiques traditionnels.

Les gouvernements peuvent émettre de l’argent pour financer toutes les obligations dans leur propre monnaie. Les dépenses budgétaires ou les initiatives de la banque centrale sont des entrées de bilan compensées par l’émission de dette et/ou l’augmentation des réserves. Les gouvernements remboursent les dettes en refinançant ou en émettant plus de devises.

L’implication est que les gouvernements ayant leur propre monnaie, comme le Canada, les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni, ne peuvent pas être contraints de faire défaut. Les gouvernements sans autorité d’émission de devises – y compris les membres de la zone euro tels l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, ainsi que les gouvernements régionaux du Canada et des États-Unis – ont un souci. Ces gouvernements doivent équilibrer leurs budgets, obtenir une aide fédérale ou demander à la banque centrale d’acheter leur dette.

En substance, la théorie monétaire moderne prétend qu’imprimer de l’argent pour utiliser efficacement les « ressources » disponibles n’est pas inflationniste et réalise plutôt le potentiel économique du pays.

Elle donne donc le feu vert aux dépenses budgétaires et rejette la nécessité d’équilibrer les budgets. Ses partisans promeuvent le plein emploi.

QUI PAIERA LA FACTURE?

Selon la pensée économique dominante, les dépenses déficitaires financées par l’émission d’obligations d’État créent un héritage de dette à payer pour les générations futures. Une nouvelle taxation serait  nécessaire pour financer et rembourser la dette, tandis que l’équilibre budgétaire maintiendrait les taux d’intérêt bas en favorisant la croissance.

Pour les partisans de la théorie monétaire moderne, les niveaux d’endettement importent moins que les flux de trésorerie pour les assurer. Les dépenses déficitaires continues n’ont pas entraîné de hausse des taux d’intérêt, d’inflation ou de réduction de la demande de dette non gouvernementale.

Les avoirs en obligations et bons du Trésor du gouvernement du Canada de la Banque du Canada représentent environ 15 % de toute la dette publique des dernières années. Selon la théorie monétaire moderne, non seulement il n’y a pas de conséquences sur ce montant de dette tant que les dépenses sont productives, mais les impôts et les excédents budgétaires retirent en fait des liquidités du système, font monter les taux d’intérêt et entravent la croissance.

Les rendements obligataires à 10 ans inférieurs à 1 % au Canada et aux États-Unis suggèrent une faible inflation attendue dans un avenir prévisible. Cela signifie que des dépenses massives pour soutenir l’économie pendant la pandémie et les mesures de relance ultérieures peuvent ne pas être aussi inflationnistes que prévu, et sont certainement plus souhaitables que de surcharger nos systèmes de santé avec un coronavirus.

Cet article a initialement été publié par Advisor’s Edge. Traduction et adaptation par Siham Lebiad.

Mark Yamada